Ulcer - Grant Us Death

Chronique CD album (41:27)

chronique Ulcer - Grant Us Death

…And I just can't get enough. I just can't get enough…

 

Mouais, réussir à promouvoir ce 2nd album des polonais d’Ulcer avec des références ciblant la fan base de Depeche Mode, c’est un peu comme tenter l’escalade de l’Annapurna en chaise roulante, ou tenter de draguer Scarlett Johansson avec un bec de lièvre et la morve au nez: ça ne tient plus de l’exploit, mais carrément du trip sous PCP! C’est qu’après avoir donné dans le death brutal, l’amicale des goules joyeuses dont on cause aujourd’hui s’est réorientée dans le culte du metal Entombedien moulé à la louche, purée de pois sonore et grumeaux des origines compris. Pas franchement de points communs, donc, avec la new wave à col raide sur laquelle on a démarré cette chronique.

 

Bon alors pourquoi cette intro toute moisie, hein: tu vas parler charogne?

La parole est à la défense...

 

Eh bien votre honneur, Mesdames et Messieurs les jurés, c’était là un moyen simple – mais pas forcément efficace en l’occurrence – de préciser d’emblée que Grant Us Death s’adresse principalement à ceux qui ne sont jamais rassasiés du death à l’ancienne. Parce que côté expertise en matière de pêche au zombie les 2 bottes bien plantées dans la fange, on peut dire qu’Ulcer se pose là. Dans le genre, on fait difficilement plus traditionnaliste et focalisé. A un tel point que ces zigotos-là ne risquent pas de gagner un jour le moindre kopek avec leur musique, vu ce que risque de leur coûter la flagrante violation de copyright stylistique ici pratiquée. Car là où les revivalistes usuels se contentent habituellement de s’inspirer lourdement des mousquetaires Entombed / Unleashed / Grave / Dismember, nos polonais, eux, pompent la bande à Alex Hellid à un point qui frôle la fellation industrielle.

 

Ceci étant su, il est un peu vain de préciser que le son de Grant Us Death est sans doute le plus bel hommage audio jamais rendu à la cuisine périgourdine – sa graisse d’oie frite à fond de marmite, son confit de saindoux à la sauce au beurre: ça grésille dans le jus de guitare, ça chuinte et ça crache comme il est de rigueur pour tout marmiton ayant étudié à l’école de Stockholm auprès du grand chef Tomas Skogsberg. Par ailleurs, pas de surprise: l’album nous offre assez logiquement chacune des étapes traditionnelles de la traque à l'homme pratiquée le soir au fond des marais bourbeux, à la lueur d’une lune blafarde. C’est donc parti pour les courses effrénées, la crête de punk-zombie au vent. C’est parti pour les lourdes avancées chancelantes, les bottes lestées de boue et d’un profond désespoir doomeux. C’est parti pour la confection de bouillie de mâchoire à mains nues, au son du hululement de la chouette. C’est parti pour la progression incertaine dans la brume, avec pour tout point de repère une guitare lointaine et fantomatique. Enfin bon: si vous maîtrisez Left Hand Path et Clandestine, vous connaissez la musique...

 

M’enfin s’il fallait tout de même trouver un peu d’originalité au propos d’Ulcer – tout au moins par rapport à la stricte ligne de conduite « Sons of Entombed United » ici suivie – on pourrait signaler l’emploi d’un chant double, D.ssipline et Angelfuck s’y mettant à deux pour réussir leur imitation de l’appeau à mort-vivant. On pourrait également mettre en avant un certain sens de l’humour, comme celui ayant conduit à intituler « The Love Song » le plus crusty des morceaux de l’album. Et puis allez, même s’il est vrai que le gros de l’opus est constitué de Copier / Coller ne réussissant pas toujours à donner naissance à de vrais morceaux doués d’une vie propre, on y trouve quand même une petite poignée de brûlots bien juteux qui justifient qu’on accorde un peu de notre temps à ces malades de l’estomac. C’est qu’on s’éclate bien, quand même, sur « Grant Us Death » et « Bloodpainted Salvation », malgré cet héritage Entombien arboré avec l’impudeur d’un pédo-exhibitionniste multirécidiviste. Et puis la véhémence et l’énergie débridée de « Godcremation » sont sacrément communicatives, d’autant que le break à 1:56 s’avère carrément jouissif, crénom! Et « Devitalize » tiens: s’il est par moment un peu bas du front, le morceau est quand même doté d‘un refrain des plus choupinets. Ok, pas de quoi troquer vos 2 barils de Bloodbath pour ce paquet de death suédo-polonais, mais ne boudons pas notre plaisir que diable!

 

A album simple, conclusion expéditive: Grant Us Death propose un death Entombien des origines, sans rien de plus. Quelques morceaux plus réussis que la moyenne valent quand même le détour, mais on recommandera tout de même la consommation de ce type de complément audio-alimentaire à ceux dont la contenance stomacale est proche de celle d'un puits sans fond. Goutez-donc à la bête, mais n’allez pas non plus vous ruiner le bide pour si peu…

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: décidément, les petits jeunes n’en finissent plus d’aller se frotter amoureusement aux pierres Entombales Left Hand Path et Clandestine. Et dans le genre, les polonais d’Ulcer ne font ni mieux ni moins bien que la moyenne des revivalistes de cette scène: ‘y a bon le death cracra et gras-gras, mais attention à ne pas en abuser... C'est bourratif à la longue!

photo de Cglaume
le 09/08/2013

5 COMMENTAIRES

sepulturastaman

sepulturastaman le 11/08/2013 à 16:19:55

Alors c'est ça ton fantasme : Scarlett Johansson ??? j'suis déçu.

cglaume

cglaume le 11/08/2013 à 16:27:19

Je suis depuis 15 ans avec une (...superbe, précisons quand même :) ) vietnamienne, alors peut-être que c'est mon inconscient, avide de nouveauté, qui m'a inspiré ce nom :))))))))

sepulturastaman

sepulturastaman le 11/08/2013 à 16:34:20

Depuis Freud l'inconscient il a bon dos :-)

cglaume

cglaume le 11/08/2013 à 20:56:17

Justement, de dos aussi elle est pas mal la Scarlett...

sepulturastaman

sepulturastaman le 11/08/2013 à 23:06:05

Ah oui une fille de dos c'est chouette, la ligne d'épaule fluette laissant imaginer un corps svelte... une ligne d'épaule voluptueuse laissant imaginer une fille charnelle.
Ah oui c'est toujours pour ça que quand je marche personne ne me suis, tout le monde me devance, c'est juste une histoire de dos...

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