Devianz - À Corps Interrompus

Chronique CD album (59:31)

chronique Devianz - À Corps Interrompus

Voilà 7 ans que Devianz a sorti son premier album, Una duna in mezzo all’oceano. 7 ans c’est long, alors même si un EP était venu nous faire patienter en 2008, et plus récemment un 3 titres -Trouble Amante, que vous avez pu entendre sur Ouï FM- il n’est que temps de découvrir ce que sont devenus nos parisiens.

 

 

Dès les premières écoutes de ce deuxième album gracieusement  intitulé A corps interrompus, on retrouve ces compositions extrêmement travaillées, presque torturées: la musique de Devianz ne se laisse pas appréhender facilement, c’est encore plus vrai sur cet album que sur le précédent. On est loin des structures bateau, des riffs de guitare à deux accords répétitifs, ou encore des mélodies de chant simplistes qui sont la norme dans le rock-métal. Les guitares sont presque discrètes et participent finalement plus à l’atmosphère des morceaux qu’à leur assisse. A corps interrompus est moins lourd que son prédécesseur et plus en ambiances, comme le montrent les magnifiques « Des racines dans la chair » « L’alchimie des sens » ou encore « Mute Echo Room », qui sont pour moi parmi les meilleurs morceaux de l’album. Les guitares sont aussi utilisées judicieusement, parfois sur des riffs assez répétitifs et lancinants comme sur « Lune De Plomb » ou « Trouble Amante », parfois sur des bridges très beaux à la façon d’un Radiohead ou peut-être Placebo (« Soleil d’Encre », « Douze De Mes Phalanges »).

Chaque morceau recèle d’ambiances magnifiques et se refuse à la facilité. Les mélodies ne tombent jamais sous le sens et même si cela donne un côté torturé à la musique de Devianz, cela constitue également sa marque de fabrique (On retrouve par exemple dans « Douze de mes phalanges » des progressions harmoniques déjà présentes sur Una duna in mezzo all’oceano). A plusieurs reprises l’ombre de Mass Hysteria me semble planer sur le disque : certes pas pour leur côté hardcore, mais plus par le chant en français, les arrangements de clavier et les samples, ou encore le jeu de batterie assez sec… Ecoutez « L’alchimie des sens » ou  « L’instant suspendu », vous m’en direz des nouvelles!

 

 

L'élément primordial du groupe est indéniablement le chant: Guyom Pavesi fait des prouesses et amène beaucoup de cohérence à l'album. A corps interrompus est truffé de refrains à vif qui frappent très juste : de vraies lignes de chant qui vous restent en tête après la fin de l’album. La voix peut alterner entre des lignes de chant presque éthérées (comme sur le jouissif « Larmes de sel », le break de « Soleil d’encre » ou encore « Sous une lune de plomb ») et du chant métal (à l’instar de « Des racines dans la chair » ou le surpuissant « L’alchimie des sens »), mais elle est toujours reconnaissable entre mille, et toujours à fleur de peau.

 

 

Niveau production, on est loin du son que Stéphane Buriez avait façonné pour le premier album. Il ne s’agit évidemment pas de faire une échelle de valeur, mais Guyom Pavesi (qui a travaillé notamment avec Headcharger, Die on Monday, The Prestige, Dead Sea Lions …) marque réellement ce nouvel album de sa patte. Moins agressif et plus loin des standards métal, le son est plus rock et surtout beaucoup plus riche : après une bonne vingtaine d’écoutes je découvre encore des éléments qui rendent l’album d'autant plus intéressant tout en renforçant ce côté torturé. Petit bémol, la production est tellement travaillée que je me demande si ces nuances ressortiront en concert.

 

 

A corps interrompus un disque immersif et mélancolique, dont les paroles révèlent beaucoup d’interrogations (il y a de la douleur là-dedans, moi je vous le dis!), et la collaboration avec Vincent Cavanagh d’Anathema est toute naturelle sur « Ton corps n’est qu’atome », tant les 2 groupes partagent ce côté introspectif.

 

Mais au-delà des questions, j’ai aussi une réponse: A corps interrompus est avant tout un album ciselé et beau, tout simplement.

le 03/05/2012

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