Yun-fat - Apocalypse Via Copacabana

Chronique CD album (47:16)

chronique Yun-fat - Apocalypse Via Copacabana

Aaaaaah… Quand même! C’est qu’on commençait un peu à désespérer que la Nawak Metal Fever ne sévisse jamais ailleurs qu’au sein des bastions historiques Europe, Australie et Amérique du Nord. Heureusement, Yun-Fat (rien à voir avec l’acteur de Tigre et Dragon) nous prouve brillamment qu’au Brésil aussi, il arrive qu’on ait des envies de larder son pavé de metal avec des Tirelipimpon et des Youpi-youpla. En même temps on savait déjà qu’au-delà des mâchoires serrées et des regards noirs de la Favela Death Metal Mafia (Krisiun, Rebaelliun, Abhorrence & co), des cocktails Molotov de l’esquade Urban Guerilla Core (Overdose, Ratos de Porão…) et des incantations de Sarcófago, au Brésil on aime aussi boire du Schweppes en string sur la plage et se chatouiller les plumes pendant le Carnaval (cliché, vous avez dit cliché?)… De là à avoir envie de dézinguer hardiment les codes du metal, il n’y a qu’un pas qu’on a vite fait de sauter (adeptes du Step Fucking, bonsoir!). Et paf: c'est là que déboule Apocalypse Via Copacabana.

 

D’ailleurs on remerciera la paire Mazak / Strobl d’avoir inclus le morceau titre de ce 2nd album sur le volume 7 de Combat Nasal: la présente chronique n’est en effet que la suite logique de l’écoute de la (célèbre? Si seulement…) compilation Achille-Tarinesque qui va débusquer les pépites métalliques jusque dans les chiottes de Belo Horizonte (@copyright Vladimirez Dos Poutinos)

 

Yun-Fat fait donc dans le nawak tendance velu. Observons l'animal à la loupe, et pour commencer, focalisons-nous sur ce qui fait le noyau dur de sa musique: on remarque très vite la composante death metal de barbare – ses effusions blastées, ses growls caverneux –, les attaques de "favela hardcore" (jusqu’ici, on reste dans le logique), ainsi que quelques saccades et autres réflexes typés « metal moderne »… Mais quand on s'attarde sur les détails, on distingue également des coulées de chamallow teen-pop-rock mélodique. Ouaip. Mais ce n'est pas tout. Le groupe saupoudre en effet le tout de parenthèses funky, de reggae, d'une touche de funeral doom, d'un accès épileptique de cyber-Woody Woodpecker (à 3:04 sur « A.I.D.S. »), de clins d’œil à Mickael Jackson (« Smooth Criminal » sur « Apocalypse Via Copacabana »), Vangelis (« Chariots of Fire » sur « Ground ‘n’ Pound »)… Et même d'une reprise des Backstreet Boys (qui nous rappelle la cover de « It’s Alright » par 6:33)! Vous voyez le topo? C'est grave Docteur...

 

Certes, Yun-Fat ne va pas révolutionner le microcosme Nawak Metal extrême, Apocalypse Via Copacabana  souffrant en effet de 2 petits défauts. Et d’un: le son global est un rien poussiéreux, loin du lustre du pelage des grosses prod’ aux petits oignons – ce qui, vous me direz, colle assez bien avec l’image « roots & dust » qu’on associe inconsciemment avec les prod’ sud-américaines (Holy Land de Angra exclu, of course)! Et de deux: cet album fait preuve d’une fraîcheur et d’un enthousiasme débridés qui font chaud au cœur, mais – corollaire habituel de la spontanéité brute – également d’une « fou-fou attitude » de jeune étalon qui déborde d’idées mais qui a du mal à les canaliser pour en faire du pur jus de dynamite. C’est ce qui fait de « The Skyline Is Now Burning Red », de « A.I.D.S. » ou encore de « Alien Nation » des morceaux foncièrement sympathiques, mais également un peu trop foutraques. Vous voyez ces baballes en caoutchouc qui rebondissent dans tous les sens une fois lancées? Eh bien ces morceaux, c’est typiquement ça: du nawak "baballe en caoutchouc" metal!

 

M’enfin l’impression finale reste heureusement plutôt bonne. Déjà parce que le groupe nous prend par les sentiments en proposant de vrais grands moments de metal bien brûlant. C’est que nos amis semblent tout particulièrement fans d’Impaled Nazarene – délectez-vous donc des excellents « Against The Jelly Blackberries » et, surtout, « Lovely Daddy » – et qu’ils manifestent régulièrement le besoin d’aller récolter le sang à mains nues, histoire de recolorer leur gros nez de clown d’un rouge encore plus vif. D’où les foudroyants « F(e)ast Pasta » et « Nihilistic Rhino ». Et à côté de ça, malgré la tendance à l’éparpillement précédemment pointée du doigt, Yun-Fat réussit à nous proposer quelques petites pépites parmi lesquelles, finalement, le morceau titre n'atteint même pas le plus haut du panier. On lui préfèrera en effet « Beloved Mary, Full ov Grace » qui, malgré un final pop tombant un peu comme un poil dans la soupe, offre un mélange carrément accrocheur de « djent », de reggae, de death épais et groovy, et d’émo-rock planant. Ou encore « Still Life » qui, lui aussi, propose un death particulièrement séduisant, saccadé et (… / mais?) technique, mélodique et brutal, relevé d’un refrain émo (encore?) carrément top (oui!). Ou le très bon « Ground ‘n’ Pound ». Ou encore cette petite sucrerie quick&funny qu’est « Keyboard Cat », avec ses faux airs de One Step Beyond.

 

Bref, Yun-Fat c’est des poils et de la sueur issus des ruelles mal famées de La Cité de Dieu, plus les costumes bariolés, les chars et les coussins péteurs du Carnaval de Rio. Ça manque un peu de vernis et de direction, mais l’ensemble est suffisamment bon pour satisfaire les moins tatillons des amateurs de nawak couillu.

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: du « death mitraillette » from Brazil, des mélodies teen-rock, quelques coreries plus modernes, des délires foutraques… Bref du poil et des cotillons. Peut-être même de quoi réussir à convertir notre Cobra Commander au nawak metal!  

photo de Cglaume
le 26/02/2013

6 COMMENTAIRES

Cobra Commander

Cobra Commander le 26/02/2013 à 11:17:49

La partie Bra666il : oui.
La partie gribouillis: non.

cglaume

cglaume le 26/02/2013 à 11:24:31

On ne va décidément pas arriver à lui dérider le sphincter... :)

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 26/02/2013 à 11:49:55

Faut citer The Killer ou Hard Boiled pour parler de Chow Yun-Fat et pas cette daube immonde de Tigre et Dragon !!
Sinon le titre en écoute est bien nawak-mignon.

cglaume

cglaume le 26/02/2013 à 12:15:05

Le pire c'est que j'ai vu "Hard Boiled"... M'enfin - dans mon souvenir - "Tigre et Dragon" est plus nawak, non ? Ça colle donc mieux :)

Eric D-Toorop

Eric D-Toorop le 26/02/2013 à 19:08:45

Ton enthousiasme pour ce gloubiboulga-style qu'est le Nawak -M fait vraiment plaisir ... (heu je m'inquiète un peu kô même)....
Perso 2-3 titres par-ci par-là c'est suffisant... mais toua, t'en as 2000 des skeuds de ce genre nan ??

cglaume

cglaume le 26/02/2013 à 19:47:07

Ouaip... Ce qui n'est pas assez !!!

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