Checkmate - Immanence

Chronique CD album (46:23)

chronique Checkmate - Immanence

Comme toute entreprise (… au sens noble du terme  oubliez l'enregistrement au Registre du Commerce) désireuse de se développer sainement en évitant de se scléroser – voire carrément de pourrir sur pied –, la Klonosphere a peu à peu élargi ses horizons stylistiques de prédilection. Souvent cantonnée aux chapelles « Hypnotic saccades-core » et « Smart modern death », elle s’en est allée voir si l'herbe ne serait pas plus verte ailleurs en taquinant la muse death-qui-tâche avec Demented, en sirotant la potion Bombarde’n’roll avec les New Assholes, en fumant le stoner 5 feuilles de 7 Weeks ou encore en respirant l’air frais du metal / rock de qualité avec Lopsided et Last Barons. Sauf qu’on ne se refait pas, et que les radars les plus affutés de l’écurie poitevine sont ceux qui frémissent de l’antenne quand passe dans leur périmètre de balayage une rythmique tout en ricochets, une guitare télégraphique ou une gorge s’épanouissant aussi bien sur des couplets écorchés que sur de suave refrains.

 

Et c’est là – quelle transition les amis! – que Checkmate débarque et vient traîner ses sandales, son baluchon et son électrocardiogramme musical tout en dents de scie dans les alentours proches des locaux où Guillaume Bernard élève ses rejetons avec amour. Forcément, vu la nature de ce nouveau voisin, les radars dont on vous causait plus haut se mettent à pousser des feulements de félin à la saison des amours. C’est que les capteurs à ADN Klonosphérien ont vite repéré que le baluchon du visiteur en question contient les larges épaules de Gojira, un peu de bave épileptique à la TDEP, des pauses intimistes à la Klone, des aérations à la Textures, ainsi que des palpitations d’origine clairement djenteuse. Face à une technique aussi irréprochable et à une finition aussi classieuse (Alan Douches s’occupe du mastering...), le constat est vite établi: ces petits parisiens ont tout pour faire partie de la famille. C'est qu'en plus – tendez l'oreille, et constatez – on trouve à ces joueurs d'échecs de faux airs de Clampdown, Om Mani, Hacride & co en s’envoyant Immanence dans les feuilles... Du lourd quoi!

 

Bon, à vrai dire il y aurait quand même bien 2 aspects de l’album qui empêchent d’expédier celui-ci directement au « French Metal Hall of Fame ». En premier lieu, c’est l’extrême proximité du groupe avec les formations précédemment citées qui coince un poil. C'est que lors d'une dégustation en aveugle, on peine un peu à trouver les traits caractéristiques qui distinguent les uns des autres. M’enfin bon, l’insatiable consommateur de death metal Skogsberguien que je suis est particulièrement mal placé pour se plaindre sérieusement de ce genre de clonage de qualité. L’autre point qui fait tâche est un élément récurrent chez les formations de cette scène – élément que j’ai décidément du mal à avaler: le chant. En effet les poussées de "coritude" basique, qui fleurissent majoritairement sur les couplets, aplatissent – à mon sens du moins – un peu le propos, comme par exemple sur « I.M.A. », après la barre de 1:00, ou encore sur le début de « … Despite The Years », où l’apparition soudaine des tatouages et de la urban mosh attitude tranchent un peu vilainement avec l’ambition de la démarche musicale. N’est pas Klone qui veut hein...

 

N’empêche, quand on dresse le bilan de l’aventure Immanence, on s’aperçoit que sur 10 morceaux, on ne trouve nul déchet – l’interlude « Moving Backwards… » et les quelques balourderies core précédemment pointées du doigt étant les seuls relatifs « bas » de l’opus. Car l’ensemble des morceaux s’avère de très haut niveau, même si mes coups de cœur perso iront plus particulièrement au puissant et varié « Invectus », au très Gojirien et instrumental « Fragments » (pépite!), ou encore à « A Maze » et son refrain qui s’incruste très facilement dans les méandres de notre vieux plat de nouilles cérébral. Bravo également au final « By Any Means Necesary » qui s’avère tout à fait à la hauteur, et qui clôt l’aventure sur une inexorable chape de plomb rappelant le metal de fin du monde de She Said Destroy. De la belle œuvre, vraiment.

 

Si l’on en croit le palmarès fièrement exposé sur sa page Facebook, le groupe a beaucoup tourné. Et pas seulement au sein de nos frontières. Et pas seulement de ce côté-ci de l’Atlantique. Ceci – ainsi que 2 EPs et quelques années au compteur – explique sans doute la maturité extrême que l’on constate à l’écoute d’Immanence. Ça fait plaisir de voir que la Klonosphere a toujours d’aussi grosses cartes dans ses manches, dans un genre dont on pourrait pourtant penser qu’on commence à en avoir fait le tour. Et puis tiens, si vous êtes encore réticents, allez donc mater le très bon clip (décidément ces petits gars ne sortent pas du fin fond d’un garage miteux…) qu’ils ont tourné pour le titre « Invectus »: la Klasse (avec le K de la Klonosphere, c'est ça) !

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courteImmanence est un album 200% Klonospherien tant il s’inscrit dans la tradition « Modern French metal » de qualité développée par le label poitevin (mais si, vous savez: la mixture Gojiro-Hacrido-Texturienne!). Fans de Clampdown, Om Mani, Hacride… C’est pour vous!

photo de Cglaume
le 10/09/2013

1 COMMENTAIRE

Tookie

Tookie le 10/09/2013 à 10:16:30

Tout pareil, un excellent album, une nouvelle valeur sûre, puis un énièreme bonne sortie Klonosphère ! Parfait ! Un futur dépucelage du groupe en live est à venir, j'en suis vraiment curieux !

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