((remote)) - Starving blaze and hollow shades

Chronique CD album (33:00)

chronique ((remote)) - Starving blaze and hollow shades

Pour commencer, je vais me permettre de vous la faire courte : Remote, groupe de grind/chaoscore parisien qui glisse depuis quelques temps dans les contrées plus modernes et à la mode du post black metal voire du noise (oui, je sais, ça en fait des étiquettes), un split avec un groupe norvégien, un détour par la Senelle chez Amaury Sauvé avec Sylvain Biguet et un mastering chez Alan Douches… Manquait plus que la sortie chez Throatruiner, et on était bon pour le quinté gagnant. Si je vous dis tout ça, c’est que de nos jours ce scénario me semble être le sentier doré des musiques extrêmes au détriment d’une qualité et d’une variété qui sont néanmoins assez chères à mes petites oreilles d’adolescent attardé. Mini parenthèse tout de même : je ne cherche pas ici à cracher dans la soupe et il suffit de lire quelques unes de mes chroniques pour se rendre compte que je suis avant tout un grand fan des gens et des esthétiques que je viens de citer, ce qui n'est malheureusement pas incompatible avec une certaine lassitude mais passons...

 

Parce que, si je veux vraiment enfoncer le clou, je peux poursuivre mon état des lieux sur la recette en elle même. Les Remote alignent donc les grosses nappes de grattes dissonantes et très saturées, les changements de tempos chaotiques, les tapis de doubles, les ambiances malsaines, les mesures asymétriques, les accalmies angoissantes et les hurlements déchirés… Terrain à la fois très extrême mais aussi ultra connu de nos jours. Du coup, les seules questions qui peuvent demeurer à ce stade sont celles de la qualité et de l’honnêteté puisque pour la variété et l’originalité, c’est déjà réglé. J’avoue qu’à l’occasion de la sortie du split avec les norvégiens de Barren Womb, j’avais un peu écarté ces questions puisque Remote ne nous offrait qu’un unique (mais long (mais très bon)) titre. Ici, c’est bien d’un album dont il est question, avec ces 7 titres à la durée décente (rarement plus de quatre minutes) et sa longue messe conclusive, malheureusement un peu trop convenue.

 

Alors, la qualité donc… Déjà, puisqu’il est question d’une musique où la guitare est incontestablement reine, il faut avouer que l’album regorge d’excellents riffs (Alienate the horde ou Nuptia, bordel, et ce ne sont que des exemples), les dissonances de ces derniers ne nuisant pas à un réel sens de la mélodie, souvent absent chez les représentants du même style. Au niveau des ambiances, les parisiens arrivent encore à se distinguer en générant des sonorités qui se marient à merveille avec leur merdier. Que ce soit les plages de grattes dissonantes (encore) ou les parties de chant qui ne se cantonnent pas forcément aux hurlements frontaux, il faut reconnaître que le disque présente une réelle cohérence qui nous poussera à renouveler l’expérience au lieu de se limiter à une écoute unique puis à l’oubli pur et simple. Au niveau des parties plus énervées qui nous rappellent plus les origines du groupe, là encore, le savoir faire est incontestable : ça peut switcher sur des breaks ahurissants, multiplier ou diviser le tempo par dix sans trop briser la dynamique des compos. Même si j’avoue être personnellement un peu lassé par les montagnes russes de ce genre de musique, il y a fort à parier que le chaos que le quatuor est capable de générer plaira aux auditeurs les plus avides de sensations fortes. On pense à Knut, à Comity, This Gift is a Curse ou encore à Plebeian Grandstand ce qui en soit reste une très bonne chose.

 

Finalement, j’aurais presque plus envie de blâmer tous ces groupes qui se tassent dans ces esthétiques malheureusement rabattues, plutôt que de reprocher à Remote leur manque d’originalité. Leur musique est plus que chouette, superbement exécutée et les sentiments qu’ils essayent d’y insuffler sont véritablement palpables… Ouais, j’ai peut-être un peu omis le chapitre où je disais que les huit titres de ce disque était noirs et monolithiques mais vous vous en doutiez non ? Après, je ne saurais dire si ce disque est sorti trop tard ou si c’est moi qui l’ai écouté au mauvais moment… Je n’ai jamais été très bon pour la contextualisation. Reste donc une seule certitude à l’issue de l’écoute répétée de cet album : c’est qu’il est bon, incontestablement bon. Faites vous donc votre propre idée, le player est à gauche et l’album est en écoute intégrale !

 

photo de Swarm
le 29/05/2014

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