Twelve Foot Ninja - Silent Machine

Chronique CD album (45:05)

chronique Twelve Foot Ninja - Silent Machine

Ninjaspy semble bien être celui qui a ouvert la voie de la fusion "djeunz metal / reggae" portant katana et nunchaku à la ceinture. Vu la réussite de la formule (vous ne connaissez pas encore Pi Nature? Courrez rattraper votre retard!), il n’est pas étonnant que l’Australie ait eu envie, elle aussi, de proposer une recrue dans ce créneau encore assez peu encombré. Voici donc venir Twelve Foot Ninja, ses guerriers encagoulés, son gros son US teen metal et sa fusion djent / musiques du soleil. Et nos amis ne font pas les choses à moitié, parce qu’après 2 EPs carrément bien accueillis, c’est via un projet aussi soigneusement pensé que mis en scène que le groupe a livré Silent Machine, son 1er album longue durée. Jugez plutôt: Le « Projet 12 » a consisté à proposer, au cours de 12 semaines consécutives, chacun des 12 morceaux de l’album, accompagnés à chaque fois d’une planche de BD conçue spécialement pour l’occasion. Quand on ajoute à cela 2 clips aux petits oignons pour illustrer « Coming For You » et « Mother Sky », on réalise qu'il doit y en avoir qui croient vraiment très très fort dans le potentiel de ces petits jeunots.

 

… Et malgré ces débuts très « orchestrés », malgré certains chœurs à base de « Wahou-wahou » et de « Hein-ein-eiiin », malgré un chant clair vraiment bon mais très typé « beau gosse », et malgré quelques sucreries (bien foutues, disons-le) comme le chaloupé « Luna », le caressant « Ain’t That A Bitch » ou encore le chamallow « Liberation », eh bien on accroche… On adhère même! Bon, c’est clair que si ça continue sur cette voie, le groupe est parti pour devenir une grosse machine... Ce qui pourra freiner un peu l'enthousiasme de ceux qui aiment que le talent perce sans l'aide de la grosse artillerie marketing. Et par ailleurs soyons franc: le tout meilleur de Silent Machine est concentré sur les 5 premiers morceaux, la suite étant bonne, mais moins foncièrement démentielle. N'empèche, comment pourrait-on « bouder » le plaisir pris à l’écoute de morceaux aussi juteux, aussi œcuméniques, et aussi peu « dans la norme »? OK, le djent est un peu devenu le metal à la mode, et celui de Twelve Foot Ninja est issu de la branche la plus easy/poppy/catchy (Periphery, Textures). Mais jamais on n’avait marié celui-ci à du reggae, à de la salsa, à des pointes électro légères (ah si: ça, ça a déjà été fait), à de la disco funky, à un poil de dubstep (sur la fin de « Shuriken »), à des couleurs sobrement orientales (« Kingdom »), le tout avec autant de succès et d’accroche. Sans parler de cette touche discrètement mais sûrement Faith No Morienne (cf. « Deluge », « Rogue »…). Le début d’album est tout simplement énorme, avec  en particulier un « Mother Sky » au refrain excellent, et un « Vanguard » offrant une excellente variation « spleen reggae » de la musique de Textures. Mais même par la suite, le soufflé ne retombe jamais, les refrains catchy et les rayons de soleil n’étant jamais très loin derrière les plans syncopés et les sucreries plus évidentes.

 

La musique de Twelve Foot Ninja n’évolue pas à proprement parler dans les sphères nawak. Le thème est unidimensionnel (ninja stories en force!), le ton est assez « djeunz », mais l’ambition et le large spectre stylistique embrassé par le groupe les amènent tout juste aux frontières de DeglingoLand. Tout cela aurait été un poil moins djenteux et un peu plus déconnant, on aurait été en plein dans la sainte chapelle de Mr Bungle – d’autant que Bär McKinnon, saxophoniste en chef de la Bungle family et mastermind de Umläut, fait une apparition sur l’album.

 

La claque administrée par Silent Machine n’est peut-être pas aussi définitive que celle balancée par Pi Nature, n’empêche… On n’en est pas si loin. D’autant que le champ d’action de Twelve Foot Ninja est plus large, et que cette fusion approche de bien plus près les juteuses frontières du nawak metal. Bref, voilà une nouveauté juteuse en provenance des décidément très fertiles terres australiennes que, crénom, vous n’avez pas le droit d’ignorer! Et vive le Kowabunga-bunga metal!

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Silent Machine c’est la rencontre de Textures, Ninjaspy et Faith No More, autrement dit une fusion à la limite du nawak entre gentil djent, musiques du soleil et chromes US. Miam.

photo de Cglaume
le 02/05/2013

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