Tidal Arms - Tidal Arms

Chronique CD album (41:34)

chronique Tidal Arms - Tidal Arms

Quand on chronique du disque pour un illustre webzine, mais aussi quand on prend la vilaine habitude de décortiquer nos albums récemment acquis lors de certaines soirées mondaines, on finit toujours par essayer des classer ces derniers dans des petits tiroirs bien distincts. J’ai toujours imaginé les étiquettes qui orneraient proprement ces susdits tiroirs, ornées d’une écriture appliquée mentionnant des styles pluriels et variés : néo hardcore, pagan métal instrumental, electro punk progressif, etc. ça peut aller très loin ces conneries. Souvent bien trop loin. Avouez le, vous aussi, la seconde info que vous allez pécher sur les chroniques que vous lisez, après la note, c’est le style, non ? Et avouez le encore, neuf fois sur dix, vous vous dites : « c’est des conneries ».

 

Si je vous dit tout ça, c’est que, comme un con, la première question que je me suis posée à l’écoute du disque éponyme de Tidal Arms, c’est celle du tiroir dans laquelle j’allais pouvoir enfermer les new yorkais. Et bien, les amis, cette question, tout aussi stupide soit-elle, demeure une énigme à mes yeux. Jugez en plutôt : des riffs plombés que ne renierait pas les transfuges de Black Sabbath,  des dissonances dramatiques, des larsens vrombissants pouvant aisément rappeler les heures de gloire du noise hardcore 90’s, des riffs grungy, des cavalcades métalliques thrashisantes, des patterns mélodiques quasiment pop, des accalmies mélodiques à limite de l’indie rock,  etc. On passe d’un monde à l’autre, en permanence. Les patterns s’enchainent sans cesse et nous trimballent dans tous les sens avec, comme seul fil directeur, la cohérence des compos.

 

Même le son de ce disque n’est pas forcément aisé à aborder avec ce chant à la fois gueulé et mélodique, en permanence à la limite de la justesse, toujours noyé dans une reverb clairement abusive (mais néanmoins totalement assumée). Mais ce n’est pas qu’une question de chant… Le mix tout entier semble éthéré, diffus, à la fois lointain et frontal. Bref, tout dans ce disque semble nous porter à penser qu’une réelle volonté d’immersion est à l’origine du processus créatif du groupe, et rien que pour ça, le voyage vaut amplement le détour. Vous l’aurez compris, peu importe ce que les mecs de Tidal Arms se collent comme style sur les flyers, peu importe ce qui tourne sur leur platine*, peu importe surtout les débats intérieurs du chroniqueur (oui, moi) qui se demande encore « mais putain, qu’est ce que j’écoute là ?!? »

 

Ce disque éponyme, malgré sa diversité ahurissante, est un véritable album cohérent et entier, chose de plus en plus rare à une époque où la plupart des groupes enregistrent plus des compilations de titres qu’autre chose... Il s'agit bien d'une galette qu’on se prend d’une traite, du début à la fin, sans forcément être capable de différencier les titres avant une belle dizaine d’écoutes, et dans le fond, c'est pas du tout un mal.

 

Alors, oui, la principale conséquence de ce merdier au final, c’est qu’il est très difficile de parler de ce disque dans les soirées mondaines. Il est tout aussi difficile de s’avouer à soi même ce que l’on en a réellement pensé. Mais au final je serais quand même tenté de vous dire à tous et à toutes qu’on s’en balance gentiment : si le pari était de nous embarquer le long de ces 10 titres sans que l’on ait à aucun moment envie d’aller voir ailleurs, si personne ne s’est ennuyé, si tout le monde s’est demandé à quoi allait ressembler le prochain riff, et bien, force est de reconnaître que les new yorkais s’en sont plus que très bien sortis. Il est évident que j’aurais peut-être un avis tout différent sur ce disque dans quelques mois, mais, une fois de plus, on s’en branle : aujourd’hui, je n’ai qu’une seule envie, le réécouter pour savoir, enfin.

 

*Et ben si en fait, le trio répond à cette question sur leur page facebook et ça illustre bien mon propos pour le coup, jugez plutôt : Converge, Tom Waits, Earth, Nick Cave, My Bloody Valentine, Harvey Milk, Engine Down, Marc Ribot, On the Might of Princes, Arnold Schoenberg, Bill Frisell, Roky Erickson, Dick Dale, Melvins, The National

photo de Swarm
le 19/12/2013

1 COMMENTAIRE

pidji

pidji le 19/12/2013 à 11:02:39

J'ai bien aimé ce disque, en effet pas facile de le cataloguer !

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements