Coilguns - Commuters

Chronique CD album (49:55)

chronique Coilguns - Commuters

 

Bon, Coilguns, connaît pas. Vu les photos de leur press kit, c’est des suisses mignons, propres, souriants, sur le visage desquels on devine un sens de l’humour sage et dosé. L’artwork du disque quant à lui nous ferait presque croire qu’on va s’envoyer une petite demi heure de noise à l’américaine sans prétention. Idem pour le patronyme du groupe, qui fait plus tendre mon imaginaire du coté de la discothèque de Dischord que dans les pages de l’encyclopédie du brutal death metal. Du coup, on se met le son qui va avec tout ça en tapant déjà du pied au rythme d’une batterie qu’on entend pas encore et… Quand "Commuters Part 1" finit par égréner ses toutes premières secondes, on est bien obligé de multiplier rythme par deux, voire par trois.

 

Fausse piste.

 

Les suisses de Coilguns, déjà frères d’armes au sein de the Ocean, jouent un hardcore noisy et chaotique dans la pure tradition des années 90’s avec ce qu’il faut de technicité, de violence et de rock n’roll pour rivaliser avec les grands noms du genre. Converge, Breather Resist, Knut, Coalesce, Botch, merci, au revoir. J’ai pas (encore) envie de faire mon vieux con, mais quand j’entend ce genre de disque je me rend compte que c’est pas forcément parce que je vieillis mal que je trouve tous les groupes actuels qui citent ces références 1000 fois plus fades que leurs ainés. Bon, soyons quand même clairs : Commuters est une tuerie sans nom aussi magistrale que sa prétention semble modeste. Abrasive et teigneuse, la musique des Coilguns contraste totalement avec le propos millimétré de The Ocean, et c'est pas plus mal... Faut croire que les suisses avaient besoin d'une petite récréation. Car, sur Commuters, nos gars font du rock n’roll sans faire péter les patronymes ennuyeux, les artworks dégoulinants et les intros ridicules. Ça frappe direct, en plein abdomen, sec, brut et dur. Hyper violentes, les compos de Coilguns balancent sans arrêt entre les plans noisy, les accélérations punk et les explosions grindcore. Les accalmies nous rappellent les bonnes vieilles ambiances rances des vieux Breach et les explosions lorgnent plus vers les séïsmes à la Coalesce quand ça déborde pas carrément dans des plans plus métal qui, pour le coup, sont juste redoutables.

 

 

Rampante sur « 21 almonds a day », ultra noisy sur « machine of sleep », joussive sur « submarine warfare anthem », à la limite du grindcore sur « Minkowski Manhattan distance », pachydermique sur « earthians », la musique de Coilguns, si elle s’inscrit effectivement dans une riche tradition qui n’est généralement plus capable de donner naissance à des groupes vraiment originaux, reste pourtant extrêmement variée. Et si le fond n’est pas à proprement parler des plus novateurs (loin de là), la forme quant à elle reste remarquable. Déjà, le groupe n’hésite pas à caler un long titre progressif et répétitif de onze minutes en seconde position sur leur galette… Quand on sait ce dont le groupe est capable en à peine deux minutes, ça fait plutôt plaisir. De plus, le trio prend la forme d’une batterie soutenue par un chanteur et un guitariste qui joue également sur les fréquences basses pour pallier à l’absence de manche à quatre cordes dans le line up. On a vu ça chez Pig Destroyer, on a aussi vu ça chez Cortez… En tout cas, force est de constater que pour ce qui est de vriller les tympans des gens tout en leur collant des mandales à répétitions, ça a plutôt l’air de bien marcher.

 

Chose amusante, je viens de me faire la chronique du dernier Cortez et j’ai comme la vague impression que deux places sont d’ores et déjà prises dans le futur top 10 de 2013, ces deux disques étant l’œuvre d’un trio suisse à la géométrie et au style clairement voisin. Bordel, si l’année 2013 ressemble à ça, il me tarde sérieusement de voir qu’elles autres foutues surprises elle me réserve (sans parler d’un éventuel et définitif déménagement au pays de l’emmental).

photo de Swarm
le 25/02/2013

7 COMMENTAIRES

pidji

pidji le 25/02/2013 à 09:43:42

Très bon disque en effet, y a juste la "Commuters Part 2" qui me saoule un peu haha !

el gep

el gep le 25/02/2013 à 16:46:38

Je (re)lance le faux débat: Noisecore, c'est quoi? Je croyais que c'était, au hasard, Anal Cunt, SarkoFachoCrss88 et autres joyeuseries. Là j'entends juste du Hardcore Metal, non? Plutôt classique, même dans son chaotisme, répondant à des codes précis d'une école bien définie... Et le terme Noisecore a aussi été attribué aux premiers Neurosis et à Breach, par exemple, alors que ça me semble être tout à fait autre chose. Rien n'a de sens, je ne dors plus depuis longtemps, je cours me pendre.

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 25/02/2013 à 17:12:42

Moi qui pensait qu'Anal Cunt, c'était juste de la m....

Swarm

Swarm le 25/02/2013 à 17:42:49

Ah Ben tu vois, j'utilisais surtout ce terme pour éviter d'en utiliser d'autres... Genre le post hardcore, c'est Fugazi, le metal hardcore, c'est Biohazard, le metal core, c'est Heaven Shall Burn et après ? Chaoscore ? Blastocore ? Slipocore ? Anusocore ?... Et bien je sais plus moi ; j'ai jamais été très bon pour coller de petites étiquettes sur les tiroirs... Ça fait du bruit, ça dissonne et j'aime ça, c'est bon ?

Eric D-Toorop

Eric D-Toorop le 25/02/2013 à 18:23:38

c'est vrai que c'est chaud, ces histoires d'étiquettes...
ça envoie en tout cas Coilguns

el gep

el gep le 25/02/2013 à 20:06:45

Merde, c'est bien ce que je me disais: nous sommes foutus. Sinon, j'insiste, je trouve ça finalement très classique. je suppose que je devrais écouter l'album en entier. Pas sûr d'en avoir envie...

Swarm

Swarm le 25/02/2013 à 20:12:06

Pas faux mais faiblesse toute personnelle : c'est le genre de classicisme qui me fout la trique.

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