Aerôflôt - Santa Muerte

Chronique CD album (37:52)

chronique Aerôflôt - Santa Muerte

Étrange disque que voici. Un groupe qui, apparemment, n'aurait pas attendu le revivamalgame 80's clavier/corbac/sauerkraut pour s'enrouler plus ou moins exactement dans ce genre d'atours. Un Rock new waveux à tendances parfois progressives, ou psychédéliques à ses heures, disons. Mais affirmons-le tout de suite, Aerôflôt est autant Noise que Deep Purple.
Merde, pourquoi je parle de Deep Purple, là ? Oh, les claviers, sans doute. Ahahahah. A la prochaine chronique, j'essaierai de caser Stevie Ray Vaughan And Double Trouble, tiens. Je sens qu'on va encore se marrer...
 

Étrange disque que voici qui me laisse indécis dans mes impressions, la faute sans doute à un vague côté Dance Music qui tirerait presque vers le pire de Marvin, et à un délire promotionnel/visuel kitschougay gentiment SM qui me fait soupirer (d'ennui, je vous rassure). Pour ça, ils n'arrivent pas à la cheville de La Honte Du NoiseRock Français, les bien-nommés Ultracoït.
OK, musicalement, ça n'a rien à voir.
 

Non, rien à voir car si la vraie-fausse New-Wave orageuse de « Rising » présente à l'auditeur blasé un décolleté plongeant un rien putassier - mais ma foi fort plaisant - « Dance Of the Dead » balance ensuite son afro-beat robotisé pour mieux brouiller les pistes. C'est là que je m'exclamerais presque d'un rire sardonique : à l'entrée du couplet et son Bontempi de luxe. Merde ! J'aime ça ! Là aussi les putes interchangeables de pistes de danse ne sont pas loin, mais la débilité profonde d'une telle tentative ne peut qu'être saluée.
Alors salut.
 

Là où le bas blesse un peu mes chevilles douloureusement enflées, c'est le titre suivant, « Me Siento Mal », qui hésite entre un Acid Rock pas si loin du Deep Purple précédemment abusivement cité - dans les couplets - et des facilités mélodiques malheureuses - le refrain. Et hop !, une guitare qui twangue légèrement morbide (et qui corrige un peu le tir) et le package est ficelé.

Passons, car je me dis que dans d'autres titres, Van Der Graaf Generator n'est parfois pas loin. Ou alors c'est moi qui délire totalement (je rappelle que cette supposition fait partie des éventualités hautement probables disponibles pour votre propre réflexion). En tout cas, on trouvera de jolies lignes de chant dans « God Is Satan ».
 

« Last Show » fait clairement New-Wave, et moi la New-Wave, ça me connaît. Je suis né pile poil en 1980, bordel. En 1980 ! J'avais vingt ans en l'an 2000, putain de merde ! Alors respectez-moi !
Voilà un argument de poids.
Où voulais-je en venir ? Je ne sais plus. Passons encore. « Last Blow » n'est d'ailleurs que le final résigné en rituel du titre précédent. Plutôt agréable à mes oreilles aberrantes, cet interlude...
 

« Master » a de faux airs de Math-Rock bourru, avec des rythmiques asymétriques qui, désormais, m'en sucent une sans faire bouger l'autre. Surtout, ça me paraît beaucoup trop entendu dans la euh « scène française », mon cher.
Attends, attends, je compte sur mes petits doigts : ah non, c'est du bête 4/4, en fait.
Autant pour moi.
 

« Humanos », voilà un titre retors qui me plaît bien plus. Le côté robot raide passe bien, notamment avec cette voix monocorde en mexicain dans le sexe. Les menaces contenues dans ce titre me réveillent l'intérêt et participent encore à flouter davantage mon opinion sur cet étrange disque (disais-je).
Vous voilà bien éclairés.
 

Surtout que le tubesque « Dark Motion » me paraît pas loin d'être excellent, sans que je sache pourquoi exactement ça me plaît. J'ai cette drôle d'impression, vous savez, celle d'avoir déjà entendu ce morceau alors que non. Je n'insinue pas qu'il y a du pompage dans l'air, juste qu'il y a quelque chose qui m'est diablement familier dans ce « Dark Motion ». Mystère et boule de merde.
 

(Et soudain je pense à Black Mountain. Mais, mais... pourquoi?)
 

Ben tiens, justement, c'est un peu l'impression globale qui ressort de l'album. Ce disque est étrange (ah bon?) mais en même temps très familier.
Tout comme cette très jolie fin sur la pointe des pieds que constitue « People ». Un tranquille hymne doux-amer que j'aurais très bien pu kiffer à mort sur mon ghetto blaster double cassettes en 1988. Je l'ai encore, il est chez mes parents. J'ai enregistré mes premiers solos de Blues-Rock avec. Vous êtes contents de le savoir.
 

Voilà, pute ou pas pute, telle est la question, mais alors seulement de luxe et du siècle dernier. Allez, j'exagère, comme tout phallocrate : aguicheuse ne veut pas dire péripatéticienne, fort heureusement. Pas de cyprine derrière les oreilles, SVP.
 

Alors si Aerôflôt est à la mode ou pas, peu importe, moi les modes, c'est comme la merde, j'essaie de m'en préserver, en vivant une vie austère de bouseux moche et mal habillé.
Je retourne écouter Darkthrone, mais pas avant de vous avoir conseillé de jeter une oreille sur ce disque, si vous n'êtes pas trop sectaires.
Et si vous vivez en Haute-Saône, vous êtes très probablement passés à côté du revival année 80 dans la scène « Noise » française. Votre virginité vous permettra d'apprécier.
Bienheureux les Hauts-De-Saônois et les Belfortains borgnes dans le Royaume Des Aveugles !
 

Et vive la Mort, putain !

photo de El Gep
le 28/08/2012

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