Aqme - Hérésie

"La Fin des Temps" sorti il y'a trois ans portait visiblement mal son nom. Car revoilà AqME avec un quatrième et nouvel album nommé "Hérésie" reformant à nouveau la collaboration avec le Suédois Daniel Bergstand. Le retour de ce technicien du son rappellera forcément les débuts du groupe et surtout le son initial des Français. Ce dernier ayant pas mal changé sur "La Fin des Temps", et les réfractaires l'ayant trouvé trop poli, trop net seront ravis de ce retour aux sources. En effet, AqME n'a jamais sonné aussi gras, crade et virulent que sur ce nouvel opus.

Le son AqME est totalement reconnaissable et les fans ne seront donc pas déçus…Quoi que… En ramenant un son plus âpre, et une violence un brin plus exacerbée, BERGSTAND rend également l'album moins accessible. Un certain temps d'écoutes et de maturation sera nécessaire pour "apprécier" cet album. Par la même occasion, exit les titres single comme "Si n'Existe Pas" ou encore "A Chaque Seconde" pour faire place à des titres un tantinet plus étudiés.

Cela n'empêche pas pour autant le groupe de proposer des titres efficaces dès les premiers instants, comme "Uniformes" ou bien "Karma et Nicotine". Cependant, une bonne partie de l'album sera menée tambour battant par des titres à l'image du premier morceau présenté sur la toile "312" où Thomas n'a jamais autant hurlé et de façon cette fois amplement maîtrisée. "Casser/Détruire" vient rompre vos cervicales, tandis que "Lourd Sacrifice" vous assommera d'une basse vibrante. Instrumentalement, et surtout à la batterie, on sent l'influence du side-project GRYMT d'ETN, ce dernier étant toujours un furieux de la batterie.

Dans cette masse lourde et épaisse de sonorités parfois stoner, tantôt rock, de moins en moins néo, le groupe propose des titres plus délicats et sensibles comme il l'a toujours fait. Ainsi personne ne sera surpris par "Romance Mathématique", rappelant "Ainsi soit-il" du précédent opus, avec un chant mélancolique agréablement correct et un break corsé plus que convenable. "Un Joue de Pluie" ravira également les amateurs de musique écrasante avec son outro tout en martellements.

Au-delà de toutes ces considérations, je reste pour ma part déçu par un certain manque d'inspiration au niveau des textes, trahissant un certain laisser-aller. Si Koma a toujours été un être torturé et mélancolique, il exprimait ses "problèmes" au travers de textes relativement métaphoriques et expressifs. Malheureusement, dans "Hérésie" si ces derniers conviennent pour un ado en pleine crise identitaire ou conflictuelle, elles ne s'accordent plus vraiment avec les messages que le chanteur veut faire passer. Je pense notamment au titre "Saga Om Livet" qui derrière une mélodie de guitare très bien foutue se cache des phrases comme "Cette souffrance a déjà un nom, elle s'appelle vie". Et des petites pépites dans ce genre sont disséminées à droite et à gauche dans tout l'album.

Cette nouvelle fournée d'AqME sonne le retour du groupe sur la scène métal française (en était il vraiment parti ?) et propose des titres parfaits pour exploser en live. Musicalement le groupe a tenté une nouvelle évolution qui lui réussi plutôt bien, évitant la facilité et l'évidence, pour proposer un son qui accroche aux tympans. Un constant positif, mais un peu gâché par des textes approximatifs ou maladroits. Quoi qu'il en soit, AqME reste AqME et le groupe trouvera toujours son plublic.

DreamBrother

le 05/03/2008