Aussitôt Mort + Heaven In Her Arms - Split EP

Ok ça ne fait plus aucun doute, Aussitôt Mort est bien un des groupes clé de la scène française de ces 10 dernières années. C’est ce que vient confirmer ce split avec leurs copains japonais des Heaven In Her Arms (avec qui ils ont fait moults concerts). Un groupe « clé » car potentiellement accessible à tous les publics des groupes à guitares. À l’instar d’un Mogwai ou d’un Goatsnake, ils ballaient plusieurs approches musicales, voir font parfois le grand écart yougoslave entre le calme et le furieux,  mais dans tous les cas, c’est bien la mélodie qui prime. Certes les caennais n’ont pas un rythme de sortie de disque forcément très fourni, mais l’arrivée de ce split, de Discographie qui compile des enregistrements passé ainsi que l’annonce de la préparation d’un nouvel album sont pour moi de vraiment belles nouvelles.

Alors ici, avec ces 2 titres, Aussitôt Mort ne fait pas d’histoire. "Une défaite à La Piaule", "Supraliminaire", ou le prolongement de leur précédent album, le magnifique Montuenga. Deux morceaux étirés mais contrôlés (6mn et 6mn 20), un son plombé, des arrangements léchés, des riffs qui accrochent, le chant en français – réussi – et en retrait utilisé avec parcimonie, cette façon de nous promener de passages supra aériens à d’autres « heavy as fuck », en bref ce que l’on a tous accepté comme étant du « post rock » mais ici encore à la version Aussitôt Mort.

Concernant les Heaven In Her Arms que ce split me permet de découvrir, et bien ça braille un tantinet davantage il faut admettre ! Après une belle petite introduction minimaliste pour nous enduire des raccourcis qui font nos erreurs, les japonais déballent leur artillerie et nous attaquent aux oreilles. C’est drôle, c’est comme si au lieu de choisir, comme leurs confrères, d’ajouter de l’amour et de la poésie à leur « screamo », ils avaient redoublé de haine et de désespoir, et de haine surtout. Les 2 premiers riffs de guitare pourraient sortir d’un Hate Eternal ! Véridique. Et le cri est tellement sauvage qu’il semble sortir d’un black metal des 90’s. Malheureusement, passé cette agréable surprise d’un retour à la cruauté, le morceau évolue au final vers un son et un format plus convenus dans le cadre de cette approche musicale. Peut-être qu’en fait le chanteur est triste d’avoir été aussi méchant au début ! À voir ce qu’ils valent sur d’autres enregistrements.

R.Savary

le 09/01/2012