Lightning Bolt - Oblivion Hunter

Chronique CD album (38:19)

chronique Lightning Bolt - Oblivion Hunter

Lightning Bolt... De dieu, mine de rien, ça fait un bout de temps qu'ils sont dans la place. Avec leur batterie et leurs murs d'amplis posés à même le sol et leur odeur de vieilles chaussettes.

C'est l'un des nombreux groupes que m'avait fait découvrir mon bon ami Nono. Bon... Il m'engueulerait si il lisait ça, mais j'ai toujours trouvé ce groupe surestimé. Il a d'ailleurs eu le temps de faire plusieurs fois le tour des cadrans de la hype, le Grand Cycle cosmique est repassé plusieurs fois par là.
Plusieurs fois tendance. La classe ! Ahahah !
Les shows-sols hystériques et les fans encore plus dingues – franchement ces transes soudaines me paraissent un peu suspectes : c'est Lightning Bolt donc forcément tout le monde devient subitement fou, même ces cons de parisiens... Ça sent la posture-figure imposée.
Alors que ça serait vite oublier que le groupe est un tandem de branleurs psychédéliques aux ongles noircis de crasse. "Du Mental Hygiene Terrorism Orchestra dernière période – sans le sax et les couilles", LordxGonzo copyright. Un duo bruitiste et je-m’en-foutiste qui colle ses mélodies de jeu vidéo obscène au beau milieu d'un bordel sans nom.

Même si il y a bien quelque chose de marrant dans cette approche ludique – oserais-je dire enfantine ? – de la destruction musicale. Un diablotin tape sur des gamelles en baragouinant dans un micro saturé pendant qu'un adepte du stoïcisme teste ses pédales d'effet multicolores, l'empilage d'octavers et de distorsions diverses, envoyé à un volume assourdissant dans un assemblage d'amplis guitare, basse, ghetto-baster customisé, chaîne hi-fi seventies trafiquée, gazinière de l'irréel et autres enceintes de jacky.
Marrant, oui, tout ce bordel juvénile. Un Robin bon diable et un savant fou qui font du bordel.

Et ce n'est pas le dernier faux EP Oblivion Hunter qui va bouleverser ce petit monde de vomi sonique. Même si changement il y a peut-être, puisque on y entend plus de guitare (?) et un peu moins de basse, semble-t-il. De la guitare au son relativement plus, hum, clair et aigrelet, moins épais, plus sujet aux manipulations d'échos qu'aux transfigurations overdrivées. Comme dans les plus évidents "Fucker Fly Fucker", le vaguement hindouiste "The Soft Spoken Spectre" dénué de batterie, et le long jam final pénible "World Wobbly Wide".
Bon désolé, je n'aurais jamais dû parler de son clair, tout cela est tout de même très très saturé. En témoigne les très bruyants "King Candy", "Oblivion Balloon", "Baron Wasteland" ou même le "Salamander" sans surprise.
Les mélodies sérielles qui font la patte du duo n'apportent rien de nouveau, pas de vrai rafraîchissement à signaler, si ce n'est – peut-être toujours – un psychédélisme encore plus évident. Il s'agirait plutôt d'une certaine affirmation de leur amateurisme désintéressé, de leur branlitude bruyante.
Car il n'y a plus de malentendu possible : Lightning Bolt s'amusent à foutre le souk avec ce qui peut leur tomber entre les mains et enregistrent le tout sans se soucier... sans se soucier de grand-chose. Ni de la cohérence de leurs morceaux, ni de l'intérêt qu'on pourrait y trouver, sans chercher à être extrême non plus, sans jouer à celui qui aura la plus grosse, sans même chercher à pondre de vrais morceaux. Des jams psychés garage noisy, vite-faits, vite enregistrés.
Les Lightning Bolt pourraient très bien être ces deux potes à vous, toujours un peu bizarres, toujours rigolos et toujours plus ou moins défoncés, qui ricanent dans leur cave, entourés de leurs générateurs de bruit et d'une vieille batterie défoncée.

Certes, on peut y trouver un certain plaisir si on aime le bruit et les notes qui tournicotent dans la fumée de transistors grillés, mais je dois dire que ce nouveau disque n'apporte rien de très fabuleux au petit monde déjà bien peuplé du groupe.
Quant aux amateurs de grosses productions lisses, compressées, calibrées, "efficaces" et serrées comme toute grosse merde bien tassée (les fans de Metal-Hardcore, quoi, hin-hin-hin !), ils passeront leur chemin, hermétiques qu'ils seront toujours à cette diarrhée fluorescente et champignonneuse.
Par contre, pour faire chier vos voisins cas-sociaux accros à la Techno Tuning ou les étudiants demeurés du troisième fans de Frank Alamo, ça marchera du tonnerre.
Pour ma part, j'ai des potes qui font encore plus de bruit que n'importe quel disque de Lightning Bolt, je suis servi, merci.

N.B. : Rien de nouveau dans ce disque ? ...aaaah mais c'est que c'est un fond de tiroir ! Unreleased shit and rarities, comme disent nos amis des Amériques.
Tout s'explique.

photo de El Gep
le 30/10/2012

4 COMMENTAIRES

Eric D-Toorop

Eric D-Toorop le 16/11/2012 à 10:00:04

Bordel juvénile ça leur va bien.

arf

arf le 30/03/2013 à 22:09:07

"plus ou moins défoncés", je sais pas, après visionnage du documentaire leur étant dédié j'ai bien l'impression que ces deux la sont straight-edge, mah bon.

el gep

el gep le 01/04/2013 à 11:43:07

Ouais, je pense aussi, mais je parlais de "ces deux potes à vous" hypothétiques, en fait.
Voilà, voilà...

arf

arf le 01/04/2013 à 23:28:18

en effet, z'ont pas l'air de vouloir grandir ...

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