Aphyxion - Earth Entangled

Chronique CD album (46:20)

chronique Aphyxion - Earth Entangled

Quand on réalise que les trois quarts d’heure que dure la galette qu’on est en train de s’enfiler ne vont pas franchement dans la direction stylistique que l’on espérait, le risque c’est de laisser l’amertume dicter à la plume sa conduite. Et, du coup, de se livrer à une bonne grosse séance de cassage de sucre sur le dos du pauvre groupe dont le logo trône sur la rondelle en question. Et pas en poudre, hein, le sucre: « Candy » plutôt. Et pas sur le gras de l’épaule, hein, le cassage: en plein sur les vertèbres les plus fragiles. Parce que Grrrrrr quand même...

 

C’est pourquoi il convenait de respirer un grand coup avant de vous causer d’Earth Entangled, le 1er opus des danois d’Aphyxion. Parce que non, le « death groovy danois » censé être pratiqué par nos jeunes amis n’a que peu à voir avec la charge massive du panzer Illdisposed. Dommage, on aurait aimé une petite caresse de réconfort pour nous consoler de la tiédeur de With the Lost Souls on Our Side. En réalité ce qui motive le Club des 5 scandinave dont il est aujourd'hui question, c’est plutôt la patate thrash/death’n’core d’un Hatesphere, ainsi que les envolées lyriques du melodeath, notamment celui dont les growlounets peu rocailleux vont titiller le shriek – comme cela se pratique dans les froides contrées Gothembourgeoises. Sans oublier – cette fougueuse jeunesse étant forcément influencée par son époque – les gros beatdowns du deathcore et le vernis-gentil-tout-poli du metalcore (même si, non non, pas de chant clair ici: juste un certain esprit).

 

Donc bon, là, ‘y aurait moyen d’être frustré, voire d’avoir comme des envies de crucifixion.

 

Mais ne nous laissons pas emporter par les vents tumultueux de la rancœur. Car nos 5 gaillards ne le méritent pas: en effet ceux-ci manient tout à fait honnêtement leurs instruments, et disposent d’un son carrément costaud – Jacob Hansen à la prod, ça aide. Et on ne s’étonne pas tellement d’une telle maîtrise, les garnements comptant quasiment 100 concerts à leur actif – dont une date au Wacken – alors qu’ils atteignent tout juste les 20 piges! Non le problème c’est plus le manque de maturité des compos. Ou plutôt leur manque de personnalité. Parce que sur les 7 premiers titres de l'album, en dehors de quelques rares passages qui nous titillent les glandes (le thème moshy récurrent de « In Decline », le gros raz de marée saccadé terminant « Born Abomination »), on a l’impression d’entendre du At The Gates Of Hatesphere aussi générique que salement emberlificoté dans les codes du metal moderne (mosh parts prétentieuses, refrains forcément épico-aérés, growl linéaire tirant sur le –core…). Et puis les morceaux qui se terminent sur du vieux larsen distordu de rock stars rebelles (« In Decline », « Pointless Purpose »), ça n’était déjà plus excitant une semaine après que les premiers rockers aient emprunté ce gimmick aux punks.

 

Heureusement, les 3 derniers morceaux développent un peu de cette accroche et de cette (presque-)personnalité qui manquent cruellement au reste de l’opus. Non parce qu’on se prend à se laisser aller sur un « Blind Belief » mélancolique mais déterminé, parce que « The New Breed » fait revivre le Hatesphere gaillard et bagarreur qui nous avait sacrément botté à ses débuts, et parce que – bien qu’un poil trop langoureux – « Pointless Purpose » s’en sort relativement bien avec sa scie mélodique tout en montées et descentes successives.

 

C’est sûr, je ne vous bassinerai pas pour que vous jetiez une oreille coûte-que-coûte à Earth Entagled. Il y a plus couillu et plus inspiré dans le paysage métallique actuel. Mais si vous avez de la tendresse pour Hatesphere, et que vous aimez les mélodies posées sur des grosses rythmiques viriles, il y a des chances pour qu’Aphyxion  provoque chez vous plus d’affection que d’affliction.

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte:  sur Earth Entangled, Aphyxion nous propose une resucée pas hyper folichonne du répertoire de Hatesphere baignée de mélodies melodeath et saupoudrée de réflexes death/metalcore pavloviens. On a connu Viagra métallique plus efficace…

photo de Cglaume
le 11/09/2014

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