Bloodbath - Breeding Death

Chronique CD album (21:14)

chronique Bloodbath - Breeding Death

Vous avez dû le remarquer depuis le temps: chez CoreAndCo, en matière de death metal rétro les-2-bottes-solidement-plantées-dans-la-gadoue-suédoise-des-90s, on ne peut pas se targuer d’être des experts-fanatiques-exhaustifs chroniquant le moindre pet de travers de Mr Rogga Johansson. En la matière, on ne pourrait pas non plus se qualifier de boulimiques, ni même de gros gourmands. Ce qui n’empêche qu’on est quand même quelques-uns ici à être friands de la chape de plomb grésillante, du groove putréfié et des cavalcades à travers marais typiques de ces terres musicales situées à la croisée des Sunlight Studios de Tomas Skogsberg, des pochettes de Dan Seagrave et des exploits des mousquetaires Entombed/Unleashed/Dismember/Grave.

 

Si l’on était strictement méthodique et un peu plus sensible aux charmes de la déesse Chronologie, on se devrait donc de réserver nos dimanches à chroniquer les discographies des 4 piliers susmentionnés, ainsi que celles des Carnage, Nihilist et autres Fantômes des Noëls Passés. Mais non, vu qu’on est trop des gros punks, trop des jeunes foufous – kestananafoot, on est des malades! –, on s’est dit qu’il pourrait également être sympa de rendre un petit hommage aux instigateurs du revival « death cracra » qui sévit depuis – fouh-là-là! – sacrément longtemps maintenant. Autrement dit: Bloodbath. Bien que les Fleshcrawl et autres Paganizer pourraient tout à fait lui disputer la légitimité du titre – mais ne rentrons pas dans ce genre de débat aussi oiseux que oiseux (...voire même oiseux diraient les plus blasés).

 

En 1998 donc, alors que Nile nous collait Amongst the Catacombs of Nephren-Ka dans la poire, et que par ailleurs ils commençaient à en avoir un peu leur claque de ne plus broder que de la dentelle sucrée – qui dans Katatonia (Jonas Renkse, basse), qui dans Opeth (Mikael Åkerfeldt, chant), qui dans Diabolical Masquerade (...et Katatonia! Blakkheim, guitare), qui dans Edge of Sanity / Nightingale (Dan Swanö, batterie) –, certaines des figures les plus respectées de la scène stockholmoises (citées dans les parenthèses précédentes... Faut suivre hein, sinon c’est le bordel!) se sont soudainement dit « Marre de mettre des gants blancs et de se parer les cordes vocales de trémolos langoureux: on veut du sang, on veut du growl, on veut du death vilain avec du poil autour! »

 

D’où l’EP Breeding Death, 3 titres bourrins-mais-pas-basiques qui n’inventent strictement rien mais déclinent avec un plaisir évident les figures imposées du genre. Une démarche, un slogan:

 

« Brutality comes through simplicity »

Autrement dit:

« Les gars, on va vous refaire la déco à coup de barre à mine.

Le premier qui pond un break progressif ou un refrain en chant clair a un gage! »

 

Histoire de faire les choses bien comme il faut de A jusqu'à Z, nos lascars font appel à Axel Hermann (à qui l’on doit des pochettes d’Unleashed, Grave, Morgoth, Asphyx) pour réaliser un visuel évoquant aussi bien Incantation, Abscess, Scream Bloody Gore, Butchered at Birth que Reign in Blood. Les 4 adoptent de plus un patronyme issu du To The Gory End de Cancer. Là, comme ça les choses sont bien claires: old school, trve, noirs sous les  ongles, evil, brouuuuuu-dôôôôl!

 

Enfin brutal… Non, ‘y a pas non plus marqué Brodequin sur la devanture. Vu l'influence qu'a indéniablement exercé sur eux le « folklore local », c’est dans les fourneaux des Entombed (surtout) et autres gloires endémiques que puise notre quarteron de vieux nostalgiques, même si au détour d’un riff hélicoptère (à 3:14 sur « Breeding Death ») ou d’un break descendant (à 0:27 sur « Ominious Bloodvomit ») les compères effectuent des clins d’œil appuyés à la Chuck Schuldiner Mafia. Sans jamais tomber dans le blast, entre guitares adipeuses, accélérations pertinentes, doomeries dans la brume et « Uh! » introductifs, Bloodbath remet du fuel dans le moteur d’un bolide resté trop longtemps au garage. Et bordel quel bonheur d’entendre ainsi Mikael rugir sans l’entrave d’une chemise à jabot!

 

La suite vous la connaissez sans doute: 3 albums très bons (les 2 premiers tout particulièrement), un élargissement progressif du spectre musical initial, quelques apparitions remarquées lors de grands festivals, une valse continue des musiciens (exit Mikael et Dan, enter Peter Tägtgren, puis exit Peter, …), et patati et patata. Le groupe est toujours – officiellement – en activité, mais les nouvelles se font rares. N’empêche, ici on s’est depuis longtemps armé de liquide bain moussant dans l’attente de la livraison de la prochaine baignoire pleine de sang!!

 

PS: en 2006, l’EP est ressorti enrichi des versions démo de « Breeding Death » et « Ominious Bloodvomit ». Pas grand-chose à signaler si ce n’est que la version intiale du morceau-titre commençait alors par un effet putain-qui-a-mis-la-piste-de-batterie-à-l’envers? calqué sur l'intro du « Immortal Rites » de Morbid Angel.

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: quand Dan Swanö, Mikael Åkerfeldt et Blakkheim "abandonnent" leurs groupes respectifs le temps d’éduquer les jeunesses métalliques en leur enseignant le culte des Entombed, Dismember, Grave et autres Grands Anciens, ça ne révolutionne rien, certes, mais ça remet sur les rails – et en branle – une scène entière (…excusez du peu).

 

 

photo de Cglaume
le 09/03/2014

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