The Dillinger Escape Plan - One Of Us Is The Killer

Chronique CD album (40:20)

chronique The Dillinger Escape Plan - One Of Us Is The Killer

Tout le monde connait maintenant, à juste titre, The Dillinger Escape Plan. Deux guitares épileptiques qui s’envolent dans tous les sens sur des rythmiques déstructurée où le contre-temps est l’invité régulier, avec un chanteur crieur/hurleur/performer de qualité, pour un groupe maintenant victime d’un double syndrome : tout d’abord celui du Mik(a)e Patton à qui est régulièrement comparé le chanteur, syndrome lui même lié au second, celui d’une pseudo quête du renouvellement, du changement. Alors oui, ce très bon chanteur (excellent même), dans son travail d’amélioration a récupéré des tics du Patton, et oui encore, s’il y a du changement dans le visuel du groupe, pour la musique, par contre, on parlera davantage de perfectionnement par rapport aux trois précédents albums. Le seul réel « changement » étant du coup le degré de qualité de leurs morceaux. Tous ceux qui connaissent déjà le groupe le reconnaitront à nouveau et ce n’est pas là un blâme, ils font ce qu’ils savent faire, du Dillinger post Miss Machine, et ils le font de mieux en mieux.

 

Les morceaux qui lattent, lattent encore comme 10000 et à l’instar de Miss Machine et Ire Works, avec "Prancer", ils ouvrent l’opus par un titre coupe-gorge, future mandale en concert. Rythmique ultra saccadée, guitares toutes aiguisées, comme si d’emblée ils voulaient nous mettre K.O où se rappeler d’où ils viennent. Le "When I lost my Bet" enfoncera le clou (au passage un futur « classique » du groupe tant le morceau est excellent) et quiconque a un jour aimé le groupe ne pourra que reconnaître combien ils sont encore balèzes. Ce deuxième titre pourrait d’ailleurs résumer le Dillinger que beaucoup souhaiteraient qu’ils soient. Violent, riffs épileptiques parmi leurs plus rapides, passages heavy en plein milieu, deux-trois bricoles sonores actuelles, en bref un véritable condensé du meilleur du Dillinger première époque et du Dillinger période actuelle. ("Hero Of The Soviet" Union sera aussi plutôt costaud dans les rafales saccadées !)

 

Par contre à l’arrivée du troisième titre, "One Of Us Is The Killer", comme si il voulaient/devaient mettre un peu d’amour dans leur vin, on reconnaît les « nouvelles » graines qu’ils avaient déjà semées dans leurs deux précédents albums, celles de la discorde, avec notamment l’arrivée de la plus énervante, cette voix de pseudo crooner R’nB qu’ils nous sortent sur certains passages calmes et/ou intro… Le Dillinger que les musiciens du groupe souhaitent donc être, un peu plus « sucré» et définitivement « attrape - nouvel auditeur »…

Ce troisième titre, dans la composition des albums, est pour les labels/commerciaux de la musique crucial, considéré comme celui qui retient l’attention du faible auditeur. Les groupes « pop » y placent régulièrement leur premier single, et là Dillinger n’échappe pas à cette règle, alors on peut quand même se demander si le groupe n’est pas un peu, hum, en mode « formatage » car c’était exactement la même chose sur Ire Works avec le titre "Black Bubblugum". Ce morceau est donc « catchy » à mort, presque fait pour passer sur MTV entre deux titres d’emo 2.0 et de metalcore avec ici une véritable chanson-refrain, avec, entre les refrains, et bien une montée pour relancer le refrain. Holy shit boys…

 

Et là on mets le point sur le côté « cul entre deux chaises » qu’a - à nouveau - le groupe, à savoir, des chansons (excellentes) pratiquement dédiées à leur passé, mais encore meilleures, avec plus de textures, du genre, on en voudrait davantage (voir les titres pré-cités + ceux que je vous laisserais découvrir), et celles « catchy », légèrement« pop-érisées » ("One Of Us Is The Killer" donc, ou "Nothing ‘s Funny"), comme si ils n’arrivaient pas à avancer en mélangeant correctement les deux approches sur un titre entier, sur un album entier. Par contre ils éviteront sur ce nouvel album, comparé à Option Paralysis, les deux-trois passages aux 3-4 notes de piano/synthé/machines pseudo « jazzy » et/ou « indus » qui frisaient le remplissage. On retrouvera quand même ici 2-3 de ces textures, mais mieux incorporées sur 1-2 morceaux.

 

Du coup, d’un Miss Machine complètement bancal, à des albums suivant davantages homogènes et en constante progression, on reste quand même avec l’idée qu’ils pourraient aller plus loin (surtout aux vues des qualités techniques des musiciens et du chanteur). Même si, quand ils son bons, ils sont excellents, on n’a pas encore leur nouveau chef d’œuvre entre les mains. Si ce One Of Us Is A Killer satisfera complètement ceux qui ont aimé les deux précédents albums, car il leur est supérieur, les autres devront encore attendre, et beaucoup d’autres devront quand même encore apprendre, car The Dillinger Escape Plan reste une fois de plus au dessus du lot.

photo de R.Savary
le 08/05/2013

12 COMMENTAIRES

pidji

pidji le 08/05/2013 à 10:13:08

Hâte de l'écouter en entier !

Sam

Sam le 08/05/2013 à 10:29:05

ça fait quasi 2 mois qu'il traine dans mon iPod, je me le mets de temps en temps, et ça me laisse totalement de glace. Certes ça chie, y a comme une petite volonté de revenir à l'époque de Calculating Infinity (ce qui est pas une mauvaise idée en soit) mais il n'y a pas cette spontanéité de l'époque. Et les "gros" riffs... ils ont été mille fois entendu chez eux! Ils peinent vraiment à se renouveler à ce niveau là. Et pis bon, peut-être aussi que je suis un vieux con et que leur musique depuis pas mal d'albums ne me procure plus aucun plaisir. Un vieux con je vous l'dis!

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 08/05/2013 à 10:41:04

Un vieux con également je suis. Comme Yoda je parle d'ailleurs tellement vieux je suis

Jull

Jull le 08/05/2013 à 18:50:12

Je suis de la vieille ecole, j'attends le CD!

Tookie

Tookie le 09/05/2013 à 17:57:33

Bon bah 3 écoutes, rien dans le slip, hormis sur deux trois titres comme "Understanding decay"...mais sympa. DEP quoi !
Bien, sans plus.
Par contre, Miss Machine bancal ??! C'est un putain de bon album !

R.Savary

R.Savary le 09/05/2013 à 22:42:08

Yep Toukene, je trouve le Miss Machine Bancal !!! Un album de transition pour moi, avec des chansons qui partent un peu trop dans des directions différentes sans atteindre un niveau de qualité. Même les zicos, à part le guitariste-maître des lieux, ne savaient pas à quoi aller ressembler les chansons de l'album avant qu'il ne sorte. Ils avaient chacun enregistré leurs partis musicales à distance, à partir de la guitare et de la batterie, et ils n'étaient ensuite pas présents pour l'assemblage final des morceaux ! Mais pour le bancal, ce n'est que mon avis, et à l'écoute de Ire Works et de ce nouvel album, je m'y conforte !

bing

bing le 27/05/2013 à 04:32:25

vos commentaires sont vraiment ceux d'une bande de vieux metalleux affalés dans leurs canapés! cet album est génial et aucun d'entre vous n'est plus capable de faire l'effort de l'écouter!

Jull

Jull le 27/05/2013 à 08:25:15

Apres 4 jours d'ecoute je le trouve original et interessant dans le concept. L'artwork du Lp est egalement tres bon. C"est un bon cru, un peu en dessous du precedent quand meme.

Tum0r

Tum0r le 02/06/2013 à 21:34:19

J'écoute DEP depuis Calculating Infinity et je ne peux pas ne pas l'écouter une fois par jour.

R.Savary

R.Savary le 10/08/2013 à 10:25:48

Ouais il est vraiment très bon ce nouvel album, efficace, s'écoute en entier, et fidèle à du Dillinger qui sait latter à burnes

R.Savary

R.Savary le 10/08/2013 à 10:26:29

9/10 même avec le temps qui passe

Fend

Fend le 21/08/2013 à 15:57:14

Très bonne review, merci beaucoup R.Savary !

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