Paradox - Tales of the Weird

Chronique CD album (47:42)

chronique Paradox - Tales of the Weird

La vache, on a beau se tenir au courant, lire des mags, consulter les potins de la Mère Tallica sur le forum de Paris Thrash (…Le poids de l’émo, le choc des perfectos), il y a toujours ces inévitables moments où une bio vous apprend l’existence d’un groupe légendaire, contemporain des débuts du thrash (.../du death/du hardcore/...), qui a sorti son lot de classiques… Et dont vous n’avez absolument jamais entendu parler! Genre Paradox, vieux groupe de thrash teuton formé en 1986 (mais dont la première émanation remonte carrément à 1981!) ayant 6 albums sous le coude – dont  2 sortis chez Roadrunner –, des prestations au Wacken, au Bang Your Head, et la présence en ses rangs de Christian Muenzner (ObscuraSpawn Of PossessionNecrophagistDefeated Sanity). A se demander si on n’avait pas vécu jusqu'ici dans une dimension parallèle qui viendrait seulement de rejoindre le tronçon de réalité habité par le gros de la communauté metal....

 

Alors, le 6e album d’un groupe de teutonic thrash qui a plus d’un quart de siècle dans les bottes, ça donne quoi? Eh bien non, perdu, vous subodorez de travers: on est ici à mille lieues des mousquetaires Sodom / Kreator / Tankard / Destruction. Paradox ne donne pas cette impression rugueuse de sortir de la mine, mais sonne paradoxalement (Paradox allemand ?) beaucoup plus américain. Un peu comme ces très bons albums sortis sur le tard par certains piliers du thrash US – genre Heal et Independant de Sacred ReichDrift de Flotsam And Jetsam, ou Distortion de Forbidden –, mais fondu dans le moule des prod’ et gouts actuels. Voilà, c'est ça: comme Death Angel et Testament sur leurs dernières sorties… ‘ voyez? Ajoutez à cela un petit côté dark-prog classieux à la Nevermore, et puis quelques décrochages plus heavy/power (un exemple parmi d'autre: le chant. Sur le refrain de « Tales Of The Weird », on croirait entendre « Alive But Dead » de Rage) et vous aurez une bonne idée de la musique offerte sur Tales Of The Weird.

 

Classieux mais pas prétentieux, accrocheur, pêchu: ce sont des qualificatifs qui collent au poil à ce Tales Of The Weird. Et bien que Charly ne puisse éviter parfois quelques trémolos heavy/prog dans la grande tradition du genre, on adhère sans mal, même sans être fan de ce genre de chant bien typique, tant les morceaux sont entraînants, fonceurs et intelligemment ficelés. Oui, même si beaucoup de morceaux dépassent la limite des 6 minutes: ces gars savent garder notre attention, et maintenir la pression… D’autant qu’en dehors des soli qui fendent la bise, de la rythmique qui cavale à bon train et de cette basse ronronnante, le groupe vient nous coller de bons petits coups de boule bien frontaux, tel un « Day of Judgement » qui claque fort les joues à la manière d’un Annihilator ou d’un Testament sur les nerfs. Ou tel « The Downward Spiral » qui monte en régime jusqu’à débouler de vos enceintes à fond les ballons. On a également régulièrement le droit à des éclairs de pur métallitude qui nous extraient soudainement de nos pensées pour nous coller un grand coup de gong entre les oreilles. Tiens, par exemple: ce feu d’artifice guitaristique à 1:37 sur « Escalation », si ça ne vous fait rien, vous êtes bons pour retourner écouter du drone. Ou cette électrocution saccadée hyper groovy, à 3:13 sur « Brainwashed »: du pur bonheur!!

 

Et comme ça ne suffit pas, pour un "grand", de proposer du matériel « standard » de grande qualité, le groupe nous gratifie de quelques petites fantaisies qui font mouche. Ainsi, pour bien mettre l’accent sur le funeste couac conclusif vers lequel nos objectifs à court terme nous conduisent inéxorablement, la fin de « Slashdead » saute comme un CD endommagé, laissant par intermittence la place à une lugubre marche funèbre. Effet garanti. Et quel final que ce « A light In The Black » sur lequel on n'a de cesse de vouloir entonner « Breaking The Law, Breaking The Law », et qui laisse une large place à un orgue qui solo-ïse au coude à coude avec la gratte. Un (autre) tube en puissance!

 

Avec Tales Of The Weird, on parle donc d’un quart de siècle d’expérience injecté dans trois quarts d’heure de heavy thrash progressif mais couillu, et non pas de la (N+1)ième réanimation douloureuse d’une vieille gloire qu’on aurait mieux fait de laisser reposer dans ses bandelettes. Paradox, je ne connaissais pas, je n’en attendais rien, et j'avoue que le groupe m'a collé un bon vieux coup de pied au cul bien revigorant... On va finir par y croire, à ce statut de "vieille légende"!

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courteTales Of The Weird est une bonne surprise heavy thrash progressivo-pêchu, entre Sacred ReichRageTestament et Nevermore.

photo de Cglaume
le 04/02/2013

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