Deicide - Legion

Chronique CD album (28:55)

chronique Deicide - Legion

Vent glacial sur la plaine. Bêêêlements plaintifs. Invectives pâteusement haineuses… Il est manifeste que la carte postale champêtre démarrant « Satan Spawn, The Caco-Daemon » est un hommage vibrant aux déboires des pauvres légionnaires qui, le caleçon en vrac sur les chevilles et le cervelet imbibé de mauvais rhum, peinent à honorer des chèvres a priori assez peu consentantes.

 

Non?

 

C'est sûr que dès que les choses sérieuses commencent et que Deicide ouvre enfin le feu, on n’a plus tellement envie de jouer les fanfarons. OK, ça ne rigolait déjà pas des masses sur Deicide, l’opus précédent, mais alors sur Legion, bon sang d'bois, on atteint des sommets de pas-rigolo-du-tout-itude, le groupe ayant encore gagné en cohésion, en efficacité et en impact. D’une musique de jeune démon déchaîné, les floridiens sont passés à une sorte de death-coup de fouet cinglant qui, d’un coup de mâchoire, vous arrache le bras gauche tandis que le droit se fait briser avec froideur et application à la barre à mine par une bande de brutes mafieuses sans état d'âme. Noirceur brûlante et démoniaque, ultra-violence glacée et sans pitié: telles sont les 2 mamelles du Deicide cuvée 1992.

 

De quoi être impressionné, oui.

Intimidé même, on est d'accord.

 

Pourtant la formule de base reste peu ou prou la même: des mid-tempos torturés et menaçants, des ambiances imposantes de noirceur haineuse, des textes à base de tirage de couettes chrétiennes et de croche-pattes satanistes… Mais les composantes de cette messe noire se retrouvent légèrement améliorées, notamment techniquement, et sans doute mieux assemblées. Le duo growl rocailleux / invectives acides est plus virulent que jamais, la basse de Glen – sans faire de véritables miracles – soutient les assauts bien plus efficacement qu’auparavant, et surtout les accélérations-éclairs et la grosse artillerie riffée sont plus impressionnantes que jamais, plus pointues, et soutenues par une rythmique qui, quand elle ne pratique pas le blitzkrieg beat, capitalise sur des petits contretemps et détours tortueux qui ajoutent à l’impression de malaise général.

 

Et bordel, qu'il est bon de se faire rougir le cuir ainsi! Dès « Satan Spawn, The Caco-Daemon », on se prend frontalement un tir de barrage aussi sec qu’impitoyable, puis on se retrouve à bas de monture, désarçonnés par une approche pleine d’habiles cahots rythmiques. Enfin on finit copieusement piétinés au son de rafales soufflant de noires et majestueuses mélodies… Et dire que ce premier titre est un hommage au fils de sieur Benton! Putain la tronche de la berceuse!? Bébé Daemon a dû mater plus souvent Chucky que Bob l’éponge lors de sa tumultueuse enfance... Suit l’encore plus tortueusement violent « Dead But Dreaming » – qui a fait les beaux jours du volume 2 de la compilation « Masters Of Brutality ». Et l’assaut va rester aussi méchamment soutenu tout du long de cette petite demi-heure, jusqu’aux 2 perles noires finales. « In Hell I Burn » d'abord, avec son démarrage de folie qui décapsule les scalps, son sprint sur gros matelas de basse, et sa séance de gymkhana punitif au cour duquel Glen nous répète inlassablement que le chauffage au bois d’Hadès n’a pas d’équivalent. Puis un « Revocate The Agitator » définitif qui rassemble les rares auditeurs survivants pour les exterminer à coup de salves d'une sulfateuse infernale. Quand résonne le dernier des furieux « Re-vo-ca-te The A-gi-ta-tor » aboyés dans le titre, on se retrouve abasourdis, exténués, chancelants au bord de l’abîme qui – merde, mais c’est pourtant vrai! – nous regarde elle aussi, avec un rictus mauvais qui en dit long!

 

Bon, on démystifiera quand même un poil la légende en disant que, malgré une meilleure intégration générale des soli au sein des morceaux, ceux-ci tombent encore trop souvent à côté de la plaque (cf. celui qui débarque bien trop tôt et trop longtemps au tout début de « Trifixion », ou encore celui qui se pointe à 1:40 sur « Behead The Prophet » alors qu’on ne lui a rien demandé et qu’il n’apporte rien d’autre qu’une baisse provisoire d’intensité et de rage). Pour pinailler, on pourra également regretter que « Trifixion » soit un peu moins focalisé que les autres morceaux (oui mais diable, quelle merveilleuse attaque en piquée à 0:58!!), que « Holy Deception » soit moins bien fourni en terme d’accroche pure, et qu’il faille attendre la moitié de « Repent To Die » (ce break à 2:15, maman!) avant que le morceau ne prenne tout à fait son envol... Mais bon, rien qui ne nous empêche sérieusement d’être damnés pour l’éternité.

 

Legion est donc un album plus compact, plus focalisé, plus technique que son prédécesseur – pourtant déjà bien équipé en la matière! –, mais qui ne cède pas une once de son aura maléfique. Bien au contraire, celle-ci se retrouve renforcée par une impression de violence frontale et sans pitié qui, alliée au charisme de son rusé de leader, contribuera à asseoir le groupe à la table du G8 des grandes puissances du death metal. Un classique impérissable autant qu'indiscutable.

 

 

La chronique, version courte:  un classique du death metal, haineux, violent et maléfique. 

photo de Cglaume
le 18/09/2011

2 COMMENTAIRES

Cobra Commander

Cobra Commander le 19/09/2011 à 09:31:14

Une monument du Metöl...
Et cette ambiance! Y a Satan dans ta chambre avec ce disque!!!

Dibos

Dibos le 01/10/2011 à 11:46:36

Superbe album, très nerveux, brutal & technique, le meilleur de DEICIDE !

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