Acyl - Algebra

Chronique CD album (50:42)

chronique Acyl - Algebra

Le premier album d’Orphaned Land, Sahara, fut autant une révélation qu’une révolution. Bordel, mêler des influences moyen-orientales à du bon gros death mélodique, c’était très fort. Et puis c’était tellement bien fait! Les années passant, cette inclusion d’épices et de sable chaud dans le metal joufflu s’est fait plus fréquente – sans devenir non plus un gimmick hein, mais en faisant un peu perdre de sa fraîcheur à la recette. Mais outre le parcours sans faux pas d'Orphaned Land qui continue de mener sa barque avec un talent sans cesse renouvelé, cela n’a pas empêché de bonnes choses d'émerger ci et là de cette "niche", notamment du côté des très bons Arkan. Et côté metal progressif, même bonne surprise: les amateurs du genre ont béni l’arrivée de Myrath et de BaK. Hamdoullah, cette branche ensoleillée de l’arbre metal pourrait donc bien contribuer à faire pousser celui-ci toujours plus vert, toujours plus haut et toujours plus chargé en fruits juteux!

 

OK OK, mais avant de s’emballer, d’où va venir la relève maintenant? C’est qu’il faut toujours plus de nouvelles têtes et de nouveaux sons pour faire perdurer un mouvement… C’est là que – suspense insoutenable, vous ne l'aviez pas vu venir hein? – arrive Acyl, avec en son sein 2 ex-Arkan et dans sa besace Algebra, un premier album dont le postulat est simple et efficace: respecter l’équation de base posée par les pionniers du genre, tout en en modifiant quelques variables à la marge, afin d’obtenir un résultat frais, enthousiasmant… Et doté d’un son gros comme ça, sorti de la couscoussière du bon génie Brett Calma Lima, qui ne fait décidément que de belles choses (Kalisia, Cynic) et semble à même d'exhaucer tous les vœux.

 

Bon, cessons d’être aussi sibyllin, et venons-en au fait: qu’est-ce qu’il a d’aussi excitant ce Algebra? Une simple écoute d’« Ungratefulness », le titre d’ouverture, vous mettra tout de suite au jus: ce morceau possède l’entrain des musiques tribales africaines, la force du metal et la saveur des terres arabes, le tout reposant sur un mélange du premier album d’Arkan, de ce qu’aurait dû être le Danhomè de Djabah… Et de l’accroche du « I Get Knocked Down » de Chumbawamba! Promis. Bordel, c’est excellent! Et même si la suite est un peu moins systématiquement « tribale », et prend souvent des faux airs de ce que peut également proposer le grand cousin israélien (mention spéciale au très bon « Barzakh »), il n’en reste pas moins qu’à intervalles réguliers, Acyl continue de parsemer  sa musique de chœurs enlevés (ne pensez pas opéra, pensez plutôt polyphonies), de percussions survoltées et d’un enthousiasme rarement pris en défaut. Tout cela aboutit à des « Ungratefulness », « Caldeira » et « Autonomy » fabuleux qui vous mettent du pétillant plein le moteur.

 

Outre cette approche singulière, Acyl propose également de ces moments langoureux, de ces pauses vaporeuses où la brise est chaude, le sol poussiéreux et l’air lourd, bref de ces ambiances certes plus "classiques" – au vu du genre pratiqué – mais qui permettent d’effectuer de superbes voyages (cf. « Back To Death »). Le ton peut alors parfois se faire plus sombre, le tempo plus traînant, mais le soleil algérien permet heureusement de tenir à distance les gris brouillards du doom et les noirs corbeaux du gothique.

 

N’empêche que bon, permettons-nous quand même un petit « ah, si seulement… ». Oui, parce qu’il reste un tout petit point noir qui m’empêche de jubiler sans retenue. Celui-ci tient dans la composante death de la musique du groupe. Ne vous méprenez pas: j’adore les rugosités de ce courant. Mais le death d’Acyl aurait plutôt tendance à être de l’école moderne, le growl n’est pas incroyablement profond… Et il faut bien avouer que si l’on ne devait garder que celui-ci, sans les fastes orientaux qui l’accompagnent, la soupe serait un peu terne… Le rêve absolu, ce serait que le groupe réussisse à nous proposer un 2e album dont la composante death serait aussi profonde et puissante que ses parties « world » sont accrocheuses et évocatrices, en gardant cette même capacité à mélanger les 2 avec brio.

 

M’enfin si vous ne devez retenir qu’une chose de cette chro', c’est que si vous avez dégusté avec délice les albums d’Orphaned Land et d’Arkan, vous pouvez vous lancer sans crainte à la poursuite d’Acyl au pays des merveilles metalorientales…

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: prenez le premier Arkan (sans le chant féminin), les derniers Orphaned Land et ajoutez la tribalité d’un Djabah qui aurait enfin trouvé sa voie, et vous obtenez le metal oriental le plus excitant depuis bien longtemps!

 

photo de Cglaume
le 18/05/2012

9 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 20/05/2012 à 12:31:58

C bon ça !!! Et ça va arrivé à la maison dans pas longtemps !!!

cglaume

cglaume le 21/05/2012 à 00:38:48

Tu fais bien !!

mcmetal

mcmetal le 21/04/2015 à 08:57:41

8,5 en fait!

cglaume

cglaume le 21/04/2015 à 09:38:36

Faut demander au patron qu'il ajoute les demi-points :D

Maldoror

Maldoror le 21/04/2015 à 16:26:38

Ca fait deja 3 piges, rien de nouveau en prévision?

cglaume

cglaume le 21/04/2015 à 17:28:08

Si si, je crois bien que le nouvel album est en route

Maldoror

Maldoror le 22/04/2015 à 14:53:50

Cool!!
D'ailleurs, question : des groupes qui fusionnent la musique traditionnelle orientale, il y en a dans le prog, le death et le black mais ca existe du coté post-hardcore, post-métal, sludge etc?? à part le coté tribal de Minsk, je ne vois pas

cglaume

cglaume le 22/04/2015 à 15:16:28

Eh bien c'est une bonne question, mais vu que je suis aussi spécialiste de post-hardcore, de post-metal et de sludge que de pelote basque, je laisse mes collègues répondre ^^

Maldoror

Maldoror le 22/04/2015 à 16:28:21

Ok merci quand meme. Au cas ou, pour ceux que ça interesse, un excellent blog à fouiller avec environ 300 albums de musique trad orientale, je crois que tous les pays sont représentés : http://oriental-traditional-music.blogspot.fr/

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