Crotchduster - Big Fat Box of Shit

Chronique CD album (41:54)

chronique Crotchduster - Big Fat Box of Shit

Jason Suecof est quelqu’un d’éminemment respectable. Ses cordes – de guitares, mais aussi vocales – font des étincelles au sein du laboratoire Capharnaum. Ses doigts experts de sculpteur du son ont offert de seyantes productions aux sorties de Job For A Cowboy, Carnifex, The Black Dahlia Murder, Atheist, Death Angel, Beneath The Massacre (la liste est longue!)… Sa muse a joué de la lyre électrique pour Trivium. Le gars bien sous tous rapports quoi! Sauf que le Dr Suecof possède une face plus sombre, couleur croûte douteuse. En effet, sans que l’on connaisse vraiment le déclencheur du phénomène (Trop de Youporn? Allergie aux chouquettes?), celui-ci se laisse parfois submerger par des instincts sodo-proutomaniaques qui le transforment en un rien de temps en l’horrible Mr Fornicus "Fuckmouth" McFlappy. Et cet être vil au rire niais et à la braguette baveuse s'en retourne immanquablement travailler à son projet secret, Crotchduster – littéralement: « plumeau à entrejambe » –, dont le seul but est de se livrer aux pires exactions blaguesques et de patauger sans retenue dans un mixture death/nawak/Obladi-Oblada décorée aux vives couleurs du triptyque « Poil-Zob-Nichon ». Cette terrible altération de la personnalité semble de plus être contagieuse, d’autres âmes pourtant bien nées – notamment James Murphy (Death, Obituary) et Richard Christy (Death, Iced Earth) – se laissant elles aussi entraîner dans le sillage de cette créature lubrique.

 

Damned, mais que fait la police?

 

En bien dans ce cas particulier, rien... Et c’est tant mieux! Car il aurait été dommage qu’elle empêche la sortie de Big Fat Box Of Shit, seule et unique émanation discographique du plumeau. OK, la grande majorité des 9 titres de cette galette n’est rien d’autre qu’un assemblage sans queue (protestation votre honneur!) ni tête de sketches à 3 dollars et de plans complètement hétéroclites (mention spéciale à « Crotchopus », longue guirlande de seynettes et de musique interrompue en son milieu par 6 bonnes minutes d'une séance de lecture de courrier de « fans »). Certes, la batterie a été abandonnée entre les pattes de Caïn, clébard douteux servant de couverture à une BAR qui carbure à l’EPO. D’accord, les affreux ici à l’œuvre n’ont de cesse d’enchaîner les blagues lourdingues – ce qui gavera surtout les anglophones avertis. M’enfin après s’être desserré la cravate, avoir ouvert un ou deux boutons, et s'être décontracté le sphincter, on arrive sans mal à trouver de quoi s’éclater sur cet opus, tant musicalement – même si les compos sont écrites en mode patchwork – que poiladesquement. C’est vrai quoi, écoutez donc « Stars Ingenious Cooter (live) »: après l’intro d’un Richard Christy volontairement aux fraises inaugurant sa propre Düsseldorf Beer Fest, il y a franchement de quoi se poiler lors de cette parodie nawakesque de concert metal s’ouvrant sur les invectives habituelles de necro-pandas-of-Hell, puis s’enfonçant dans la gelée chamallow avant d’enfler en un Sympho goth metal extrême finalement dévoyé en un tube de dance putassière sur lequel surnage de mâles harangues death. Et tout ça finit dans la plus pure mode nawak death à la Carnival in Coal. Perfect.

 

D’ailleurs parlons-en tiens, de CiC. Il n’est pas insensé de penser que le groupe ait pu influencer les américains, le mélange [gros death poilu à BAR folle et growl profond mais clair / funky disco party] d’un « Cain Sings the Blues » (par exemple) nous rappelant fortement le duo Wursthorn / Strobl. M’enfin Crotchduster est quand même sacrément moins cohérent que les frenchies, il cale beaucoup d’interludes et de gags, et est bien plus grassement graveleux – là où CiC donnait dans les clowneries à double fond. N’empêche, plein de bonnes choses ici. On retiendra le « Stars Ingenious Cooter (live) » précédemment évoqué, un « Big Top of Williams » finissant sur une parodie du « Angel of Death » de Slayer suivi d'un trip « Back to Shangri-La » étonnamment convainquant, des parodies de « Holy Wars » (Megadeth – sur « True Nature of Williams ») et Obituary (sur « Crotchopus »), ou encore l’excellent enchaînement Black Metal / sprint « Boba Fett, Boba Fett, Vader and Boba Fett » sur « Let Me into Starfish Land » (autre morceau très CiCien!). Le tube de l’album reste néanmoins l’énorme « Mammal Sauce », seul morceau qui se tient vraiment et dont la particularité est d'offrir X versions du même refrain – hiphop, death, crooner hard rock, heavy, Daft Punk… –, un peu dans l’esprit de l’ « Outro » concluant Objectif Thunes d’Ultra Vomit. Une fois l'opus terminé, il est d'ailleurs assez difficile de ne pas avoir en tête le désormais célèbre (si si):

 

« My Mammal Sauce is the Best Mammal Sauce

Spread Mammal Sauce on My Waaaaaaaang… »

 

Big Fat Box Of Shit est donc une blague aussi grasse que peu soucieuse d'harmonie et de cohérence globale. Mais tout comme ces grosses jarres pleines de bonbec’s plus chimiques les uns que les autres, on y trouve une pléthore de bonnes choses pétillantes et saturées en saloperies adictives – plaisir coupable que l’on n’osera pas forcément avouer à ses potes de l'intelligentsia métallique… Bref si vous aimez le gros death qui bœute plein de BAR sauvage, de breaks blagounesques, d’interludes incongrues et de « Dick », de « Suck » et de « Ass », vous êtes au bon endroit!

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Big Fat Box Of Shit est la réponse américaine à Carnival in Coal, l’humour de Gronibar en plus (en plus?) et la cohérence en moins. Un album bien fendard, et qui plus est loin d'être inepte techniquement – cf. les quelques pointures du death ricain s'activant aux côtés de Jason Suecof.

photo de Cglaume
le 09/06/2013

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