Toumaï - Sapiens Demens

Chronique CD album (47:50)

chronique Toumaï - Sapiens Demens

Ce n’est pas tous les jours que l’actualité métallique nous donne en pâture un nouvel album de fusion funky, d'autant moins en provenance des terres françoises. Tiens d’ailleurs, test: vous en auriez beaucoup à me citer vous, des formations hexagonales qui slapperaient de la basse et grooveraient du popotin comme à la grande époque de l’apogée Fishbonienne? Attention, pas le droit de lorgner du côté de la scène nawak, hein, ce s’rait d’la triche!

Pourtant rappelez-vous, c’était en 2009. On était jeunes, on était fous. Et on avait découvert un petit groupe prometteur from Aix-en-Provence city, Toumaï, débordant d’une énergie et d’une indépendance qui faisaient plaisir à entendre. Non, ça ne vous dit rien? Vous aviez piscine, peut-être, ce jour là?

 

Eh bien les revoilou, nos fougueux paléo-minidés (pour en savoir plus sur les origines du patronyme "Toumaï", hop, on clique ), et bordel ça fait plaisir quand un combo aussi plein de promesses ne disparait pas corps et bien dans l’impétueux flot du temps qui passe et des groupes qui splittent. En fait les bougres attendaient sagement tout au fond de la caverne Underground, perfectionnant leur matériel et passant progressivement de l’âge de la pierre polie-aux-petits-oignons à celui du metal qui taille dans le vif. Jusqu’à ce que, un petit matin d’avril 2013, armé de ce tout 1er album, ils se décident enfin à sortir de leur cachette pour affronter les remous tumultueux de l’exposition médiatico-pubique.

 

Toumaï qualifie sa musique de « Fusion psyché-fonk metal ». Sous cette étiquette taillée sur mesure se cache un metal œcuménique qui fédère les différents courants successifs de la fusion – funk metal des origines (surtout), jump-hiphop metal (un petit poil), nawakeries sur ressorts (yeees!) et modern saccade-core groovy (aussi). Au final Sapiens Demens fait penser tour à tour à Psykup, System Of A Down, Scribe, Rage Against The Machine ou encore Infectious Grooves, le résultat de ce brassage étant éminemment personnel et foisonnant d’idées. Alors forcément la basse de Christophe claque et rebondit comme un Zébulon-lastique réveillé au Zest citron. Evidemment la guitare de Julien tronçonne, use de disto’ juteuses ou bien se fait houleuse. Bien sûr les cymbales de Clément frétillent d'imaptience et ses baguettes claquent avec nos doigts. Mais deux autres éléments participent plus fort encore à la constitution de la « Toumaï touch ». C'est d’abord la présence appuyée mais pas envahissante du clavier de Célia, qui travaille beaucoup en mode piano rock, ainsi qu'en configuration orgue swinguant. Sur la descente funky nous accueillant au début de « Bankster » ou sur le merveilleux « Little Psycho » – exemples parmi une flopée d’autres – la miss réussit, sans pour cela monopoliser l’espace sonore, à transporter le génial mélange proposé par le groupe en dehors des sentiers que l’on a l’habitude de battre (si vous avez besoin d'en parler: SOS sentiers battus, une ligne à votre écoute). L’autre élément à forte valeur singularisante ajoutée s’appelle Antoine. Cette pile électrique au chant halluciné oscille entre les registres « petit roquet » à la Psykup, ragga-nasal-core vénère et MC barjot à débit intense. Ecoutez donc son lead « hip-hop beatboxing » en fin de « Madness in Mind », ou son déjà célèbre « Plrrrrîît Pop Tou Pop, Plrrrrîît Pop Tou Pay! » (sur « Wiki Puppies »), et si ça vous laisse de marbre, je vous appelle ‘de suite un corbillard – pas sûr que vous bougiez encore des masses… Tiens, l’animal se lance même dans des growls convainquants le temps d’un passage goth-death à la fin de « Petit Punk En Ut #m ». Tu le crois lui!?

 

Bon, le chroniqueur consciencieux se doit quand même de formuler quelques réserves si celles-ci lui semblent justifiées. Signalons donc que, bien qu’aéré et clean – et bien meilleur que sur la démo de 2009 –, le son de l’album laisse encore entrevoir une certaine « French touch » – qui, pour sûr, ne résisterait pas 3 secondes entre les mains de l’une de ces grosses cylindrées de la prod’ lustrée. Autre menue moue: certains morceaux semblent plus servir en tant qu'illustration sonore d'histoires courtes (le début d’« Anachron », « Sapiens Demens (part 1) ») qu’à assouvir le funk addict en manque – ce qui leur fait perdre en immédiateté. M’enfin ce mélange de fusion jouissive et bondissante et d’ambiances habitées, c’est aussi ça, la « Toumaï touch ». Et le plus important est qu’à chaque écoute de Sapiens Demens, on s’esquinte autant les doigts à snapper-nos-fingaz qu’on se caresse les terminaisons audio-synaptiques à découvrir les nouvelles finesses qui nous avaient échappé jusque là. Car bien qu’assez facile d’accès dès les premières écoutes, l’album est sacrément touffu. Dans ses meilleurs moments, on pourrait même rapprocher le groupe de 6:33 de par cette facilité à accrocher, péter les plombs et proposer du lourd tout en ne sacrifiant rien aux ambiances et à la richesse de l’écriture. Et puis merde quoi, « Little Psycho », « Madness in Mind » ou « Wiki Puppies » sont de superbes petites bombes, le refrain de « Bankster » possède la balance parfaite entre pauses planantes et harangues incisives, la fin de « Sapiens Demens (part II) » décorne du gnu à la chaîne tandis que « Prey of Birds » nous offre un chouette point final habité de saccades liturgiques sans précédent. La classe avec un grand Yiiii-Ah!

 

Conclusion? Vous aimez les créations originales, les formations à forte personnalité, et puis surtout quand ça swingue, quand ça claque et quand ça vous secoue bien fort par les bretelles? Vous en avez marre du metal formaté? Ça vous ronge de voir des petits groupes excellents crever dans l’indifférence générale, bien qu’ils proposent de la musique inventive gratuitement sur le web – mais également, pour ceux qui le souhaiteraient, contre menue monnaie, dans une superbe version digipack blindée de textes et d’artworks vraiment sympas? Vous êtes à la recherche de la nouvelle sensation Fusion Funky? Alors portez-vous acquéreurs de Sapiens Demens. Parfois le bonheur c’est simple comme un click au bon endroit

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: est-ce que de la fusion inventive qui ferait le grand écart entre la funky touch du passé et le XXIe siecle, entre Psykup et SOAD, Scribe et Infectious Grooves, et qui déborderait autant d'énergie que de personnalité, ça serait susceptible de vous faire des picotis coquins dans le tentacule? Oui? Ne cherchez plus: Toumaï, Sapiens Demens, joie.

photo de Cglaume
le 21/06/2013

2 COMMENTAIRES

TheDiggingSquid

TheDiggingSquid le 23/06/2013 à 18:33:35

Le titre en écoute est excellent ! Je sens que je vais me procurer l'album !

cglaume

cglaume le 25/06/2013 à 20:05:52

En fait c'est tout l'album qui est en écoute: regarde bien ;)

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements