Die Krupps - The Machinists of Joy

Chronique CD album (60:42)

chronique Die Krupps - The Machinists of Joy

Bordel, le 1er album de Die Krupps date de 1981! Mitterrand arrivait au pouvoir, le Minitel sortait tout juste du domaine de la Science-Fiction pure, et les téléphones portables s’appelaient encore des talkie-walkies… J’avais 5 ans nom d’un p’tit bonhomme! Que les moins au jus d’entre vous ne s’y trompent donc pas: on ne cause pas ici d’une bande de jeunes purs sangs élevés au djent et à Gojira, ça non! Les vieux de la vieille, de leur côté, se remémoreront avec nostalgie le bon vieux temps de A Tribute To Metallica (EP sorti en 1992 et proposant des reprises indus de 5 titres des Four Horsemen) ainsi que des très bons II – The Final Option et III – Odyssey Of The Mind. Tout ça date quand même d’il y a une bonne vingtaine d’années crénom! Alors que nous vaut donc l’honneur de ce retour des dinosaures du metal indus germain? L’envie de mettre la main sur une part du gâteau accaparé par Rammstein et – dans une moindre mesure – Oomph!?

 

Si l’on y regarde de plus près, c’est depuis 1997 – et la sortie de son précédent album, Paradise Now – que l’on n’avait plus vraiment eu de nouvelles, le groupe ayant purement et simplement splitté. Puis, après la sortie des traditionnelles compilations destinées à prendre la température (...sans vaseline) des fans et de leur compte en banque, en 2012 le groupe revient avec Als wären wir für immer, EP qui a fait à peu près autant de bruit chez nous que la dernière biographie d’Henri Leconte au Nicaragua. M’enfin quelles que soient les raisons qui motivent le retour de ce vétérans parmi les vétérans, on ne peut que se confondre en louanges, alléluias reconnaissants et autres expressions de gratitude enflammées tant le contenu de The Machinists Of Joy est d’un niveau extrêmement élevé.

Ouais, carrément.

 

Pour être tout à fait honnête, on avertira quand même les fans d’E.B.M. et autres électro/indus freaks que le chroniqueur qui tient ici la plume n’est pas le plus grand spécialiste qui soit en la matière, et qu’il ne connait que quelques albums affiliés au genre parmi les œuvres les plus en vue de Ministry, NIN, Nerve, Punish Yourself, Front Line Assembly… Et Die Krupps. Alors rangez vos arbalètes, et relativisez le propos suivant (…qui, pourtant, vient du fin fond de ma cage thoracique): The Machinists Of Joy EST UNE PUTAIN DE BOMBE EXCELLENTISSIME! L'opus figurera d'ailleurs forcément dans mon Top 10 de fin d’année, croix de bois, croix de fer. C'est qu'il donne une putain d’envie d’aller se faire piercer les tétons, puis d’aller se déhancher torse-poil all-night-long sur ces 10 titres de folie dans la boite électro-goth la plus chaude du coin.

 

Oui, 10 titres, si si. D’ailleurs, tiens, profitons de ce pinaillage comptable pour attaquer le cœur de cette chronique par le petit bout merdeux de la lorgnette. Ça changera un peu. Sachez donc que – si l’on occulte « Nazis Auf Speed » et « Industrie-Mädchen », 2 sympathiques bonus qui prolongent agréablement l’expérience sans non plus apporter de twist final révolutionnaire à l’aventure – l’album se termine sur « Im Schatten Der Ringe », marshmallow love indus song qui reproduit une fois de plus le funeste syndrome de l’album dément qui finit en eau de boudin (1er cas recensé cette année: Energia!). D'où le 10 titres évoqué ci-dessus. Non mais qu’est-ce qui peut bien passer dans la tête de ces artistes pour conclure de telles décharges d’adrénaline musicale sur de pareilles douches froides mielleuses pleines de roucoulements poussifs? "Aaaargh!", si vous me passez l’expression.

 

N’empêche, maintenant qu’on s’est débarrassé de ce nécessaire « chapitre des réclamations », on peut enfin revenir au ton qui reflète véritablement nos sentiments vis-à-vis de cette délicieuse tartine de décibels. Alors notez: le 8e album de Die Krupps va transformer la fin 2013 en ein wunderbar E.B.M. fiesta qui va vous pousser à sortir la boule à facettes et à danser un jerk endiablé au son de la Zaturday Nacht Fever. C’est que cette galette se révèle aussi martialement teutonne (Ach, peaucoup te chant en Allll-lemand) et désincarnée qu’elle est dansante et festive. Comme si Rammstein avait injecté un gros feeling new wave 80s et des beats maousse costauds dans sa musique, histoire de faire zouker dans les bunkers. Sans compter que non content d’avoir composé 10 morceaux carrément bandants, le groupe s’offre le luxe de varier franchement les saveurs. Partant d’ambiances fiévreusement Punish Yourselfesques sur « Ein Blick Zurück Im Zorn », les allemands poursuivent ensuite sur l’énorme « Schmutzfabrik », aussi « électro/dance club » que tendu du string. Sur « Robo Sapiens », les lascars enfilent leur costume de Depeche Mode pour balancer un metal indus symphoniquement épique de toute beauté. Puis, après que « The Machinist Of Joy » nous ait prouvé qu’on peut faire à la fois dans la froide mécanique et l’accroche brûlante, « Essenbeck » se propose de densifier le propos tout en repassant à des dimensions plus épiques pour planter une atmosphère qui n’est pas sans rappeler le Blood And Gold de Nerve. C’est alors qu’on entame un retour à la fin du XXe siècle, avec tout d’abord un « Im Falschen Land » basé sur le meilleur des rythmiques d’Indochine & The Cure réunis, puis sur l’excellent « Part Of The Machine » qui n’en finit pas de recycler les bidibips les plus rétros au sein d’un putain de tube irrésistible. Le summum de la kitch attitude est néanmoins atteint sur « Eiskalter Engel », qui aurait pu être composé par un Etienne Daho tentant de réconcilier Leonard Cohen et A-Ha au sein d’un EBM soft et classieux. Top (Non, promis: je n’ai pas abusé des petites pilules qui font BOP! dans la tête…)!

 

Oui c’est vrai, tous ces morceaux pourront lasser les adeptes de compos complexes à la mode prog metal élitiste. Ce que Die Krupps propose, ce sont plutôt des titres homogènes et efficaces où les beats et les arrangements glitchesques varient de manière à faire doucement changer la couleur d’une trame mélodico-rythmique simple mais catchy. Mais c’est le genre qui veut ça: la seule ambition de The Machinists Of Joy est de faire onduler votre corps fiévreux au son de la Kross Bachine Teutonne, pas de pousser vos connaissances en solfège aux limites du mal de crâne. Et en la matière, on fait difficilement mieux. Alors drève te bafardaches inudiles: écoutez donc cette tuerie, et laissez le cyborg lascif qui sommeille en vous prendre le contrôle et vous entraîner dans une chorégraphie de poupée mécanique mais groovy.

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: The Machinists Of Joy ist ein vantastick gross teuf germano-EBMo-metal indus pleine de parfums retro, de beats irrésistibles et de vieux relents de batcave teutonne qui va réveiller le Tjohn Dravolda qui sommeille en vous. Wunderbar!

photo de Cglaume
le 19/11/2013

6 COMMENTAIRES

R.Savary

R.Savary le 19/11/2013 à 14:53:53

excellent la couv' pastiche du Metal Machine Music de Lou Reed !!!

cglaume

cglaume le 19/11/2013 à 16:36:25

Diantre mais il a raison ! (oui en même temps moi et la discographie de Lou Reed...)

R.Savary

R.Savary le 19/11/2013 à 16:48:12

!!! est-ce que dans le livret ou à l?arrière du CD ils reprennent la citation "big fuck you" du vieux Lou, à savoir : "My week beats you year" ?? (et oui L.Reed ce n'est pas que "Walk On The Wild Side!)

cglaume

cglaume le 19/11/2013 à 18:29:23

J'ai bien peur de n'avoir reçu qu'un promo digital de l'album. Je te le dirai quand je me l'achèterai :)

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 19/11/2013 à 23:25:54

Bon ça envoie du gros à la "Bloodsucker" ou pas ? Si je me rappelle bien ce titre... parce que moi j'aime bien les chauve-souris mais les caves, bof.

cglaume

cglaume le 20/11/2013 à 00:03:33

Ouaip, ça envoie du gros, gros !

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