Darkane - The Sinister Supremacy

Chronique CD album (48:52)

chronique Darkane - The Sinister Supremacy

Six albums déjà, et pas une exception à cette règle: acheter un album de Darkane, c’est la garantie de faire un placement sûr. Comme acheter des bons du Trésor, c’est ça. En confiant un peu de votre pécule à Messieurs Wildoer, Malmström, Ideberg & co, vous êtes sûrs d’acquérir de bons gros lingots d’un thrash/death suédois de qualité, dont la propension mélodique n’entache en rien l’énergie – la virulence devrais-je dire – ni l’extrême précision technique. C’est bien simple, une telle constance qualitative et stylistique nous pousserait presque à soupçonner la présence de quelques gênes teutons chez les p’tits gars d’Helsingborg. D’ailleurs s’il reste bien un mystère insondable en ce bas monde – mystère à ce point mystérieux que je m’en vais de ce pas souffler à l’oreille de Dan Brown l’idée d’en faire un nouveau roman à sensation – c’est bien la question du pourquoi le groupe n’a jamais connu de période de gros buzz comme ont pu en bénéficier, sur des trajectoires parallèles, les Soilwork et autres The Haunted.

 

Je vous laisse 5 minutes, le temps d’échafauder une théorie satisfaisante à base d’Illuminati et d’agent du Mossad infiltrés dans la haute diplomatie Gothembourgeoise, et je reviens…

 

Avec The Sinister Supremacy, l’amateur éclairé se prend donc le shoot de riffs cristallins pédale-en-coin pour lequel il avait signé. Comme souvent, tout commence dans la soie et les pétales de rose d’une intro cinémato-symphonique à la Danny Elfman, avant d’embrayer sur le morceau-titre, petit bolide emblématique de la patte Darkane avec couplet qui frotte le genou dans les virages et refrain ample mais viril, tout cela s’ébattant dans la cour d’un thrash new school ayant été élevé à l’ombre du temple death metal.

 

Aaaaarh, c’est bon de se retrouver les copains!

 

Par contre, forcément, une telle conformité avec nos attentes produit l’immanquable effet pervers que l’on pourra résumer à l'aide de ce célèbre adage (célèbre dans une zone de 10km autour de l’Intermarché de Bailleau-le-Pin): « C’est dans les fauteuils les plus confortables qu’on s’endort le plus vite ». En effet, malgré le « level de folaille » des musiciens et le souci du détail qui caractérise les compos darkaniennes, dès « Mechanically divine » et « Ostracized », on commence à trouver ça un peu routinier. C’est que ça manque de surprise – un peu comme un blockbuster US estival. Et sur « Insurrection Is Imminent », on va même jusqu’à se demander si ce « Retaliate – […], Initiate – […]  » ne serait pas carrément tiré de l’un des tubes de Expanding Senses.

 

Heureusement, Darkane est un singe bien trop vieux pour se contenter de nous resservir une vieille soupe à la grimace réchauffée. Et dès « The Decline » – l’un des tous meilleurs morceaux de l’album, plus lourd, plus massif – nos 5 suédois changent un peu la donne en épaississant leur popote avec un brin de farine Gojirienne. D’ailleurs le mélange fonctionne tellement bien qu’ils y reviendront sur le superbe final qu’est « Existence In Just A State Of Mind », ainsi que sur « Malicious Strain » où le chant de Lawrence – dont le retour s’inscrit lui aussi dans la logique de l’amélioration par le « changement dans la continuité » – s’approche parfois de celui de Joe Duplantier. Sur « In The Absence of Pain », puis plus tard sur « Existence In Just A State Of Mind », c’est carrément dans les pâturages du djent que le groupe emmène paitre ses décibels, l’intégration des influences Meshuggiennes se faisant d’autant plus facilement que tout cela se mélange au sein d’un morceau à l’approche par ailleurs très organique, combinant feeling thrash au fort parfum de Testament et refrain vraiment grand.

 

Et malgré l'interlude « Hate Repentance State » sans réelle valeur ajoutée, à partir du susnommé « In The Absence of Pain », la course repart à fond de train jusqu’au climax poignant mais musclé « Existence In Just A State Of Mind » sans que l’on ne sente poindre à nouveau ce sentiment de relative lassitude qui nous avait cueillis en début d’album. Sur la version digipack-deluxe-premium que vous aurez peut-être acquise si vous avez accumulé suffisamment de points Esso, vous aurez de plus droit à 2 bonus: un « Malicious Strain » sympa et – donc – une fois encore un peu Gojiresque, puis un « I, Author Of Despair » beaucoup plus dispensable en forme de titre à la Testament – encore, oui – franchement mou du genou.

 

Au final The Sinister Supremacy est un album en tous points conforme à nos attentes, recélant quelques morceaux vraiment excellents ainsi que quelques timides nouveautés parfaitement intégrées. Bon, on n’y trouvera pas de nouveaux  « Violence From Within », ni de prétendant au titre de successeur de « Secondary Effects ». Et, oui, c'est vrai: le mot « routine » osera en quelques occasions venir nous chatouiller là où ça agace. M’enfin le cru 2014 reste quand même un très bon Darkane. Donc parler de « suprématie », c'est pousser le bouchon-un-peu-loin-Maurice, mais parler de « sinistre » serait 100 fois plus à côté de la plaque. Allez hop: presque 8/10.

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: sur The Sinister Supremacy, Darkane fait du Darkane, et du très bon. Véloce, vindicatif, mélodique et technique, le thrash/death des suédois n’évolue que très peu – parfois on a d’ailleurs quelques petites sensations de déjà entendu – et de fait reste la valeur sûre que l’on connait et apprécie depuis maintenant 16 ans.

photo de Cglaume
le 12/06/2014

2 COMMENTAIRES

kensf2

kensf2 le 19/09/2014 à 10:59:49

(presque) totalement d'accord avec ta chronique. Je l'écoute tous les jours ou presque depuis que je l'ai et cela fait 2 mois. Une merveille !

cglaume

cglaume le 19/09/2014 à 12:09:58

J'avoue quand même préférer certains opus du passé... M'enfin le niveau reste à chaque fois au top !

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