Adolina - Caldeira

Chronique Vinyle 12" (41:29)

chronique Adolina - Caldeira

« Ah ces chroniqueurs… tout est bon pour parler de leur potes et puis bonjour l’objectivité ! » « Ouaip, pis si ils n’aiment pas, ils vont y aller d’une mauvaise foi crasse, par pure frustration… »… Voilà la teneur des propos que l’on est susceptible d’entendre lorsque l’on est amené à parler de la musique des copains. Pour le coup, d’aucuns me diront que j’aurais pu me la fermer et m’enflammer sur la sortie de ce disque, ce serait passé, pour un peu, comme une lettre à la poste. Bon... Et l’honnêteté intellectuelle là-dedans ? Car on peut être chroniqueur et donc forcément subjectif, ce n’est pas pour ça que l’on ne peut pas défendre un chouia de raison. À la rédac, ça discute sur le fait de mettre ce groupe à l’honneur, groupe du mois par exemple, histoire de défendre des gens de chez nous (ou tout proches), de toutes façons les ricains sont à la ramasse depuis 4-5 ans. Puis dans la discussion, on convient que ce nouvel album n’est pas assez Core pour briller dans le haut de la page sur notre site. Pourtant y’avait bien un riff typiquement Machine Head, sur « Jacky Chan » une de leur vieille compo.

Vache et dire que je vais devoir mettre une note à ce disque.

 

Caldeira qui sort ces jours-ci via un consortium de labels qui réunit À Tant Rêver du Roi (Pau), Whosbrain Records (Nancy), Uproar for Veneration (Seclin) soit une bien belle triangulation qui transperce l’hexagone décidemment bien remué ces dernières années. Et bien qu’ils soient belges, les Adolina, leurs différentes connexions avec les collectifs, labels et autres groupes frenchies, les propulsent d’emblée dans cette toile. On peut se dire, d’ailleurs, que grâce à cette araignée numérique les relations sont plus directes… Ceci explique cela. Et Mouscron-Tournai ne se trouve qu’à 20 minutes de Lille… Oh le Khan tu tournes autour du pot, il est comment le disque de tes copains ?... Et bien, je vais vous le dire (Nico Style).

 

Ce qui marque chez Adolina, c’est que l’on a l’impression qu’ils jouent toujours bien plus fort, plus rêche en live que sur disque. C’est encore une fois le cas. Le mur sonore qu’ils dressent titre après titre en concert et qui créé leur ambiance propre laisse de la place pour une subtilité harmonique qui pourrait vous échapper si vous les croisez sur la route un de ces jours. C’était vrai pour leurs deux premiers ep, un peu moins pour leur premier album et c’est la première remarque qui me vient à l’esprit pour cet opus. Leur baffe sonore est une marque de fabrique qui leur a ouvert un fameux paquet de contacts pour une liste interminable de concerts depuis 1998. La même baffe qui les a amenés à croiser les amplis avec Reiziger, Brume Retina, Tang, 31 Knots, Gâtechien, Revok, Papier Tigre, Pneu ou encore Don Vito… Vous l’aurez compris, au niveau CV les dates ont toutes leur importance. Pour le coup, au niveau puissance, nous restons un peu sur notre faim. M’enfin, vous pensiez que j’allais vous causer de Ministry ou quoi ?

 

Dans Caldeira, nous sommes résolument en mode mid-tempo, pour un son clair et un propos encore plus limpide – Break the walls/Keep your dreams - Malins, ils jouent toujours sur cette ambivalence entre idéal adolescent faussement naïf et coup de boule punk … Les praticiens ont appelé cela un moment de l’Emocore. Eux, choisissent de détourner les deux paramètres, pour les fusionner, les distordre, les muscler, les boxer, les repousser ou les attirer. Tiens, vous ai-je déjà parlé de la passion du groupe pour des gens comme Reiziger (les grands frères), ou encore Fugazi ?

 

La deuxième remarque qui me vient à l’écoute de cet album est la richesse des arrangements. Messieurs-Dames, c’est quelque chose. Je ne sais pas combien de temps l’objet a macéré, mais le rendu est tout bonnement riche, fouillé et riche. Presque 15 ans dans les lattes, ça vous donne de l’agilité dans les doigts, de la flexion dans les poignets et des voiles dans les oreilles pour aller chercher le son des distos et l’exploiter de la manière la plus juste. On a affaire à un disque de musiciens impliqués pour le coup.

En troisième remarque, la plupart des titres posent sur des montées instrumentales ramenant le quatuor du côté matheux de la chose reposant sur une batterie sautillante, des guitares nourries et une basse résolument médium dans le ton à l’instar de ce que pouvait produire JJ Burnel chez les Stranglers, par exemple. C’est quand les voix samplées (je vous laisse chercher) ou chantées arrivent que le groupe accroche son auditoire. Le chant et les chœurs sont une des belles forces de ce disque. Encore une fois, pas pour leur puissance, mais pour une belle fragilité harmonique.

 

 

En vrac quelques titres, « Mind Curfew » rapproche les quatre des Girls against Boys, « A Year of Mondays » de chez Brainiac, ils ont la Chicago 90’s Touch qui pousse… Assez logique en somme. Pour ceux qui ne connaissent pas le groupe « Antelapidem » ou « Burn out » sont là pour rappeler que depuis le temps Adolina ne s’encombre plus d’étiquettes. Adolina joue du Adolina, où comment revisiter toutes les déclinaisons de la tension. En terminus « Contrôler et sévir » où le groupe est accompagné d’Andy Fux au chant, se démarque pour un clin d’œil à Programme, le projet d’Arnaud Michniak de Diabologum.
Caldeira est un album qui demande du temps pour être adopté. Une première écoute distraite pourrait vous faire croire en un bloc monolithique, monothématique alors que le fond pose dans les recoins des titres-tiroirs. 8 – 9 écoutes plus tard, on découvre toujours ce disque. Un bel album qui s’inscrit dans la durée.

photo de Eric D-Toorop
le 12/04/2012

2 COMMENTAIRES

Tookie

Tookie le 12/04/2012 à 09:23:51

Marrant, j'ai pas l'impression qu'il faille du temps pour l'adopter. Mais c'est un super album, un super groupe à voir et à entendre, et j'ai eu l'occasion d'échanger quelques mots avec eux : sont sympathiques et passionnés.
Tout cela suffit largement à les voir sur nos pages non ?

Bref, un super album, le genre de trucs qui nous fait dire, rien qu'à sa vue dans le range-cd's, qu'on a bon goût.

Yarik

Yarik le 12/04/2012 à 17:53:06

Des mecs déments, chaleureux qui, chaque fois que je les (re)vois, sont encore meilleurs que la fois précédente.

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