Descend - Wither

Chronique CD album (56:36)

chronique Descend - Wither

L’un des moments sympas – bien que pas toujours évident – de l’écriture d’une chronique, c’est celui de la description du style pratiqué. Quand les groupes sortent un peu des grands silos stylistiques qui partitionnent notre musique chérie en autant de familles bien distinctes, l’exercice consistant à évoquer de la manière la plus fidèle possible plusieurs dizaines de minutes de musique en une poignée de mots tout au plus devient un véritable défi. D’autant plus excitant et « important », le défi, que l’information servira bien souvent aux lecteurs-zappeurs à décider si l’article est susceptible des les intéresser ou non.  

 

Avec Wither, 2e album des suédois de Descend, pas besoin de se faire des nœuds au cerveau: tout dans cette petite heure de musique, dans le sombre miel de cette pochette ainsi que dans la nationalité-même du groupe crie « death mélodique progressif ». Le fan d’Opeth est ici chez lui – je parle bien entendu du demi-dieu qui a régné sans partage sur la scène jusqu’à Deliverance hein, pas du hippie qui a commis Heritage –, mais une large place a également été ménagée aux fans de death mélodique couillu-et-pourtant-raffiné (Edge of Sanity, Disillusion) ainsi qu’aux amateurs de black/death mélancolico-épique. Morceaux à rallonge, interludes acoustiques (dont – un grand classique – le court morceau instrumental qui donne son nom à l’album), growls, shrieks et chant clair (pas tant que ça non plus…) entremêlés, leads flamboyantes, visions de tragédies grandioses et héroïques, mâles sanglots guitaristiques, rythmique implacable: les inconditionnels de l’exercice vont souiller du sous-vêtement au kilomètre. Parce que c’est intelligemment composé, ça respecte à 100% les codes du genre, et puis – tiens, pour le même prix – Jonathan, le batteur, s'avère être particulièrement généreux, le bougre faisant régulièrement démonstration de son savoir-faire (ceci dans l’optique de monter les compos d’un bon cran hein, et pas de bêtement jouer à « Coucou le voilà » pour montrer à quel point c'est lui qui a la plus grosse).

 

Sur Wither on nage donc dans un torrent fougueux au sein duquel on a quand même l’impression d’avoir déjà maintes fois trempé les orteils. Parfois – sur les 3 premiers morceaux notamment, grâce au riff délicieusement Disillusionesque qui enlumine « In Hours Of Despair », ou sur certains passages de « Diabolic » qui marient à merveille puissance, groove et rythmiques syncopées  la beauté du spectacle nous fait oublier ces impressions de déjà-vu. Mais sur les plus courts « Severence » et « Wither », comme sur les 12 minutes d’un « Sundown » conclusif trop long et trop plat (qui, à vrai dire, va même jusqu’à gâcher les bonnes impressions précédentes), le soufflé retombe, et de chaud-bouillant, on repasse à Thermostat 2 / réchauffage de bouillotte pour Mamie...

 

Déçus d’Opeth, amoureux des brûlantes sucreries suédoises et autres fiers vikings au cœur tendre, Wither vous apportera sans aucun doute de quoi faire frétiller votre petit cœur-de-rockeur-qui-n’a-jamais-suuu-te-dire-je-t’aiiiii-meuh. Si par contre vous ne concevez le death  progressif qu’aventureux, et le death mélodique que continuellement dévastateur, vous risquez de trouver que l’opus a le souffle un peu court. Essayez quand même « Confined By Evil », « In Hours Of Despair » et “Diabolic”: ce serait dommage de passer à côté de ces belles petites pépites!

 

PS: non, vous n’avez pas entendu parler de Wither sur Ouï FM, rien à voir avec ceux qui ont commis « Island In The Sun » …

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Opeth + Edge of Sanity période Crimson + un peu de Disillusion + des poussées death/black épique + … Pas beaucoup d’originalité. Mais un savoir-faire certain, si. A réserver aux amateurs du genre, tout en n'oubliant pas de jeter une oreille à  « In Hours Of Despair ».

photo de Cglaume
le 02/04/2014

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