Toehider - Do You Believe in Monsters?

Chronique Maxi-cd / EP (29:18)

chronique Toehider - Do You Believe in Monsters?

LE PROJET « 12IN12 » – OU LE MARATHON PROG / METAL / ROCK SELON TOEHIDER.

Episode 10, février 2010: Do You Believe in Monsters?

 

Explication du pourquoi du comment: se reporter à la chronique de Not Much Of A Man.

 

Après l’anesthésie générale pratiquée à l'occasion de 9, on attendait de Toehider qu’il s'ébroue vigoureusement afin de nous rassurer et de commencer le 4e et dernier trimestre du projet 12IN12 sur les chapeaux de roues. Avec à la clef, pourquoi pas, l’un de ces EPs « carte blanche » où le groupe ne se cache plus derrière le parfum envahissant d’un exercice de style plus ou moins tiré par les cheveux.

 

Eh bien sur ce 2e point, c’est bien le cas: Do You Believe In Monsters? n’est ni une compilation de titres latino made in Melbourne, ni une figure imposée du type « La musique baroque revue et corrigée par la vague rap metal ». Le groupe y balance des morceaux selon son humeur, sans forcément se préoccuper d’une quelconque cohérence stylistique, le trait d’union reliant le tout – s’il faut en trouver un – se cantonnant plutôt à la nature des textes (genre « Les petites angoisses du quotidiens »). Et encore, je n'y mettrais pas mon pied à couper. Ce 10e EP est donc – comme c'est le cas en début de chaque trimestre – une nouvelle occasion pour le groupe de se livrer tel qu’il est: multiforme.

 

Mais comme Mike Mills s’est fixé un strict cahier des charges pour composer chacun des 12 volumes de son épopée discographique, il s’y conforme. C’est donc sur une nouvelle intro instrumentale, « Why Are Things So Heavy In The Future? », que s'ouvre la porte de ce nouvel épisode. Et c’est une guitare Devin Townsendienne rayonnant de chaude lumière du fond de son écrin tout de scintillements ambiants qui est chargée de nous accueillir. Puis, sans transition, le maître de cérémonie laisse parler l’ambitieux heavy-progueux qui sommeille en lui en balançant un « Do You Believe In Monsters? » épique, sombre et solennel, bien que non exempt de petits réflexes nawak. C’est ainsi du milieu de chœurs emphatiques à la Carmina Burana – pimentés de lalala plus légers – que débarquent une guitare et un chant grave tout droit échappés du Dead Winter Dead de Savatage. Et Mike de nous confier à cette occasion qu’il a peur des femmes et des docteurs (on le plaint!). Mais comme on n’est pas ici dans l’exercice parodique Metaltarsus, le groupe finit en prenant la tangente d’une conclusion stoner bourbeuse qu’on n’avait pas vu venir. Bien joué!

 

Maintenant, vu qu'on vous a prévenus que sur Do You Believe In Monsters? Toehider laisse parler ses 1001 visages, vous en déduisez qu’on va y trouver… un morceau Queenien pétillant, bien vu Ginette! C’est « Too Much Information » qui s’y colle et démarre sur l’une de ces attaques vocales au débit impressionnant dont Mike a le secret – ce clown en rajoutant une couche en reprenant son souffle à la fin de sa longue tirade. Le morceau est – comme d’habitude – aussi accrocheur que grandiose, varié et déconnant. Slurp et re-slurp. Mais Toehider c’est aussi le lycée, le soleil et l’insouciance, d’où « I Don’t Really Know You That Well Yet », ses lignes mélodiques sucrées, son énergie punk-rock à peine pubère et ses petits hors sujets nawakesques sympathiques.

 

...Ce n'est pas tout. Si vous parcourez à nouveau votre checklist, il vous reviendra à l'esprit que Toehider, c’est aussi des élans de douce nostalgie. Pas celle des dessins animés de nos années Récré A2 (cf. Children Of The Sun), mais plutôt celle des dinosaures du (hard) rock, façon Old, Old, Old. C’est pourquoi « Give Myself To Science » dégaine l’orgue Hammond et le hard bluesy pour nous proposer un tube que Deep Purple serait fier d’inclure à son répertoire – j’en mets ma truffe à couper. Après autant de bonnes choses, c’est donc un peu dommage de nous abandonner sur la pirouette stérile « I Can’t Help But Follow It » qui, si elle répond bien au standard du « dernier morceau mou du g’nou » auquel on ne coupe que trop peu souvent, va un peu trop loin dans le concept. En effet 5:26 d’ambiances orageuses et ouatées, plus quelques bribes de chant a capella gorgées d’écho, ça vous laisse un vieux goût de frustration coitus interruptussienne. Ce qui fait que, finalement, on zappe…

 

Non, ce n’est pas Do You Believe In Monsters? qui nous fera croire aux monstres, cet EP n’ayant pas pour mission d’évoquer les entités innommables chères à Lovecraft. Par contre on continuera de croire dur comme fer à Toehider qui, sans donner l’impression de trop forcer non plus, continue – après la parenthèse SM 9 – à aligner tranquillement les tubes.

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: les 12 EPs du marathon « 12in12 » respectent tous (ou presque) une thématique qui leur est propre. Sauf que sur Do You Believe In Monsters?, en fait, non. Cet EP est en effet un gros paquet-cadeau de titres aux ambiances variées, qui ont comme seul trait commun (si l’on excepte le tout dernier titre) d’être  très bons.

photo de Cglaume
le 18/10/2013

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