Electric Wizard - Time To Die

Chronique Vinyle 12" (01:05:23)

chronique Electric Wizard - Time To Die

Nous y sommes. Après avoir décliné les titres tous plus prophétiques les uns que les autres, inspirant toujours plus les messes noires et autres sabbats de sorciers, Electric Wizard annonce qu'il est temps de mourir. La question qui me vient naturellement à l'esprit est : "nous, ou eux ? Ou bien tout le monde ?" La réalisation de l'album ne manque pas moins de détails singuliers, dont le principal est le retour de Mark Greening, le batteur ayant joué dans la formation originale jusqu'à Let us prey, autrement dit le quatrième album du groupe, et 10 ans passé dans le trio, avant de partir dans l'aventure de Ramesses. Le plus étonnant est que ce même batteur est parti / a été viré (qui sait ?) du groupe trois mois avant la sortie même de cet album. Un retour éphémère qui ne manque pas de souligner l'instabilité du line up et l'incapacité à renouer avec le passé alors que c'était là l'effort voulu pour la sortie de cet album. Autre détail, le groupe a coupé les ponts avec son label de toujours, Rise above, pour produire et promouvoir par ses propres moyens cet album, de manière indépendante... Mais soutenu par une distribution de Spinefarm tout de même. Défi lancé, espérons pour eux que le succès suivra.


Le retour de Mark Greening à la batterie, fort attendu, ne manque donc pas d'attirer mon attention. Il est fort étonnant de constater qu'aucun pain, aucun manque de justesse ne se fasse remarquer ici, et pourtant c'est pas faute d'en trouver dans sa discographie. Tant mieux, diront certains. Autre chose, son jeu d'habitude si particulier ne manque pas ici de ressembler à celui de Shaun Rutter, et l'on voit que finalement le batteur n'est ici plus qu'un soldat du groupe, un très bon soldat, mais qui n'apporte plus sa personnalité d'autrefois. Le groove d'Electric Wizard a décidé d'être sautillant, déroulant les toms en cascade, et que ça tape dans les temps, surtout. Concernant l'apport de la batterie dans ce "Time to die", c'est un peu dommage vu le passé du Wizard de retrouver ici une version à peine différente des deux précédents albums, où le groupe s'était un tantinet fourvoyé... Après tout, que sont les erreurs de placement dans Dopethrone à côté de la magie de cet album ? On s'en foutait nous !
 

A point négatif, point positif : cela faisait longtemps que le son d'Electric Wizard n'avait pas été aussi sale, aussi nihiliste. Sincèrement, la matière sonore de cet album est, je trouve, une véritable réussite. Le son est acide comme jamais ("We love the dead", bordel), sans oublier de ramper dans les graves, le son de basse est puissant et abrasif, le tout a toujours ce côté seventies affirmé, le son de la batterie également, mais on y retrouve aussi une cohésion avec le son de Dopethrone, le côté "trop" sale en moins. Si finesse il y a ici, elle est clairement dans le mixage de l'album. L'ajout de l'orgue à l'intro et outro est également intéressant dans sa démarche.

A point positif, point négatif : les riffs. Ils sont pas mauvais en soi, mais là où We live les rendaient vivants, Time to die enlève les fait mourrir. Plus clairement, on est définitivement passé en dessous au niveau de la créativité de We Live. Si le morceau "I am nothing" est le plus sombre, exaltant et proche de Come my fanatics, le reste se rapproche bien plus de Witchcult today et ses ritournelles repompées. Les phrasés ne sont pas assez longs, pas assez développés, pas assez profonds pour percer en pertinence là où les 5 premiers albums du groupe avaient réussi à le faire (autrement dit, tout ce qui existe avant Witchcult today).

Il y a de quoi en avoir marre, alors que tout semblait présager là un retour à Dopethrone ! On a plutôt l'impression que c'est l'excellent mixage et le fait que Jus Oborn chante bien plus grave que de coutume, qui appuient ce retour, et non pas la composition. Le fait est que dans Electric Wizard on retrouve un peu toujours les mêmes choses, les mêmes intonations, cette morgue baveuse et ces histoires vaguement occultes de fin du monde, l'ambiance ne change pas vraiment, c'est plutôt son affirmation qui varie. Loin de demander un changement, la seule véritable chose que j'attends d'Electric Wizard, ce sont des riffs d'enculés, des riffs qui tournent tout seul dans notre tête et qui nous collent à la peau.

En conclusion, la face positive est le magnifique son qu'offre ce Time to die, et aussi l'aspect plus sombre qui est en soi un petit apport compte tenu des dernières productions du groupe. Du côté négatif, le fait de chanter plus grave n'est pas un gage de qualité pour moi, et ce manque de profondeur de la part des riffs fait furieusement défaut à un groupe dont c'est pourtant la BASE. Sans aller jusqu'à dire qu'il s'agit là d'un pétard mouillé, mon avis est que le véritable fond de la question n'a pas été abordé, les bons riffs manquent, et l'artifice du mixage ne suffit pas à redorer le blason d'Electric Wizard. Je retiendrais "I am nothing", "We love the dead" qui ont un certain charisme, ainsi que le dernier riff de "Lucifer's slave".

Achat ou pas achat ? Je ne sais vraiment pas. Il me faudra un peu de temps pour me décider.

photo de Carcinos
le 16/09/2014

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