Pylone - Things That Are Better Left Unspoken

Chronique Vinyle 12" (37:56)

chronique Pylone - Things That Are Better Left Unspoken

On avait bien aimé l'album unique et éponyme de Messieurs de Fursac, sorti en 2008. Oui, 5 ans, une éternité. Pour vous rafraîchir la mémoire, une bafouille publiée le 02 mars 2011 est à consulter ici. Pas le temps de consulter ! En bref, cet album étonnement passé inaperçu faisait la part belle à 20 ans de Post-Rock en balayant grosso-modo les tranchées souillées par Slint et Mogwai ! Oui, rien que ça. Une pièce pleine d'émotion qui s'invite régulièrement chez moi pour tout vous dire.

 

On retrouve dans Pylone, Matt – un des animateurs de l'émission Rien à Branler- qui tenait déjà la guitare chez Fursac, Nadège et Julien (ex- Headwax) assurent la section rythmique alors que le chant (!) est l’œuvre de Jul (ex?), voilà pour le who's who. Généralement, ce n'est pas le genre d'informations primordiales pour causer d'un disque, merci, je sais. Ici, c'est différent, connaître un chouias le parcours des protagonistes permet de comprendre davantage où ils vont avec ce premier opus. Et puisque nous sommes dans le paragraphe sentimental, je dois bien avouer que ce premier opus me fait penser aux disparus de cARN, combo nancéen auteurs d'un EP solide et d'un album unique, magistral (1994), avant qu'ils ne disparaissent complètement de la circulation. Autant prendre quelques précautions, si il venait à l'idée du groupe d'entamer une partie de cache-cache.

 

Things that are better left unspoken, est un disque noise-rock assez intriguant, envoûtant par moments. Un album qui demande du temps pour l'apprécier à sa mesure. Dans le rayon noise-rock, nous sommes souvent accueillis avec un uppercut à l'estomac. La basse qui vrombit, la cymbale qui claque et une poignées de riffs tendus. Faites un tour chez les plaques de Shellac, Jesus Lizard et une bonne moitié des catalogues d'Amphetamine Reptile et Touch & Go pour vous faire une idée. Pour les contemporains, il vous faut vous tourner sur le travail accompli par des labels comme A tant Rêver du Roi, Whosbrain ou encore Africantape. Bref le genre est loin d'être perdu dans l'oubli. L'Histoire, les influences des protagonistes, le goût de bien faire les choses, amènent depuis quelques années, dans l'hexagone (mais pas que...), un nombre conséquents d'albums souvent jouissifs, immédiats et parmi ceux-ci, certains vraiment intéressants par leurs partis-pris. Des sorties, bien sûr confidentielles – toutes proportions gardées-, destinées aux connaisseurs et sans esprit de compétition.

 

Things that are better left unspoken frappe fort et durablement les esprits par une approche assez surprenante dans le genre. Pylone préfère la clarté à la dissonance et quand celle-ci est présente, elle est parfaitement maîtrisée pour saisir le propos, « Tumbledown » est un cas qui fera école, la trame glisse sur un faux blues lent. Quelqu'un a dit Melvins, même pas... il n'y a pas de trace de cambouis sur les cordes. On trouve cette clarté saisissante sur l'ensemble de l'album, comme une trace indélébile, une démonstration des bienfaits de la simplicité et pas la peine de mouliner pour arriver à mettre les effets. En se concentrant sur la guitare, on perçoit d'autant plus toute l'ampleur et la profondeur du jeu de la section rythmique, libre, entre sobriété et puissance. Là aussi, « Clear back » fait figure d'exemple.

 

Pylone propose donc un premier album qui fait la part belle à l'économie de moyens, avec une production près du corps, sans fioritures, une version moderne des enregistrements réalisés à travers une mixette 8 pistes comme pouvait l'affectionner un Lou Barlow ou Slint (forcément). Une belle mise en place, un dosage malin des sons, et des compositions pas si fragiles que ça, et un atout non négligeable porté par le chant omniprésent. Les mots, leur musicalité ont l'importance des notes, chez Pylone ; ils en profitent pour rendre un hommage à Bukowski et en français dans le texte, s'il vous plaît. Les 2 éléments marquants de l'opus reposent sur cette évidence du chant – 3 écoutes, rendent le timbre familier – et une forme de nonchalance propre aux formations post-rock. Voyez, quand je vous causez de l'importance du profil et état civil. Car il est bien évident que les formations et les expériences des musiciens du groupe, nourrissent l'originalité de la pièce. Eux, savent pertinemment, où ils vont.

photo de Eric D-Toorop
le 27/08/2013

3 COMMENTAIRES

Tookie

Tookie le 27/08/2013 à 10:30:25

C'est bien cool ton machin là ! Hop, on attend la paye et partez sous sous !

Sam

Sam le 02/09/2013 à 17:01:10

hum... c'est pourtant sensé être ma came, mais je trouve ça mollasson. Pas les compos, elles m'ont l'air de tenir debout, mais j'ai l'impression que le son pourrait être un peu plus péchu. Un poil de compress sur la batterie notamment aurait pas fait de mal.
...et pis bon, l'accent franchouillard mouais...

Eric D-Toorop

Eric D-Toorop le 03/09/2013 à 17:36:11

Ce n'est pas l'enregistrement le plus "costaud" du lot ... certainement... mais il y'a une saveur dans cet album... à mesure des écoutes, il accroche bien...

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