Goatsnake - Flower Of Disease

Chronique Vinyle 12" (44:14)

chronique Goatsnake - Flower Of Disease

Goatsnake est un groupe emblématique, et sa réputation de mammouth sonore les précèdent. Cet album, pour tout dire, est l'un de ceux qui ont un son tel que l'on les prend souvent pour références de qualité. Signé par une fine équipe d'artistes, dont Greg Anderson, Pete Stahl à la voix, géniale cette voix... Rien que ces deux noms ont déjà beaucoup à dire dans l'histoire du Rock, entre l'un qui dirige Southern Lords et l'autre qui a participé à bon nombre de projets (de Sunn o))) à Earthlings ? En passant par les Foo fighters). Et on comprend, tellement la voix du bonhome et son charisme sur scène trancende un bon concert.

 

Au vu des autres projets de Greg Andersons, innombrables (Teeth of lions rule the divine, The obsessed, Sunn o))), Thorr's Hammer, Burning witch, pour ne citer que ceux qui me sont les plus familliers), que Goatsnake me paraît comme étant le plus accessible de tous, le plus facile car il exprime un rock lent fait de riffs tous plus groovys les uns que les autres, et cela s'écoute le plus naturellement du monde.

 

Car jamais le Doom stoner n'a autant rimé avec le blues Américain; vous savez bien : cette musique faite par les noirs qui trimaient dans les champs, qu'on jouait le soir dans les cahutes où vivaient ces esclaves, exténués par leurs journées interminables faites de labeur. Ils étaient tellement crevés, ceux-là qui étaient déjà des vieillards à 50 ans, qu'ils ne voulaient pas qu'on les saoule avec du jazz... Trop compliqué, trop chiant, fallait une musique toute conne qu'on puisse frapper de ses mains pour l'accompagner. Car le blues est une musique populaire faite pour être appréciée systématiquement par tous. Donc ils tapent de leurs mains en chantant sur ce riff à 4 notes avec son innébranlable pont de fin, sa structure tellement classique qu'elle nous rassurait : on voit le début, on sait déjà la fin, pas besoin de se fouler à la découverte quand on en a déjà assez de sa longue journée de labeur.

 

Je parle de ce blues là, dont Goatsnake a su tirer l'essentiel du groove, pour le projeter avec un son énorme et un rock'n'roll latent. Le batteur n'est certes pas un virtuose accompli, mais sa rythmique lente et répétitive, martiale, appuie la lourdeur exubhérante du groupe. Une aura de 70's psychédélique tourne autour de Goatsnake, mais leur son est tellement puissant qu'il nous faut donc le considérer comme actuel, de notre époque, non pas "rétro"; c'est pour cette raison que l'on ne peut pas le comparer complètement à Black Sabbath comme l'on se complaît si souvent à le faire, et il y a pour ça de bonnes raisons bien sûr. Les légendaires amplis "Model T" de Sunn o))) (la marque, pas le groupe) fournissent ici un son rond et pourtant gras, savoureux pour tout vous dire !

 

Les morceaux prennent aux tripes, dès que l'enregistrement inversé introduit le titre éponyme, produisant un break original et impressionnant. Jusqu'aux dernières notes mélancoliques et mélodieuses de "The River" qui clôturent l'album, l'on se conforte grandement dans l'engourdissement des répétitives ritournelles à l'arpège du Blues qui nous rassurent tout au long de cet album. Et c'est l'originalité de cette prise de position dans les codes du style, malgré le fait qu'il en constitue des bases, qui fait de Flower of Disease est un album au statut culte dans le milieu du Doom Stoner, car en cela il aura posé, à la même époque que la sortie de Dopethrone d'Electric Wizard, des pierres fondatrices des codes de ce style qui aujourd'hui s'est énormément développé.

 

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photo de Carcinos
le 05/01/2014

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