Devin Townsend - The Retinal Circus

Chronique CD album (2:10:38)

chronique Devin Townsend - The Retinal Circus

C’est un fait qu’il serait vain de vouloir cacher: à chaque nouvelle sortie estampillée Devin Townsend, le chroniqueur qui vous cause actuellement dans le micro est aussi fébrile qu’un minot s'apprêtant à mater le dernier Pixar. OK, il arrive que la chose ne soit pas aussi fantastique que ce qui était attendu, mais à chaque fois que le contrat s’avère rempli, c’est le grand plongeon dans la béatitude la plus sucrée, c’est le gros shoot mystico-décibélique transcendant, c’est l’extase la plus grasse. En un mot: c’est Noël sur Main Street à Disneyland.

 

Pourquoi cette intro? Pour vous prévenir qu’avec The Retinal Circus, le grand Devin (loué soit son nom, ointe soit sa guitare par les onguents sacrés de l’Olympe) a encore réussi à nous proposer un nouveau voyage orgasmique dans cet univers à part où folie, extravagance, naïveté et puissance cyclopéenne ne font qu’un. Foi de lapin. En même temps, c’est vrai: ce coup-ci c’était presque trop facile. Car ce double-album n’est rien d’autre qu’un Best Of live enregistré lors d’un show s'apparentant à ces comédies musicales dont Broadway, le West End londonien et – de plus en plus, dans un registre pas forcément aussi sexy – Paris rafolent. Imaginez un cocktail constitué aux 3 quarts d’un fabuleux florilège de titres d’Epicloud, Infinity, Ziltoïd et Addicted utilisé comme bande-son d’une histoire (assez « légère ») contée par Steve Vai dans laquelle s’ébattent une bonne quinzaine de danseurs / chanteurs / saltimbanques costumés sous 3 écrans géants, le tout en compagnie d’Anneke Van Giersbergen, Jed Simon… et Devin. Comment voulez-vous obtenir autre chose que 2 grosses heures de frissons en mode « Charlie et la chocolaterie »-metal?

 

Tiens, profitons de cette respiration entre 2 paragraphes pour une petite mise au point: la présente chronique n’aborde que le contenu des 2 CD audio – causer d'un DVD étant (pour moi) aussi fastidieux et peu sexy que rédiger un live report… Et puis de toutes façons ce qui vous intéresse, c'est avant tout la musique, pas vrai?

 

25 titres, c’est la bagatelle que nous propose ici l’ambassadeur du metal canadien en terres européennes. Et ce long concert de confirmer ce dont on était de toute façon déjà persuadé: Epicloud est un monument jouant au coude-à-coude avec les plus grands albums du chauve chantant. Ainsi les inséparables « Effervescent » et « True North » qui ouvrent les hostilités, tout comme le coup de « Grace » final, sont tout particulièrement prodigues en frissons de plaisir. Mais n'ayez crainte: on vous épargnera la laborieuse description de l’enchaînement de ces titres que vous connaissez déjà – et dont l’impact live est monstrueux, pas de déception en vue à ce niveau – pour se concentrer sur quelques moments forts et autres singularités croustillantes. Dans cet esprit on évoquera le plus scintillant des colliers de perles de la soirée qui voit se succéder le « Life » de Ocean Machine – Biomech (sublime!), le « Kingdom » de Physicist / Epicloud (explosion terrassante d’endorphine), « Juular » (le summum de Deconstruction) et enfin le tube « Love? ». Oui: « Love? », car – on s’en doutait, mais on n’osait y croire – Devin fait une entorse rare à son régime musical en retournant par 2 fois visiter son passé SYLien. Jed Simon rejoint pour l’occasion la troupe lors de la 2nde moitié du spectacle, afin d’interpréter entre autre « Detox » (Rhââââ…) et le fameux hit extrait d’Alien. On en chialerait tiens – et c’est d’ailleurs ce que finira par faire Jed, le trop plein d’émotion méritant bien une petite larmichette.

 

Sur un plan moins purement musical, on appréciera l’enthousiasme inaltérable du grimaçant héros du jour (non, pas Ziltoïd: Devin!), ainsi que – pantalonnade parmi d’autres, mais plus croustillante que la moyenne – l’interruption du furieux « Planet smasher » par un appel Skype de Madame Ziltoïd, la matrone apprenant pour l’occasion à sa serpillère de mari qu’il va devenir papa. Cet épisode guignolesque permet l’inclusion heureuse de 3 très bons titres de Synchestra au programme: « Baby Song » – donc –, « Vampolka » et « Vampiria ». On appréciera par ailleurs la performance impeccable d’Anneke, royale sur des morceaux particulièrement casse-gueule comme le merveilleux « Soul Driven » (oui, on a perdu le « … Cadillac » au passage). A vrai dire tout ça frôle la perfection absolue. « Frôle » parce qu’au lieu du long et peu confortable « Planet of The Apes », d’un « The Greys » OK mais moins bandant que la moyenne, du sucré « Ih-Ah! » ou de la conclusion « Little Pig » un peu trop sage, on aurait accueilli avec plus d’enthousiasme « Earth Day » ou « Deep Peace » (Bordel, pourquoi cette impasse sur Terria?), le démentiel « Regulator » de Biomech, le « Namaste » de Physicist ou même le « Supercrush » d’Addicted. Là, j’ai réussi à râler un brin: on ne pourra pas dire que j’aurais uniformément loué St Devin comme le plus décérébré de ses disciples (… si?).

 

Non, n'insistez pas: je me refuse à faire figurer The Retinal Circus dans mon Top 10 2013. Pas que l’objet ne le mériterait pas amplement. Mais après tout, ce double album live est constitué de matériel pré-2013, et de fait il « n’apporte rien de nouveau ». Rien de plus qu’une putain de tranche de bonheur... Ce même bonheur chaleureux, profond et franc qu’on éprouve autour d’un pique-nique avec des potes sur une plage des Antilles, lors du partage d’une bonne bouteille en famille, après un premier rendez-vous qui s’est passé idéalement… Ou pendant une partie de jambes en l’air plus osée qu’à l’accoutumée. Enfin je vous le dis comme je le sens... Alors ne soyez pas sourds à l’hédonisme métallique prêché par Devin Townsend, et laissez-vous émerveiller par la magique exubérance de son Grand Cirque.

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courteThe Retinal Circus est un best of live débordant d’enthousiasme, un grand tour de manège qui tourne la tête tellement notre cortex reçoit de signaux positifs en quantité faramineuse. On tient là l’album qui, d’avance, enterre toutes les tentatives futures de faire un tout-bête-tout-plat « The Best Of Devin Townsend » sans touche de magie additionnelle. Rhââ Lovely!

photo de Cglaume
le 10/01/2014

7 COMMENTAIRES

el gep

el gep le 10/01/2014 à 21:27:48

Raaah j'me farcirais bien le DVD... Ça doit bien lutter contre la déprime. Je sais pas du tout (sans dèc?) comment est ce type dans la vraie vie, mais j'imagine que ça doit être un sacré gentil guignol, ahah!
Sinon, pour le disque, j'avais trouvé les narrations reloues et inutiles, mais bon, pas bien grave...

cglaume

cglaume le 11/01/2014 à 07:55:58

Les DVD valent vraiment le coup. J'ai passé une vraie soirée "Lapinou à Disneyland" quand je me suis enfilé les 2 d'une traite :)

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 12/01/2014 à 16:52:26

Moi quand j'étais minot c'était le dernier Dorcel qui me rendait fébrile. Tout se perd.

cglaume

cglaume le 12/01/2014 à 20:58:37

T'es un chaud lapin toi, c'est pour ça...

cglaume

cglaume le 12/01/2014 à 21:00:16

... euh, je voulais écrire: "un sopalin"

Jimmy Jazz

Jimmy Jazz le 20/01/2014 à 10:39:35

N'étant pas un grand amateur de live et étant particulièrement friand des arrangements d'orfèvre de Devin, l'achat de ce Compact Disc est-il recommandé ? J'ai peur que le live "appauvrisse" la richesse des titres studio...

cglaume

cglaume le 20/01/2014 à 10:50:02

Oh non, vas-y: le côté live refile des frissons d'une autre nature encore !

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