Igorrr - Hallelujah

Chronique CD album (38:51)

chronique Igorrr - Hallelujah

Tu le crois ça? Il ne s’arrête jamais le père Gautier Serre! Pas plus tard qu’en juin dernier, ce grand pape du nawak électro-metal extrême était « album du mois » de votre webzine préféré avec 4247 Snare Drums, le dernier album de Whourkr. Autant vous dire que c’était pas de la piquette, mais plutôt l’un de ces grands crus qui vous moissonnent les papilles auditives au lance-roquettes. 6 mois plus tard, l’air de rien, cet éjacompositeur précoce renvoie la sauce façon grand prince, sur le canal Igorrr cette fois. Et l’animal a manifestement décidé de contrarier les ceusses qui attendaient avec impatience un album tiédasse, car – ose l’anal au plus haut des chieux – Hallelujah est le digne successeur du Livre des Lois Nostril.

Mais suivez plutôt le guide, on va faire le tour du propriétaire…

 

Commençons donc par une micro-séance de remise à niveau pour ceux qui viennent de descendre de la dernière navette en provenance d’Alpha du Centaure: Igorrr a réussi l’exploit de se créer une identité propre – et même, osons le dire, de créer un genre musical à part entière – en fusionnant breakcore, metal extrême (death et black, pas de jaloux) et musique classique (et notamment baroque, si je me fie à mes informateurs) sous une épaisse couche de folie douce. Non, je ne vous parle pas de collages musicaux hasardeux à base de UHU stick, mais bien d'un métissage profond, où les gonades et les âmes s’entrecroisent pour donner naissance à un être nouveau, fort de sa différence.

 

Allez, maintenant que vous savez tout, on saute dans l’opus depuis le grand plongeoir… Splash! En plein dans « Tout petit moineau », le titre ouvrant Hallelujah. Là, l’amateur de Cock And Ball Torture – comme celui de Micropoint – a les sourcils qui jouent les points d’interrogation: « Késako? Piano, chanteuse lyrique… Manque plus qu’Eve Ruggieri!? ». L’opus démarre en effet sur une minute et demie de pieux recueillement, de musique sacrée et de présence divine, avant que Laure Le Prunenec ne se décide à partir en vrille, aidée en cela par un violon et une artillerie rythmique breakcore à la fois respectueuse et complètement intenable. Puis arrivent soudainement un blizzard Black Metal ainsi qu'un chant de dément, le tout s’entremêlant en une danse toujours plus serrée, toujours plus sensuelle, toujours plus grandiose.

 

Bienvenue sur Hallelujah les amis! Et gardez vos ceintures bien attachées, parce qu’il reste encore dix titres comme ça à avaler.

 

Rassurez-vous, on ne va pas se lancer dans une description linéairement séquentielle de l'opus. Causons plutôt global. Hallelujah garde grosso-merdo la ligne de conduite stylistique de Nostril. Et on y retrouve beaucoup des copains habituels: Monsieur et Madame Öxxö Xööx, des joyeux lurons en provenance de Vladimir Bozar, City Weezle, PryapismeMulk… Mais également de nouveaux – et prestigieux! – invités: Teloch de Mayhem, Adam Stacey (Estradasphere, John Zorn), Niveau Zero (dubstep-hero), ainsi que Benjamin Violet de Tryo… Parallèlement à la participation de ces nouveaux venus dans la spère Igorrr, le propos s’est relativement métallisé, la quasi-totalité des morceaux ayant à présent droit à leur giclette de grumeaux guitaristiques. Igorrr se Whourkrise donc encore un peu plus, tout comme Whourkr a tendance à s’Igorrriser: mais que voulez-vous, quand on a trouvé l’équilibre musical idéal, difficile de ne pas y revenir naturellement. A ce titre – je parle de cet équilibre parfait entre musique sacrée, électro et bleuargl – le morceau emblématique de ce 4e album s’appelle « Damaged Wig ». Une compo qui sera étudiée en 2100 par les jeunes étudiants en musicologie, pour sûr!

Et malgré un cap stylistique maintenu d'une main souple mais ferme, Gautier s’offre de réguliers petits détours dans des univers musicaux parallèles. A cette occasion, il écrit d'ailleurs certains des meilleurs morceaux de l’opus. Ainsi sur « Cicadidae », ce joyeux farfelu chatouille le monde du flamenco avec un talent et une inventivité rares (excellente utilisation des cigales!). Tandis que sur « Vegetable Soup », il propose à un chanteur slave de former un duo avec… une charmante bête à plumes! Pour un résultat qui fout la chair de poule (ouarf)!

 

Bon, forcément, comme il ne peut pas s’empêcher de faire le pitre, il faut que cet affreux jojo nous caresse dans le sens inverse du poil avec 2 minutes de piano et de bidibip plus ou moins dissonants, ceci lors d'un « Toothpaste » très "Tu les sens mes ongles qui crissent sur ton tableau noir?". Et ça le fait marrer l’animal (... vu qu’il singe l’auditeur en balançant des samples implorant « Mais arrê-teuh! » en fin de morceau…)!

 

Plus que jamais (quoique Nostril ne soit pas non plus relégué en 2e division), avec Hallelujah, Igorrr/Gautier Serre propose un mélange merveilleusement juteux de soie classique, de caoutchouc électro et de barbelé metal. Et que ce soit du fait de la puissance du résultat, du travail de folie qu’a dû demander la fabrication d’un édifice aussi complexement chiadé, ou du contraste entre la légèreté apparente de tous les clins d’œil déconographiques ici parsemés et la grandeur de ces élans grandioses où les morceaux semblent emplir l’espace entier d’une cathédrale, qu’importe: on est subjugué par cette musique en provenance d’un autre monde.

 

Gloire soit donc rendue à vos extases mysticomiques, à vos volailles variées (moineaux, poule, chiken [damaged] wigs...) et à vos bidibleuargls divins M’sieur Serre!

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: avec Nostril, Igorrr avait placé la barre très (très!) haut. Eh bien même pas peur: Hallelujah propose l’habituel – et divin – mélange de hosannah, de gruuîîîîk, de takatakataka-dadadada-tchak et de pouët qu’on a appris à adorer. Le dernier chef d’œuvre de 2012. Amen

photo de Cglaume
le 14/01/2013

5 COMMENTAIRES

Eric D-Toorop

Eric D-Toorop le 16/01/2013 à 01:11:54

Elle est rigolote comme tout cette pochette...
Bien bourratif quand même (blurp)

cglaume

cglaume le 16/01/2013 à 06:44:58

Bourratif ? L'album ? Argh non ! Finesse, groove, grandeur, dérision, puissance. Je m'inscris en faux contre cette allégation ! :)

PogoTiM

PogoTiM le 16/01/2013 à 13:07:54

Beaucoup plus violent et rentre dedans que ces prédécesseurs (mais non moins génial)
Des traces de Whourkr peut être ?

cglaume

cglaume le 16/01/2013 à 13:13:44

Ca se Whourkrise, pour sûr. Mais Gautier reviendra là-dessus dans une interview qui sera mise en ligne quand Pluton et l'emploi du temps de Pidji - notre maître à tous - seront alignés (...et que le Pidji aura fini d'emménager sa Balance dans la maison de Neptune...)

Eric D-Toorop

Eric D-Toorop le 19/08/2015 à 11:22:11

Si si bien bourratif ^^

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