Execration - Morbid Dimensions

Chronique CD album (1:00:29)

chronique Execration - Morbid Dimensions

Vous étiez là, tranquille, sur le canapé du salon, à faire un sudoku en sirotant un lait fraise, la chaîne lancée en mode Random sur les derniers promos reçus (… faites un effort d’imagination quoi: c’est le Web 2.0, l’interactivité ou presque!)... Quand tout à coup, BLAM (…putain ces bruitages de folie!): grande bourrasque de neige dans le salon, râles fantomatiques d’âmes torturées et échos lointains d’une agonie solitaire. Ah la vache: vous avez été pris dans un vortex spatio-temporel qui vous a ramené au début des années 90s, quand les frontières entre les sous-genres du metal extrême n’existaient pas ou peu, tout ce joyeux petit monde communiant à l’unisson dans la fange, les pentacles et les grottes oubliées au fond de forêts sans nom jouxtant des fjords éternels.

Putain mais qu’est-ce qu’il se passe? J’ai laissé ouverte la lucarne des toilettes ou c’est la voisine du dessus qui a ses ragnagnas?

Mais non garçon: c’est juste que tu viens de te manger un morceau de Morbid Dimensions, le nouvel et 3e album des norvégiens d’Execration.

 

Vous aurez sans doute compris que la musique de nos amis est de celles qui gèlent les miches, de celles qu’on évite de mettre pour la Zouk party annuelle de Grande Anse. Parce que les occultes païens responsables de ce riant voyage au pays du Grand Bouc des Neiges s’agitent au confluent du doom gadouilleux, du black épico-brumeux, du death cracra et du rétro punk/black/thrash, accouchant pour l'occasion de 9 morceaux old school Fenrizien dont la majorité dépasse les 7 minutes.

Bref, c’est pas pour les mickeys ça, mon lapin. D'ailleurs prends garde ou tu risques de te faire pincer très fort les doigts!

 

Parce que pour rentrer dans le trip, il faut ne pas être rebuté par les batteries toutes sèches qui blastent à dos de casserole dans de fougueuses et chaotiques poussées black. Il faut aimer les ambiances lugubres, pleines d’échos mortuaires et traversées par les visages livides de revenants pas hyper frais. Il faut savoir apprécier les langueurs comateuses d’un doom lancinant peinant à avancer un pied après l’autre dans 35 cm de neige. Il faut aimer son death metal à la fois plein de vieilles croutes sous les ongles – à la mode Chris Reifert – , occultement retors – comme du Morbid Angel old school –, et primitif – comme du vieux Celtic Frost. Des accointances avec les envolées mélodico-épiques d’un Dissection ainsi qu’avec les racines proto-punk/death de la scène swedeath constituent également un plus.

 

"Et maintenant, si on correspond au profil?"

Eh bien il y a du plus ainsi que du moins – le « plus » semblant rassembler plus de suffrages si l’on en croit l’assez bonne réception de l’opus par nos confrères. Et c’est vrai que les ambiances créées sont – pour certaines du moins – assez captivantes. Car on se plonge avec délice dans l’attente hypnotique et tumultueuse où nous invite le groupe à partir de 4:39 sur « Doppelgangers ». On agite joyeusement son épée en bois sur l’assaut de tagada-tagada metal épique qui démarre à 5:29 sur le morceau-titre. On se laisse étourdir par l’avancée écrasante et belle de « Tribulation Shackles ». On se vautre avec une satisfaction masochiste dans les stridulations maladives des twins qui fleurissent à 3:19 sur « Ancient Tongue ». Et puis on dira ce qu’on voudra, mais « Funeral Procession » constitue un final bien plus catchy que la moyenne des morceaux de l’opus. Qui plus est, malgré cette prod’ qui sent fort l’humidité poisseuse agglutinée sur la poussière de vieux murs de cave troglodyte, on entend bien la basse.

 

Sauf que longueurs, cassures fréquentes et pas toujours très logiques, plans vus et revus, inconfort, manque de cohésion... Et puis Vanhelgd vient de sortir un Relics of Sulphur Salvation qui, dans un créneau pas hyper éloigné, possède un impact bien plus direct’. En plus ça m’agace: je n’arrive pas à ne pas faire le parallèle entre le début de « Morbid Dimensions » et celui du « Sad But True » de qui vous savez. Et rebelote à 3:46 sur l’anémique « Miasmal Sabbath », où il est difficile de ne pas penser au « Cosmic Keys To My Creations & Times » d’Emperor.

 

Conclusion: oui, certes... Mais en fait, bah non, pas tant que ça. ‘v’voyez?

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Morbid Dimensions c’est le grand rendez-vous du doom ankylosant, du frostbitten black et du old school death cracra. Une louche d’Autopsy, une autre de Darkthrone période Soulside Journey, des passages proto-black/punk/death, des pentagrammes, de la neige, un esprit très beumeux-torse-nu-à-Megève, une photo sépia de la scène scandinave du début des 90s, et vous n’avez plus qu’à consommer bien frais, avec des glaçons.  

photo de Cglaume
le 13/11/2014

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