Brice Et Sa Pute - Amour

Chronique CD album (01:02:12)

chronique Brice Et Sa Pute - Amour

« La fesse c’est boooooooooooon. J’EN VEUX! JAMBON! »

 

Hum. Pas sûr que ce soit la "catch phrase" idéale pour vous pousser à courir acheter Amour. Quoique, je sens votre curiosité titillée, pas vrai? Ahlala, c'est trop facile: il suffit d'écrire "fesse" et le lecteur / la lectrice dépasse enfin la barrière psychologique de la 3e phrase... Bande de crevards! N'empêche, pour le coup cet intérêt est justifié les aminches, parce que je peux vous assurer que dès la première écoute de « Aaah Les Filles » – ode moderne au bras de fer homme / femme autour de la pratique sodomite –, ce refrain complètement barjot vous restera durablement dans le crâne. Et c’est l’un des nombreux atouts de Brice et Sa Pute que d’écrire des morceaux dont la force d’impact n’a d’égale que l’accroche. Tiens, je prends au hasard ce qui sort des enceintes au moment où je vous écris ces lignes... Eh bien je vous le donne en mille: le constat est le même pour le « ToulouTA Touloulou-TATA » (oui oui) de la Cadillac qui se plante dans « Brand New Caroline »! Marie et Pierre, les 2 sales mômes qui se cachent sous le patronyme provoc’ du groupe, ont sans conteste un sens inné du show, de la relance, de la ligne improbable, bref de l’idée juteuse qui fait mouche et rend addict’.

 

« Ça va pas faire mal!!!! »

 

C’est ce qu’on pourrait croire, nous autres métalleux suant la bière, coreux tatoués et autres âmes sombres à piercings en forme de pentacle. Parce qu’à mater leurs trombines de frêle crevette vaguement dandy et de vendeuse de pommes au marché de Ste Cougnette en Provence, l’un gratouillant sa basse et l’autre se dandinant dans sa robe rouge à pois, ce que ce duo nous évoque à première vue, c'est les dimanches chez mémé, ambiance "photo sépia et mots croisés", Pascal Sevran dans la boî-boîte caressant son micro devant un public de Tintin en flanelle et de Marie-Gertrude à couettes. « Non mais tu m’as bien vu? Tu crois vraiment que je vais écouter Amour entre Zos Kia Cultus de Behemoth et Morbid Fascination of Death de Carpathian Forest? »... Et pourquoi pas? C’est qu’avec sa prod’ sobrement chaleureuse, brute et organique, ce 1er album nous claque les feuilles à grand renfort d’une rythmique énorme – basse vrombissante, tendue, massive, rugueuse, et palette sauvagement piétinée à coups mats et chauds. Et côté agression et décadence, les accès de hargne maboulement punk, les ambiances glauques et les textes bien sex-trash de Marie ne devraient pas trop vous dépayser. Certes, Brice et sa Pute ce n’est pas tout à fait la promesse d’un démon cornu qui vous enfile son pal jusqu’à la rate, mais c’est tout de même un bon coup de tesson dans les burnes administré par une Béatrice Dalle tout sourire, du sang plein les gencives.

 

« BUT… no chocolate. BUT… no marmalade. BUT… no umbrella. Just fuck me, and say Tralala! »

 

Maintenant qu’on a vainement essayé de garder avec nous les plus frileux des mordus d'explosion auriculaire, nuançons quand même le propos. OK, Brice et Sa Pute, c’est trash (sans H entre le T et le R hein), c’est punk, c’est dérangeant, c’est barré… Mais ce n’est pas le seul aspect de leur musique. Amour, c’est en effet une suite de tableaux burlesques, grotesques, qui ne se limitent pas à une unique chapelle musicale. Les seules véritables constantes de cet album un peu à part sont 1) la présence de morceaux à forte personnalité – et notamment taillés pour la scène (...que le duo a l'air de transformer en théâtre destroy, aidé en celà d'une cage et d'autres objets con-tentants...) 2) la volonté de bousculer, de gratter là où ça dé[r/m]ange. Brice & sa prostipute donnent ainsi dans la variétrash, le rock indé, le punk sauvage, la pause blues intimiste, la B.O. de film tartarantinesque, la comptine décalée, le sketch. Et de fait, quand on écoute Amour, on pense tour à tour (attention, ça va éclabousser…) aux Rita Mitsouko, à Superbus / No Doubt, à Gogol 1er / Les Garçons Bouchers, à une version déviante d'Anaïs, à Stanley Kubi ou encore à Bad Tripes. Et quelques soient les réticences et les a priori, on kiffe grave. Faut dire que Marie a une voix gourmande, gouailleuse, insolente, et surtout merveilleusement versatile, ce qui lui permet de faire partir Amour sur un faux départ génial (l’Ave Maria de Schubert – ouawh!), mais aussi de jouer les divas blues, les délicieuses petites connes, les vomisseuses punk ou les rock stars. Et 'faut dire aussi que « Into My Cunt », « J’aime », « Brand New Caroline », « Aaah Les Filles » ou le violent « Barbi Trique » sont autant de morceaux irrésistibles.

 

Bref, je me suis fait complètement retourner par ce sacré bon sang de groupe de tarés (Kyan Khojandi, si tu nous entends). Et vous êtes prévenus: vous n’êtes pas à l’abri. Non non, je ne déconne pas: que vous écoutiez du djent, du porn-grind ou du post-doom, personne n’est à l’abri de devenir accro à l'univers de ces mabouls géniaux.

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: On se concentre. On ferme les yeux, et on image les Rita Mitsouko gang-banguant avec les Garçons Bouchers au son d’un mélange cabaret-variétrash scabreusement punk, avec pour décor la version Tarantino de Delicatessen. Et bonus pour les amateurs de bondage crade: les acteurs de ce porno trash sont entravés dans des camisoles de force maculés de tout un tas de fluides que même un vendeur de kebab n’oserait pas vendre à ses clients…

photo de Cglaume
le 06/03/2013

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