Pine Barrens - Kingmaker

Chronique CD album (32:00)

chronique Pine Barrens - Kingmaker

C’est marrant quand on pense à toutes les armes mises à la disposition des félés qui se décident le plus simplement du monde à faire la musique la plus violente possible. Le blast beat, les plans crust ultra rapides, le fait de hurler comme un batard dans un micro, les cassures de rythme, la distortion, les dissonances, le palm mute, les accords mineurs, et tout le merdier. Je suis sûr qu’on pourrait sortir des albums de grind acceptables juste en dosant ces quelques ingrédients en studio, sans même s’emmerder à véritablement composer des chansons. Je suis également persuadé que pas mal d’albums du genre pourraient avoir été pondu comme ça sans que ça choque personne. Et ouais, la musique très violente, ça peut aussi s’écouter comme on écoute de l’euro-dance, du gros dubstep ou encore une bonne vieille improvisation jazz… Délesté de tout sens critique, en pilote automatique, armé de notre seule sensibilité d’amateur, elle même forgée par des heures et des heures d’écoutes successives. De la musique de drogué ouais.

 

Mais repensons au cahier des charges évoqué plus haut alors que l’on écoute le premier et tout récent album des Pine Barrens (le player bandcamp est sur la gauche les amis). Visiblement, il ne manque rien, tous les éléments sont là. Ça ventile, ça envoie, ça casse le rythme, ça braille et ça blaste. Intense. Ok, ça va mieux. Je bouge la tête. Je dois même avoir un petit sourire nerveux avec un peu de bave à moitié séchée au coin des lèvres. Tout va bien. L’ersatz de sens critique et de conscience que j’ai encore à se stade me souffle des références plus ou moins bien connues comme Converge , Pig Destroyer,Nasum ou encore Pg 99. Mais à travers tout ce plaisir facile et quasi sexuel (oui, madame), se profile quelque chose de bien plus vicieux, un peu comme une espèce de conscience que des choses bien plus passionnantes et intéressantes se produisent de manière sous-jacente… Un peu comme si les anglais composaient de véritables chansons… Oui, vous savez, comme les Beatles.

 

C’est peut être pas un hasard si les groupes que j’ai cité au dessus (et qui n’ont pourtant pas forcément grand chose à voir avec le groupe dont il est question ici) ont naturellement émergé. Eux aussi manient l’art subtil de l’annihilation massive de tympan en collectionnant des gimmicks usés jusqu’à la corde mais, pourtant, eux aussi enregistrent (ou ont enregistré) des disques dans lesquels se cachaient moultes richesses dépassant aisément le stade du gros blast beat qui tache. Et donc Pine Barrens, derrière leur propension à manier la typologie du grindcore à la perfection, développent des tas d’idées super intéressantes, insufflent de l’âme à leur musique au moindre ralentissement et se permettent même de caler des mélodies de temps en temps, histoire de faire battre nos petits cœurs de fillettes refoulées. Et je parle même pas de l’apport de ce saxophone ( ?) langoureux sur « Binary ».

 

Au final, que reste-t-il de mon sens critique à l’issue de ces neuf titres ultra violents. Plus grand chose, j’avoue. J’ai mal à la nuque. Mes oreilles sifflent. Par contre je sais une chose… Quand j’aurai des envies subites de violence gratuite et que j’aurai épuisé la discographie de Converge , Pig Destroyer,Nasum ou encore de Pg 99, il me restera donc Pine Barrens. Ça sera toujours 1000 fois mieux que le premier disque de grind bas du front, même s’il est bien produit.

photo de Swarm
le 13/01/2014

3 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 13/01/2014 à 20:53:09

Arriver à sortir le Beatles dans une chro de grind : chapeau bas

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 13/01/2014 à 20:53:23

leS Beatles

swarm

swarm le 14/01/2014 à 11:05:46

c'était une de mes résolutions de 2014.

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