My Bloody Valentine - M.B.V

Chronique mp3 (46:00)

chronique My Bloody Valentine - M.B.V

Dès le premier titre, j'ai souri, j'ai eu un bâillement, j'ai allumé une clope pour m'occuper et ne pas m'énerver. Pourtant, j'ai bien senti l'oxygène chauffer en moi. Ce serait donc ça, LA SORTIE TANT ATTENDUE, un ensemble de chutes de studio de Loveless. (soupirs). Vous l'aurez compris, je ne fait pas parti de ceux qui ont poireauté sur le quai pendant 22 ans.

 

Pourquoi m'énerver, pardi parce que j'ai toujours considéré ce groupe comme bien trop surestimé et je n'ai jamais vraiment compris ces références incessantes lancées à la volée d'un qu'un groupe bricole sa fuzz et balance une compo sale et planante. La reformation (?) en novembre 2007et les concerts qui ont suivis en 2008 ne m'ont pas davantage convaincu. Ben oui, ils jouent forts, très forts et mal, très mal... pas de quoi s'emballer. Les irlandais se sont fait connaître pour une certaine maîtrise de leur son, le rendre le plus large et indomptable possible tout en le tenant fermement par les couilles. Là, où ils sont forts, c'est que plus de vingt ans plus tard, la pince est toujours de mise, la tenaille plus solide que jamais. Et oui, quasi tous ceux qui s'y essayent depuis le magnétique Loveless, n'y arrivent pas aussi bien, le lâcher-prise prenant généralement le dessus. De Loveless, on peut arrêter d'en parler parce qu'à mesure que l'on avance dans l'album, ce sont d'autres effluves qui envahissent l'espace.

 

Il faut attendre/atteindre le 4iè titre de la plaque pour enfin respirer de toute cette saturation aussi bouffie qu'inutile et redécouvrir le groupe sous de meilleures hospices. Plus Pop certainement, mais plus décontractée aussi, leur dream machine fonctionne encore mieux et l'on apprécie dans une certaine rêverie la voix de Bilinda Butcher. »Is this and yes » est, certes, d'un simplicité confondante mais comme tout baigne dans l'éther, le climax s'impose. La magie opère à partir de « New You », oui auditeur, tu es bientôt à la fin de l 'évènement ! Le groupe reprend une formule connue, la plus intéressante sans contestes, le groupe ose le format chanson et c'est la qu'il est le plus attachant, le plus fort aussi. Quel paradoxe pour les chantres du bruit blanc adulés sur plus de deux décennies, de s'épanouir dans un dialogue entre synthé posé et guitare brillante, sans démesures et avec une étonnante justesse dans le ton et dans le choix mélodique. Le plaisir se propage à l'écoute du superbe « In another way ». M'voyez, le lâcher-prise ça a du bon.

Avec « Nothing is », on entre plus avant dans les marottes du père Shields, qui probablement las de la lourdeur, nous la propose métronomique, ultra répétitive et addictive. Jamais, les instruments n'ont aussi bien sonnés dans un album de My Bloody Valentine. Le meilleur reste à venir... Il se concrétise dans les presque 6 minutes de « wonder 2 », un titre choral qui reprend le meilleur du groupe.

 

Nous avons donc 4 titres sur 9 particulièrement dignes d’intérêt (pour les non-fans, je précise), c'est bien sûr trop peu pour un groupe qui a une telle envergure sur foi d'un deuxième album si marquant. On n’enlèvera pas de si tôt leur couronne de Kings of Shoegaze Style. Les fans, où ceux qui ont bien pigés le truc avec Loveless, seront aux anges et vont hissés haut cet album dans les classements de fin d'année (ah oui déjà). Les autres, trouveront un groupe inspiré au moins sur la fin de l'effort, et seront irrités des chutes de studio qui composent pour une bonne moitié cette sortie. Soyons de bon compte, il est indéniable que le groupe reste intéressant même si il est trop timide pour prendre le plaisir de se réinventer. M.B.V est un album de calcul, et on peut l'espérer, un album de transition. Maintenant qu'ils ont pris le pouls, ils peuvent y aller vraiment... l'horloge n'arrêtant pas sa marche en avant. 30 ans après la création du groupe (1983), MBV veut-il encore prouver et partager des sensations ?

 

Bien envie de réécouter Th'Faith Healers, les malheureux outsiders dont au moins leur mythique L n'a jamais faibli au fil des années.

photo de Eric D-Toorop
le 11/02/2013

1 COMMENTAIRE

Crousti Boy

Crousti Boy le 18/02/2013 à 21:57:18

Trop de Biffy, pas assez de Bloody qu'il dit, alors je me lance :

Quand j'ai lu ta chro j'étais pas très content. Je me suis dit que mettre une semaine pour assimiler un disque et faire une chronique sur un truc qui a mis 20 ans a sortir, c'était un peu précipité. Surtout qu'à la première écoute (distraite), je l'avais trouvé pas mal cet album. Mais je me suis dit qu'avant de l'ouvrir, j'allais le réécouter, et j'ai bien fait car j'ai un peu déchanté. Mais revenons un instant à la source :

Pour moi, les deux premiers albums sont intouchables dans le genre, Isn't Anything pour sa pop lunaire qui met la fin des 80ties dans les distorsions vaporeuses et annonce (ou s'accompagne) de très bonnes sorties dans le genre (Ride, Catherine Wheel, Slowdive, puis Low...), Loveless pour son radicalisme formel. Les rééditions des (excellents) EP dernièrement m'ont remis les deux pieds dedans et comme je ne suis pas trop l'actualité, je ne savais pas que la période de gestation du Kevin arrivait à terme. Alors quand j'ai vu la news, j'ai frétillé.

Donc après plusieurs écoutes attentives, voici mon impartiale conclusion :

Au final, seuls trois ou quatre titres (si on compte le premier morceau) surnagent dans un ensemble qui semble avoir été construit sur pro-tools par un mec en baggy vautré dans son canap. C'est pas spécialement mauvais mais certains titres sonnent un peu "largés" ce qui est le comble pour un groupe précurseur et novateur en son temps.

Du coup, même s'il m'a fallu une semaine pour m'en rendre compte, je suis plutôt d'accord avec ta chronique.

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