Mark Lanegan Band - Blues Funeral

Chronique CD album (55:27)

chronique Mark Lanegan Band - Blues Funeral

Oui un parcours comme ça, c’est plutôt la classe. Une gueule et une voix comme ça, c’est la classe, à l’américaine ! Et puis ce disque, et puis ces disques, tout simplement ultimes. On adore ou l’on doit vite écouter.

 

Mark Lanegan, c’est un peu le mythe vivant du cow-boy solitaire, de l’outsider. La gueule burinée, le corps tatoué, des paluches de bûcheron, cet homme de l’ombre traîne sa voix et sa musique où bon lui semble. Après s’être essayé au milieu de la jungle « seattlelienne » du grunge, au sein des Screaming Trees, il s’échappe direct pour les chemins de traverse. Marre de toutes leurs conneries qu’il a dû se dire, et c’est sous son nom qu’il prolonge sa voie sortant plusieurs albums d’obédience folk. Il sème aussi - et surtout - sa bonne parole, son jeu de guitare, ses qualités de compositeur au gré de collaborations sur des disques qui ont besoin de justice pour une musique qui, sans sa présence, serait tout simplement pendue haute et courte (ou presque). Partout où il passe c’est le sans faute, on s’agenouille et l’on écoute. La liste est longue et l’on retiendra le Above de Mad Season, le Songs For The Deaf des Queens Of The Stone Age, le Broken des Soulsavers et les 3 albums avec Isobel Campbell (l’ex-Belle And Sebastian). Oui sur tous ces albums, c’est bien lui qui fait la différence.

Du génial Bubblegum sorti en 2004 à ce tout aussi bon Blues Funeral de 2012 il présente maintenant ses propres chansons sous le nom de Mark Lanegan Band s’attelant principalement à la composition et aux voix, laissant les parties guitares et les autres instruments à ses compagnons de groupe.

 

Dès l’intro du "The Gravedigger’s Song" - en futur dernier compositeur-crooner quand Tom Waits aura suivi le chemin de Johnny Cash – sa voix fait trembler les murs à en décoller le papier peint (qui tombera sur la couv’ de ce nouvel album). Ces vibrations ne nous lâcheront pas de tout le disque. Entre histoires sombres au coin du feu et morceaux qui n’ont jamais autant été d’actualité de part leur traitement et l’utilisation de sons électroniques – même si « vintages », ce Blues Funeral défile avec harmonie sur des territoires qui, tout en restant cohérents, sont à chaque fois différents. Si le précédent Bubblegum paraît maintenant comme un patchwork de chansons au final différentes – peut-être lié à l’importance qu’ont eut les multiples invités, tels Pj Harvey ou Josh Homme -  alors que toutes sont fidèles à la structure « rock » batterie-guitare-chant, ici c’est l’inverse. Oui, de titres très calmes à d’autres plus « rocké », certains s’appuieront sur une rythmique guitare quand d’autres choisiront la seule paire gagnante voix/beat, tous auront un son, un rendu qui rendra l’ensemble plus dense que sur l’album précédent. Cette texture donnera à ce Blues Funeral une certaine chaleur, offrant une proximité qui permettra à l’auditeur de partager le moment de l’écoute avec les musiciens et vice versa.

 

On pourra quand même questionner le choix du tracklisting avec notamment la présence du calme – mais néanmoins excellent - "Bleeding Muddy Water" en deuxième titre quand un autre davantage « emporté » aurait plus efficacement lancé le disque, mais cela ne remet pas en cause la qualité de chacune des 12 chansons ici présentées. Sa voix fait toute la différence mais la qualité des compos, et le choix des musiciens, n’ont pas pour autant été négligé. C’est avec légèreté que, ici ou là, la guitare posera ses mélodies pour aérer les morceaux, c’est avec précision que la batterie rythmera le chant, tout est ici précisément orchestré avec la volonté évidente de ne jamais trop en ajouter. On sera forcément étonné d’un titre comme "Ode To Sad Disco" au rythme machine très, hum, dansant (la réponse était dans le titre!) de la part de ce gaillard qui vient donc du rock et du folk, mais, sans être le meilleur titre, on dira que ça fonctionne prouvant que tout a été calculé et que le Lanegan n’a pas eu peur de se laisser aller à ses envies ou n’a pas essayer de se répéter.

 

En bref, en rock, en pop, en electro, avec énergie ou en mélancolie, entre lumière et obscurité, ce Blues Funeral qui est un peu tout ça à la fois, nous montre une fois de plus que les « outsiders » sont quand même bien au dessus d’un certain lot et qu’il serait con de les laisser trépasser sans les écouter. Et puis quelle classe !

photo de R.Savary
le 24/11/2012

1 COMMENTAIRE

el gep

el gep le 27/11/2012 à 04:03:18

De beaux morceaux, notamment le premier, mais y'a aussi des titres où il ne se passe pas grand-chose. C'est le problème avec les mecs qui ont une putain de voix, parfois les morceaux reposent seulement là-dessus et du coup ça devient très léger. Certains arrangements sont vraiment de mauvais goût, aussi, même si j'aime le morceau "disco". Mitigé pour moi, donc.

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