Tagada Jones - Dissident

Chronique CD album

chronique Tagada Jones - Dissident

Après vingt ans de fureur et de bruit, Tagada Jones est devenu une institution du Punk hexagonale. Et comme toute institution, installée dans la routine pour certains, les keupons ont été souvent critiqués, avec la fin de la période Gus.

Je suis, depuis l'album Virus (1999), un gros amateur du combo, pour les avoir vu en concert dans les meilleurs conditions comme dans les pires. Les gaziers sont, pour moi, un modèle de DIY, n'en déplaise aux crêteux mal embouchés. Un morceau a été composé pour eux, d'aiileurs, sur cette galette.

 

Défenseur, depuis le début, d'une certaine éthique musicale, ne changeant pas d'un poil ses convictions que certains cyniques jugent galvaudées et bien pensantes, Nico (et sa bande), ne peut pas être accusé d'avoir, à un quelconque moment, retourner sa veste, seulement d'avoir calmé le volume.

Le line-up d'origine ne comporte plus que le petit brailleur et son complice de toujours Steph. Ce dernier force le respect d'ailleurs, n'ayant que pour seul objectif, en apparence, d'envoyer du gras, du riff qui tranche jusqu'à plus soif. Bien sûr ce qui constitue toujours l’identité de Tagada Jones, au niveau sonore, est surtout le chant de Nico : insupportable pour certains, indispensable pour moi.

Mon collègue Sepulturastaman avait déjà parfaitement résumé les travers, le côté politique et les meilleurs aspects du groupe sur sa très bonne chro de Descente Aux Enfers sorti en 2011.

Je vais éviter maintenant de le pasticher.

Pas facile.

Tout d'abord, la longueur de la galette, pas moins de vingt titres (bigre) pour la version ayant fracturé mes esgourdes, devrait imposer logiquement son lot de scories, surtout à la vue de la pochette super moche.

Pourtant même si cette débauche de morceaux semble gavante sur le papier, à l'écoute ce n'est pas vraiment le cas.

Des gadins, il y en peu, à ma grande surprise.

Tagada Jones est revenu en partie au noyau dure de sa musique. Le premier titre de la plaque n'est donc pas vraiment représentatif des claques distribuées par la suite. Et son côté manichéen/putassier devient une gourmandise sucrée parfaitement à sa place, une fois l'album terminé.

Tagada dégaine en deuxième position un bon Punk/HxC aux riffs grassouillets collant forcément un sourire béat sur votre sale face. "Vendetta" alignent ensuite des paroles peut-être sujettes à polémique, exposant les motivations d'un gars ayant fait justice lui-même pour le meurtre de son môme.

Pas de polémique pour ma part. L'humanisme s'effacerait devant la loi du talion.

"Liberticide" poursuit la ligne désabusée et rageuse d'un groupe mettant ses tripes sur le billot. Libre à vous de tenir la hache du bourreau, de prendre le rôle de la victime ou de vous en foutre totalement.

"Karim et Juliette" est un hommage non déguisé à Bérurier Noir : jouissif pour les vieux comme moi ayant construit leur identité politique avec la bande des Agités.

"Tout va bien" est un morceau de Punk classique (en tutu) à la ligne de basse rappelant les meilleurs moments de... Rancid. Toujours avec en filigrane, une vision réaliste de la vie du Français moyen en but à la violence ou la politique de l'autruche chère à notre culture des Lumières.

"Le Chaos" bourrine, démonte, à fond les ballons comme les Tagada le faisait dans le temps. Idem pour "XXL" avec encore une basse très présente, une constante de l'album. Le titre éponyme de la galette apparaît alors comme l'un des moins attractifs, le plus commun, sans être aucunement désagréable.

"Tous Uni" et surtout "Superpunk" et "Tout Casser" me font dire que sur ce coup là, les Tagada ont posé un bon pavé, massif, mélodique et emprunt d'une adrénaline galvanisante.

 

Au rayon des featuring, on retrouve de l'Aqme et du Guizmo (mouais), du Reuno Lofo (sur deux morceaux), du Poun BBA et du Loran Béru (deux titres aussi) pour les incontournables. Celui de Stéphane Buriez, sur le très bon "Blasphème" étonne déjà plus. L'osmose est parfaite sur ce morceau, le métalleux amenant un chant HxC et vindicatif qui se marie à merveille avec celui de Nico.

Au rayon des indispensables, encore, "Skin Ou Keupon", une reprise survitaminée de Tulaviok, a forcément un parfum oldschool, fédérateur. Une chanson à boire faite pour le Live, pour brailler comme des veaux : Oï !Oï ! Oï ! Ton seul ennemi c'est le képi !!!!

Au final, je n'ai pas pu éviter l'écueil du track by track, à quelques exceptions prêt. Rien à battre, les blasés ne seront pas arrivés jusqu'à la conclusion qui suit.

 

Dissident, bien qu'un poil bourratif, parle à la tête (parfois), au cœur (souvent) et aux tripes (toujours).

Fichtre, j'ai rajeuni de vingt piges.

 

 

 

photo de Crom-Cruach
le 14/02/2014

6 COMMENTAIRES

SNAKE

SNAKE le 14/02/2014 à 12:46:29

Ta chronique donne au moins l'envie d'y jeter une oreille. Par contre Tagada Jones modèle de DIY faut quand même pas déconner.

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 14/02/2014 à 14:12:04

Merci du compliment.
Pour le côté DIY: pour moi un groupe qui monte son truc pour se produire a tout de même une certaine crédibilité.

SNAKE

SNAKE le 14/02/2014 à 17:59:27

Permets moi d’être sceptique quand je vois la blinde de sponsor sur le flyer qui annonce la sortie de l'album. Tagada Jones est un groupe qui s'inscrit dans une logique commerciale mais ça ne veut pas dire pour autant que c'est de la merde.

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 14/02/2014 à 19:53:47

Je te permets, tu peux tout te permettre tant que ça reste ... platonique , entre toi et môa.
Après le terme "commercial", je l'ai beaucoup employé également. Il paraît super relatif en réalité quand tu parles de musique avec les gens "normaux". Pour mes collègues de taf, TAGADA n'est pas mais alors pas du tout "commercial". Et ma chérie qui ne supporte pas (et qui les reconnait en deux temps, trois mouvements) est d'accord.

wepai

wepai le 15/02/2014 à 13:13:15

commercial, pas commercial, je pense que même le petit groupe qui vend 500 albums est content d'en récolter les fruits, même si la démarche n'est pas commercial à la base. tagada jones produits un album avec l'espoir d'en vendre un peu quand même pour pouvoir en faire un autre par la suite et peut être bouffé aussi de temps à autre...... et oui il y a des sponsors sur les flyers, et oui, ils ont trouvé comment faire de la promo à moindre coût, tant mieux !! bon allez, vivement que ça sorte

SNAKE

SNAKE le 04/03/2014 à 14:37:47

Y'a du mieux...

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