Filiamotsa - Sentier des roches

Chronique Vinyle 12" (37:00)

chronique Filiamotsa - Sentier des roches

Sommes-nous en train de vivre une révolte stylistique dans la vieille Europe ? De l'Italie à l'Allemagne en passant par la Belgique, les Pays-Bas et bien sûr la France, un sentiment profond d'aplomb culturel s'inscrit dans une flopée d'albums proposés par une frange indépendante plus vivante que jamais. L'Europe vie-t-elle son post-Reaganisme à elle ? Ses frappeurs d'esprit en marche contre un marché commun aussi ronronnant qu'oppresseur.
Combat inégal entre les artisans et un rouleau-compresseur auto-suffisant. En plus, c'est la crise du disque. Ça tombe bien les « petits » labels n'en finissent plus de sortir des vinyles avec code de téléchargement en mode commando (band)camp.

 

Vous avez déjà recensé le nombre de disques marquants, de ces dernières années, qui s'affichent avec une pochette noire et un visuel éclaté. Tous pareils... tous différents, où pour parler chimie, - Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme- ; le noir en porte-étendard, en signe de reconnaissance et on laisse le romantisme goth de côté (même si là aussi, ça fait vendre... encore). Dans le temps, certains amateurs achetaient des skeuds sur la seule foi d'un visuel prometteur. Ça n'a pas beaucoup changé, sauf que maintenant, le passionné pourra user l’œuvre désirée, sous toutes les coutures via internet ou tout autre support de musique virtualisée. Et donc, si vous aimez le dépaysement, suivez les pochettes noires...

 

Rayon culture, Filiamotsa brasse large avec son troisième opus. Leur musique, loin d'être évidente, gagne en immédiateté, en familiarité presque. Il est vrai qu'un titre comme « Montroyal » a déjà pris place sur quelques compilations et en version plus rêche sur leur Tribute to KC. Titre-Phare par excellence. Cette version agrémentée d'une basse (vraiment bienvenue) et de la participation d'un quatuor à cordes - l'Archipel Nocturne-, n' a pas finie de faire danser les playlists des diffuseurs indés (web ou radio). Sur le disque, ce titre arrive après un « 4QSO » tout aussi redoutable bien que dans un registre différent. Si « Montroyal » a des vertus psycho-dansantes, « 4QSO » rappelle immanquablement The Ex (et leur période Scrabbling at the lock), d'ailleurs G.W Sock y pousse les vocalises. « Chiens déguisés » en troisième temps fort de l'album, pose l'identité du groupe dans un registre noise furieusement organique avec un chant en avant, porteur de slogans.
À cette trilogie, s'ajoute un « Zittern » assez sage dans sa conception, un morceau-hommage au Post-Rock des nineties. « La porte de la fontaine », une collaboration avec Chapelier Fou, l'interlude « So noise » ou le retords « Cerveaux des familles » achèvent de dessiner la toile protéiforme de Sentier des Roches.

 

Avec ce troisième album, les nancéens surprennent par l'immédiateté de leur musique qui s'inscrit dans un registre vagabond propre à pas mal de formations européennes de The Ex à Zu en passant par Myself ou en filigrane les travaux des stakhanovistes de la No-Wave new-yorkaise à la fin des années 70.

Revigorant.

photo de Eric D-Toorop
le 27/09/2013

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