New Assholes - Récits d'Ivres

« Gér-aaaaaaaaaaaaaaard!! Arrête de fumer du hakik’ avec les beatniks, et viens plutôt boire du pinard avec ton vieux père… »

Un petit extrait du célèbre sketch de Coluche n’aurait pas fait tâche en intro de Récits d’Ivres, premier millésime longue durée des New Assholes. C’est que cette bande de pochtrons – menée par Vinvin et Ludo, respectivement batteur et bassiste au sein de Trepalium – est vouée corps et âme au culte de la bibine. Et pas de celle qu’on déguste un cigare à la main, dans le fauteuil moelleux d’un cabinet cossu éclairé en lumière tamisée, ni celle qu’on jauge du regard et du nez dans un verre largement échancré avant d’y déceler des notes de bois de santal ou de coing. Non, les New Assholes sont plutôt du genre à s’arroser la cravate avec des litres et des litrons de gnôle infâme et de picrate en phase de vinaigrisation avancée…

Et tout est au diapason sur Récits d’Ivres, à commencer par la pochette qui mériterait bien un 2^nd prix au concours annuel d’Arts Plastiques de l’école primaire Jean Carmet de Ste Berthe sur Meuse. Cet album sent le bar-PMU à plein nez (mélange de clope froide, de vieux rot biéreux et de chiottes qui débordent), la philosophie de chasseur de Galinette Cendrée et la sophistication d’un best-of du Juste Prix. A tel point que, à l’instar de l’œuvre de Ze Barges, on est forcément tenté d'y déceler un second degré bien lourdaud. Mais sûr que si le groupe n'était pas un side project de Trepalium, la Klonosphere – repère select de groupes esthètes – n'aurait jamais sorti l'album...

M’enfin allez: disons que l’on fait abstraction de tout ce décorum bas du front, et qu’on recentre notre attention sur la musique du trio. De ce côté-là, au moins… On va dire que c’est moins pire! En effet les New Assholes pratiquent un hard rock bien primaire, mâtiné de punk crouteux et de blues de poivrot. Ainsi, même en ne tenant pas compte de la voix de Ludo – qui rappelle un Bernie Bonvoisin approximatif et rendu mauvais par une gueule de bois gratinée –, c’est bien un Trust cracra entre les orteils qu’on entend clairement sur « Debout Qu’On Pisse », « Les Vieux Dictons » ou encore le très bluesy « Récits d’Ivres ». Par contre sur des titres comme « Bombard’N’Roll »  ou « Monte Le Son », l’énergie se fait nettement plus punk, le son plus lourd et la vitesse plus élevée, et l’on se prend à taper du pied, dodeliner positivement de la tête et finalement bien kiffer ce metal’n’roll très Motörheadien. Bref, tout ça a beau être plutôt basique, ça se branche assez efficacement au cerveau reptilien de l’auditeur sensible au fiel keupon et au cambouis rock’n’roll.

Et au bout du compte, même si le final tout moisi à base de plus de 3 minutes de « O-héééé, ohé-ohé-ohééééééé…! » de fond de stade merdeux n’est pas loin de nous donner envie de jouer au balltrap avec le CD, l’urgence, l’énergie et la « No prise de tête attitude » de ces joyeux drilles arrivent – sinon à nous séduire franchement, du moins… – à forcer notre sympathie. Allez… A la tienne Géraaaaaaaaaard!

La chronique, version courte: Récits d’Ivres… Tout est dans le titre. Le premier New Assholes est un concentré de hard crado et de punk clodo, entre Trust et Motörhead. C’est primitif, beauf, aviné… Mais finalement pas si mal pour vomir sur son vieux cuir dans des conditions optimales. De La Villageoise en CD.

Cglaume

le 08/04/2013