Rotting Christ - Kata Ton Daimona Eaytoy

Chronique CD album (56:03)

chronique Rotting Christ - Kata Ton Daimona Eaytoy

Attendez-vous à être un peu désarçonné par la nouvelle oeuvre des géniaux grecs car Kata ton daimona eaytoy éloigne encore un peu plus les Hellènes de leurs origines Black Metal.

 

"In Yumen-Xibalba" nous propulse en pleine cérémonie païenne dans les profondeurs d'une ziggurat. L' intro met la chaire de poule car elle annonçe d'emblée une oeuvre hors norme comme peu de groupes peuvent se targuer de pouvoir réaliser. Nous voilà plongés dans le passé, au coeur des mythes et des légendes sinistres et ancestrales, de celles que se racontaient les hommes au coin du feu, au coeur des jungles, des steppes ou des montagnes.

Avec "P'unchaw katchun – Tuta kachun", le rituel se poursuit alors que Sakis, en maître de cérémonie, change quelque peu son timbre de voix si reconnaissable. Les choeurs esthatiques nous invitent à déclamer les hymnes sacrés de l'empereur Pachacutec. Ce dernier initia l'expansion fulgurante de l'empire inca au XVème siècle. Le jeu de guitare est typé sur ce morceau, une marque de fabrique du groupe qui pond des riffs vous rentrant dans la tête pour ne plus en sortir.

"Grandis Spriritus Diavolos" nous fait changer de protagonistes. Le son se fait plus dure et Sakis commence à scander de façon caractéristique. La rythmique est pesante. Le chant se double de choeurs opératiques pour tutoyer la transe religieuse.

Le morceau "Κατάτον Δαίμονα Ἐαυτοὗ" rappelle dès les premiers accords le belliqueux Aealo. Je pensais trouver un morceau de ce genre bien avant dans la tracklist. Mais Rotting Christ n'est jamais là où on l'attend. Ce sera le seul titre faisant directement référence à l'album précédent.

Pourtant la dernière production des Grecs est la suite logique de ce dernier, à la fois très mélodique et puissante.

"Cine iubeste si lasa" nous plonge dans un conte roumain avec un chant féminin lugubre interprété par Suzana Vougioukli accompagnée par Eleni Vougioukli au piano, deux artistes connues pour leurs interprétations de chansons traditionnelles de différentes ethnies. Des rires sinistres raisonnent dans la nuit. On imagine des strigoïs sortant de leur tombeau pour se repêtre des humains. D'ailleurs, le morceau fait étrangement penser à la B.O. d'un film et pas une comédie romantique évidemment.

Autre continent, autre croyance et encore la menace des choses qui se cachent dans les ténèbres. "Iwa Voodoo" évoquent les Loas, ces esprits haïtiens qui font le lien entre les dieux et les hommes.

Gilgameš se passe d'analyse thématique : on ressent à l'écoute de ce titre la puissance du roi d'Ourouk et toute la démesure de sa quête de l'immortalité. C'est le morceau où le passé du groupe est le plus présent.

Rotting Christ nous invite ensuite à parcourir les steppes russes avec "Русалка". Le chant hurlé de Sakis convoquent les sinistres esprits des eaux qui attirent petits et grands dans leur fosse pour les noyer.

"Ahura Mazda – Azra Mainuu" nous transporte sur les terres de Melechesh, sans plagier ces derniers bien sûr. Rotting Christ est unique. Ahura Mazda était une divinité de l'ancien Iran. Il était considéré comme un dieu parmi les autres dans le panthéon perse jusqu'à l'époque du prophète Zoroastre (Zarathoustra) qui vécut vers 1200 avant notre ère. Zoroastre dénonça les anciens dieux et Ahura Mazda fut dès lors considéré comme le dieu suprême.

Les deux derniers morceaux sont eux aussi marqués du sceau du mysticisme alors que "Welcome To hell (rien à voir avec Venom) prend une forme particulièrement épique.

 

Kata ton daimona eaytoy glorifie les cultures antiques et mystiques à travers le monde. Tout le long de cet album majestueux, Rotting Christ fait ainsi référence aux mythologies maya, sumérienne et inca mais aussi au folklore roumain, russe, au vaudou et au Zoroastrisme.

Presque chaque morceau de l'album est marqué par des chants répétitifs, parfois à la limite de la psalmodie, et par une rythmique tribale, archaïque, celle des origines. Son pouvoir évocateur est terrassant et raisonne dans notre imaginaire. Il suffit de se laisser porter.

Si la prise de risque est réelle et maîtrisée, la structure redondante et hypnotique de l'album pourra en rebuter certains.

Moi je suis totalement conquis par ce voyage dans les mythes fondateurs de l'humanité. 

photo de Crom-Cruach
le 01/03/2013

14 COMMENTAIRES

Cobra Commander

Cobra Commander le 01/03/2013 à 10:52:42

Le concept est séduisant... faut que j'aille jeter une feuille sur leur popote.
J'ai quelques a priori: Rotting christ ma toujours fait l'effet d'une overdose de Fuca...

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 02/03/2013 à 19:54:18

Un Smecta et c'est nickel !! Pffff ....

Cobra Commander

Cobra Commander le 03/03/2013 à 00:11:32

J'ai écouté et j'accroche pas... ça sonne vide, je trouve.
:(

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 03/03/2013 à 19:01:41

Marrant ces ressenties diamétralement opposés...

Cobra Commander

Cobra Commander le 04/03/2013 à 10:40:51

On va devoir arranger ça, l'épée à la main!
En garde!

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 04/03/2013 à 12:46:00

Moi c'est la hache de bataille, c'est plus viril. Arf !

el gep

el gep le 05/03/2013 à 14:25:34

Je ne comprends pas tout ce foin non plus... "Vide", ouais, ça me le fait aussi... Un je ne sais quoi de puéril aussi, mais bon, c'est souvent ça le Meuhtal, c'est pas forcément gênant... Mais là c'est pas loin du ridicule...

Tookie

Tookie le 05/03/2013 à 14:33:10

Pas mon truc non plus...

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 05/03/2013 à 18:48:50

Puéril et ridicule el gep ? Deux adjectifs me qualifiant parfaitement. Du coup, j'adore.

el gep

el gep le 06/03/2013 à 20:37:44

C'est con, je pourrais dire pareil que toi pour les adjectifs... la goutte et les douleurs, tout ça...

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 06/03/2013 à 21:18:20

C'est encourageant. On arrivera bien à s'accorder un jour ou l'autre sur un truc à écouter ! Arf !

Latino Punk

Latino Punk le 16/03/2013 à 10:38:44

J'y ai été un peu reculons au début... maintenant les deux pieds devants! Qu'est ce que c'est bon ce truc! Du gros métal qui tâche, et des influences ethniques du monde entier. Du Soulfly en mieux!

Latino Punk

Latino Punk le 16/03/2013 à 10:56:39

En fait ce skeud, c'est un peu ce que Soulfly (la voix ressemble à bien des égards à celle de Max) a toujours cherché à faire, sans jamais y parvenir correctement.

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 16/03/2013 à 11:59:40

Sauf que Rotting Christ ne sont pas des grenouilles de bénitier, au contraire même !

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