Australasia - Sin4tr4

Chronique Maxi-cd / EP (22:19)

chronique Australasia - Sin4tr4

Je vous assure, les clichés ça m’emballe pas, tout comme les canicules d’ailleurs. Mais le fait de chroniquer un groupe italien en appelle plus d’un, de clichés. Zucchero, pizzaiolo, Materazzi, Lacuna Coil, Toto Cutugno, Vespa, Rhapsody. En vrac. Ça sent le blouson siglé en faux cuir acheté sur le marché. OK, j’abuse. Il faut avouer que réduire les ritals à ces images Panini, c’est racler dans le fond du Pô. À dire vrai, la scène indé transalpine sort régulièrement quelques jolies surprises (Ufomammut et The Secret pour ne citer qu’eux). Surtout qu’ici je suis amené à vous parler d’un groupe d’influence post rock, post metal et post hardcore. Je sais, trois fois post en une phrase, ça fait beaucoup ; après ça, y a t il des post restantes ? Et si je vous dis que le groupe s’appelle Australasia en plus, ça commence à faire vraiment beaucoup, non ? Ne pas remarquer l’appellation Australasia comme clin d’œil, un hommage à Pelican serait comme ne pas voir un goitre au bas de la figure (Edouard Balladur, si tu me lis : big up !). Décidément, ce premier EP Sin4tr4 traverse les Alpes avec de sacrées valises.

 

Maintenant que je vous ai bien empilé tous ces clichés façon lasagnes, on va pouvoir entrer dans le vif du sujet. Sortez vos livres chapitre 56, troisième paragraphe…

Malgré l’apparent enfermement dans lequel le groupe évolue, le propos d’Australasia a quelque chose de très alléchant sur le fond. Les Italiens combinent la contemplation du post rock à une fureur métallique rehaussée de raffinements électroniques ; un mélange plutôt contrasté qui a le mérite d’attirer assez facilement l’oreille. Par curiosité. La production très propre de l’EP laisse d’ailleurs glisser les titres avec équilibre. Pour un premier rendu, Sin4tr4 s’en sort dignement à la première écoute. L’assemblage de parties tendant vers le death mélodique à d’autres plus prog rock au sein du même morceau (« Spine », « Scenario », « Retina ») est même quelque chose de surprenant.

Vous l’aurez compris, le cocktail Australasia ne manque pas d’atout pour tenter l’expérience. Mais l’aspect quelque peu scolaire de leurs saillies post rock fait tomber certaines compositions dans une normalité vaporeuse que des groupes comme Explosions In The Sky ont déjà su dissiper. L’usage de sonorités électro-indus (« Apnea », « Fragile ») amplifie cette sensation d’anachronisme que des groupes comme This Will Destroy You ou 65daysofstatic ont déjà su ringardiser. Sin4tr4 va ou trop loin ou pas assez mais ne tente qu’à moitié. Le concept finit alors par l’emporter sur l’émotion. En fait, Australasia souffre de son manque d’aspérité. Le groupe joue comme Marion Cotillard meurt : de façon prévisible. C’est ce qui fait craindre qu’au-delà de son immédiateté plutôt agréable, un EP comme celui-ci risque d’avoir une durée de vie d’une dinde pendant Thanksgiving.

 

Vous avez écouté Sin4tr4 et vous me trouvez dur ? Vous avez peut-être raison. Le disque a une originalité et une personnalité qui mériteraient d’être défendues. Mais je suis tout fait en droit de chercher la petite bête, surtout quand on se fait voler une coupe du monde par des Italiens lors d’un été torride. De toute façon, les canicules, ça m’emballe pas.

photo de Geoffrey Fatbastard
le 24/01/2013

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