Orphaned Land - All Is One

Chronique CD album (54:21)

chronique Orphaned Land - All Is One

The Never Ending Way of ORwarriOR, le 4e et précédent opus d’Orphaned Land, fut pour moi la toute meilleure sortie de 2010. Cet album peut d'ailleurs être considéré comme l’un des blocs de granit les plus imposants de cet édifice discographique sans défaut qui a vu le groupe passer d’un death « atmosphérique » des dunes – à l’époque (de Sahara) unique en son genre – vers un metal fédérateur, universaliste bien qu'essentiellement parfumé aux dates et au miel... Et dans le même mouvement passer des fins mais petits limiers d'Holy Records vers les gros bras de Century Media. Alors forcément, vu le chemin parcouru et la collection de médailles déjà remportées, tout écart par rapport aux standards de la perfection métallico-musicale allait fatalement se solder par de sévères sanctions. Elèves Kobi et Yassi, tels des Devin Townsend du metal oriental, vous êtes condamnés à l’excellence: ne nous décevez pas!

 

Heureusement ce n’est pas aujourd’hui que ces bons élèves vont faillir à leur(s) devoir(s). Et en effet, dès la 1ere écoute de All Is One, le fan angoissé pousse un soupir de soulagement en même temps que des vagues de plaisir d’intensité croissante lui étirent irrésistiblement les attributs labiaux selon l’axe des abscisses faciales (‘fin bref: le bonhomme sourit comme un bienheureux). Caramba, c’est qu’en plus d’être exposé à une musique captivante, notre ami se prend dans les feuilles un souffle sonore d’une puissance cette fois encore accrue. Déjà qu’Orphaned Land nous avait rarement habitués aux prod’ typées « Dépoussiérage de vieux 4 pistes dans la remise de Tonton René », mais ce nouvel album balance du soleil niveau écran total indice de protection 50, des décibels limite tympanticides, du chrome Hollywoodien et un magnétisme hyper-proéminent comme rarement! Que ceux qui éventuellement pleureraient la fin de la collaboration avec Steven Wilson viennent m’expliquer les mystérieuses raisons de leur chagrin! Mais ce nouveau supplément de volume ne tient pas qu’à un changement dans les méthodes de domptage des manettes: c’est aussi – voire même surtout! – que le groupe a cette fois mis le paquet côté arrangements synphonicorchestraux, de puissantes coulées de violons tout comme une utilisation généreuse de chœurs opulents apportant une ampleur encore accrue aux compos de ces chantres de la musique qui adoucit les mœurs (On pense même parfois au Theli de Therion – comme par exemple sur « Through Fire And Water » – c'est dire...) .

 

Une fois le premier impact passé, on se rend compte que derrière la grosse artillerie orchestrale ci-avant évoquée, on retrouve avec plaisir les invariants Orphaned Landiens que sont les traversées de désert à dos de 6 cordes, les tranches de folklore yiddish endiablées, les prêches incessants pour une communion œcuménique entre les religions du Livre, l’alliance du feu et du miel... Mais il y a un « mais ». Si, si: extrayons-nous un brin de l’enthousiasme naturellement causé par ce superbe nouveau bébé orphelin pour désengluer notre esprit critique. The Never Ending Way of ORwarriOR avait été un album si proche de la perfection qu’il nous faut bien accepter le constat suivant: aussi excellent soit ce nouveau chapitre, il n’arrive pas tout à fait à atteindre les sommets de son grand-frère. Et puis – autre sujet, autre ombre légère – les vocaux extrêmes sont cette fois quasiment totalement abandonnés, à l’exception de l’oasis de violence (!) relative qu’est  « Fail ». Et ce constat n’est qu’un des nombreux aspects qui nous font réaliser combien le groupe s’engage toujours plus loin dans la démarche « Levysounours au pays de cheikh OuiOui » et abandonne de plus en plus l’évocation furieuse de djinns malicieux déchaînant les 10 plaies d’Egypte. Evidemment, cela est tout à fait compréhensible – et même louable compte tenu du contexte politique incroyablement tendu qui constitue le quotidien de ces artistes. M’enfin parfois on aimerait quand même que nos amis s’appesantissent moins sur le côté « Peace & Love » mélancolique de leur musique et fassent à nouveau parler la poudre Death metal.

    

Mais stoppons là ces stériles ronchonneries, parce qu’All Is One n’est rien de moins qu’une nouvelle pépite qu’on ne se permet de critiquer que du fait d’un niveau d’exigence anormalement élevé. Paf: l’album démarre de manière pharaonique sur ce qui sont sans doute les 2 plus grosses cartouches de l’opus: un « All Is One » démesuré, rassembleur, évident et magnifique, puis « The Simple Man », symbiose metallicorientale symphonique évoquant avec puissance et acuité la fraîcheur d’un souvenir heureux se manifestant lors d’une folle chevauchée à travers des paysages de cuivre et d’émeraude. Certes « Brother », « Let The Truce Be Known » et « Children » sont de ces morceaux où le chant se fait poignant et où les briquets illuminent l’obscurité d’une salle de concert transie (d'autant que le dernier de ces titres a même carrément tous les atouts du titre phare de comédie musicale à gros moyens). Mais bordel, quand les formes y sont aussi joliment mises, on ne peut que maintenir close sa boîte à camembert. Car cette petite heure de musique n’est qu’évidence mélodique heureuse, caresses épicées et saine énergie électrique. Et sur « Our Own Messiah », le groupe nous rappelle que même sans les grandiloquents apparats orchestraux, il est toujours autant capable de composer un monument de puissance positive. Par contre il est vrai que l’on regrette un peu que l’aventure se termine sur la mélancolie chamallow de « Children », tout magnifique ce titre soit-il: inverser les places de ce titre et de « Our Own Messiah » aurait permis au groupe de tirer sa révérence avec bien plus de panache. M’enfin ce que j’en dis hein… D’autant que ceux qui auront acquis la version digipack CD+DVD auront encore droit à la douce somnolence doomeuse intitulée « As I Stare At The Ocean Alone », puis à une version turque de « All Is One », avant de finir sur un « Children » équipé d’un refrain en arabe. Alors de quoi se plaint-il celui-là?

 

All Is One est donc le 5e joyau d'une couronne qu'Orphaned Land ne semble pas prêt d'oter, cette terre orpheline étant décidément d'une extrême fertilité! Maintenant s’il fallait quantifier et comparer la beauté, je dirais que ce nouvel album est certes un peu moins éblouissant que The Never Ending Way…, mais qu’il s’avère plus fort et direct que Mabool. Quoiqu'il en soit celui-ci s’inscrit avec logique et maestria dans l’exceptionnel parcours discographique du groupe. Bref, ce n’est pas encore pour cette fois que les israéliens entameront une longue et douloureuse traversée du désert artistique…

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: avec ce All Is One plus direct et en même temps plus orchestral – mais sans perte d'identité ni de capacité à écrire des mélodies exceptionnelles –, Orphaned Land consolide sa position d’intouchable grand prêtre du « metal oriental ». Moins époustouflant que l’album précédent (... quoique ...), l’opus n’en reste pas moins un album indispensable. Encore un!

photo de Cglaume
le 06/09/2013

12 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 08/09/2013 à 12:57:10

Mazette, j'ai toujours du mal avec le chant

cglaume

cglaume le 08/09/2013 à 15:45:06

Laisse donc ta zette de côté, elle a le dos large mmmmhh ???

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 08/09/2013 à 19:24:22

Une précision sémantique s'impose pour éviter toute confusion.

cglaume

cglaume le 08/09/2013 à 20:55:37

Ce serait moins drôle. Je préfère fusionner le con.

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 09/09/2013 à 17:45:39

Gaffe, c'est l'ouverture de la chasse, le Lapin n'est pas en odeur de sainteté.

Eric D-Toorop

Eric D-Toorop le 10/09/2013 à 09:36:04

Un album qui fera le tour de tous les tops de fin d'année

cglaume

cglaume le 11/09/2013 à 12:15:22

Il y a des chances en effet ! :)

Eric D-Toorop

Eric D-Toorop le 11/09/2013 à 17:33:04

Déjà dans les tops de 3 émissions rock sur 4 chez nous à RQC ^^

korbendallas

korbendallas le 12/08/2014 à 12:28:34

Bon, je crois que j'y arriverai pas avec cet album. Attention, il est bon mais il manque quelque chose, je n'accroche pas ... trop d'orchestration pour moins de mélodies de guitares et de chants orientaux (un comble pour Orphaned Land ...) ... je suis un peu moins étonné du départ de Yossi Sassi du coup !

cglaume

cglaume le 13/08/2014 à 01:10:28

Si tous les albums décevants étaient comme ça, il n'y aurait plus de dépressif chez les métalleux ;)

korbendallas

korbendallas le 04/05/2018 à 14:37:56

Bon, avec du recul, tu vois que ça sentait pas bon cette histoire ? :)

cglaume

cglaume le 04/05/2018 à 17:45:59

On était encore du bon côté de la frontière au moins...

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