Dragonforce - Inhuman Rampage

Chronique CD album (56:06)

chronique Dragonforce - Inhuman Rampage

Des CDs bradés pour 3 francs 6 sous (paie ton expression de vieux croûton!), des bacs regorgeant de trésors impatients de venir se nicher dans votre lecteur, des pochettes bien typiques du genre, des noms de groupes déjà croisés au détour de mags ou de webzines … On a tous acheté des albums improbables d’occase ou en solde. Core&Co profite de l’occasion (ouarf) pour vous livrer ses impressions sur des CDs qui n’auraient peut-être sinon jamais été chroniqués en ces lieux.

 

Je fais des découvertes grâce aux soldes – épisode 9

 

Non, la caricature la plus outrée, la plus mordante, la plus extrême de l’univers hyper codifié du heavy metal n’est pas issue du lupanar romain où sévit Nanowar. Il faudrait plutôt mettre celle-ci au crédit de la partouze sans frontière (on y trouve des ukrainiens, des anglais, des hongkongais, et des français) nommée Dragonforce. Rien que le nom déjà, sans déconner: pourquoi pas Power of the Mighty Sword pendant qu’on y est?

 

C’est vrai, le 2nd degré de l’entreprise n’est pas forcément perceptible à 1ere vue. C’est que non seulement nos amis n'arborent pas de gros nez rouges, non seulement ils ne nous proposent pas de nous enfoncer un gode of steel dans la rond’Hell, mais en plus ils défoncent tout techniquement – tout particulièrement Herman Li et Sam Totman, les maîtres bretteurs qui font de leurs guitares un usage atteignant des limites que l’on croyait réservées aux robots riffeurs de laboratoire.

 

Mais à ce niveau d’over-the-top attitude, il est difficile de croire que tout cela doive être pris au 1er degré. D’ailleurs vous qui avez lu des interviews de ces 5 zigotos, je suis sûr que vous devez pouvoir apporter de l’eau à mon moulin. Parce que chanter des « Ride the wind and fight the demon steel shining bright » ou des « Fighting hard fighting on for the steel » avec les tripes et la voix du frontman heavy-FM de salon, ça ne trompe personne. Parce que coller autant de mièvreries gluantes dans la ballade obligatoire « Trail of Broken Hearts » quand on a un tel niveau technique et une telle propension au sprint supraluminique, ça ne peut s’expliquer que par la malice du fan de coussin péteur. Parce que coller des breaks limite électro, du DJ-scratching lourdaud et des mini croassements beumeux en support des roucoulades de ZP Theart, c’est signer son forfait. Franchement...

 

Et parce que les vils chenapans insistent vraiment lourdement sur le fait que le heavy speed épico-symphonique à la Rhapsody / Blind Guardian / Stratovarius / Helloween & co, c’est toujours pareil. Non sans rire, désossez un peu les titres d’Inhuman Rampage et regardez ce qu’il vous reste dans les mains à la fin. Dans l’ordre:

1) une intro grandiloquente typée « Vous poussez les lourdes portes du palais de Pranxis III, le Terrifiant »

2) une cavalcade à bride abattue que même que sans Mirage 2000 tu peines à suivre le rythme, avec au sommet une 1ere démonstration de lead – en twin ou en solo – qui d’entrée bluffe le sceptique

3) une première plongée dans la guimauve avec couplet / pré-refrain qu’on croirait déjà le refrain / refrain encore plus « Vers l’infini et au-delà », tout cela étant chanté la main sur le cœur et le heaume relevé. Et ça repart pour une 2e salve, au cas où l’on n'aurait pas compris du premier coup

4) 2 minutes (au moins) de purs exploits guitaristiques où les tappings impossibles et les démonstrations twins s’enchaînent à un rythme qui nous ramène la mâchoire inférieure au niveau des orteils

5) un reprise de volée constituée au choix de Whou-oh-oh-oh hyper-putassiers repris avec ferveur par des chœurs de bisounours, ou d’une version ultra-engélifiée de la mélodie principale du morceau dont même Blessed By a Broken Heart ne voudrait pas, avant que tout cela ne reparte pour une 3e séance de couplet / pré-refrain / refrain.

 

Au final, bien évidemment, la Terre est sauvée, le guerrier s’en sort avec les honneurs et le cul de la princesse, et le dragon s’en est pris plein la gueule.

 

Honnêtement, rien que pour les exploits surhumains accomplis par Herman et Sam, cet album vaut largement le détour. Et puis ce côté too much est assez jouissif pour peu qu’on aime se vautrer dans la barbe-à-papa et l’Heroic Disney Fantasy. La difficulté réside surtout dans la côté répétitif de l’exercice, le chant tête-à-claques et l’épaisseur des couches d’un synthé parfois un peu trop étouffant. Bref, voilà un groupe et un 3e album avec le cul entre 2 chaises, qui bottera sans aucun doute les fans de Rhapsody of Fire, mais qui – à mon avis – se suffit à lui-même, en one shot. Parce qu’il est vrai que suite à l’écoute prolongée et répétitive de la chose, malgré l’impressionnant feu d’artifice auquel on assiste, on n'éprouve pas forcément un besoin irrépressible de se jeter sur Maximum Overload, le 6e album qui vient de sortir.

Après c’est vous qui voyez hein: on n’a pas tous la même résistance aux excès caloriques.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Inhuman Rampage, c’est du « Too much heavy speed » aussi boursouflé qu’affolant de technique, excessif, pied au plancher, 100% caricatural, mais avec un discret petit sourire en coin. Complètement jouissif pour les amateurs d’exploits guitaristiques, l’album reste quand même lourd à digérer, surtout si l’on adhère ni au synthé, ni au chant heavy ampoulé.

photo de Cglaume
le 19/10/2014

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