Fugu Dal Bronx - Ti Nedo To Xtro

Chronique CD album (15:43)

chronique Fugu Dal Bronx - Ti Nedo To Xtro

« Fuga Dal Bronx » est un nanar italien datant de 1983, et s'illustrant dans la catégorie "Mad Max urbain du pauvre". C'est l'archétype du navet sympathiquement kitch que certains fétichistes du cinéma de série B – voire plutôt Z – ne doivent pas manquer de faire figurer en bonne place au panthéon des films cu-cultes-la-praline, aux côtés de « Toxic Avenger » ou « Plan 9 From Outer Space ». Le genre d’incongruité jouissivement grotesque dont seul un mag’ comme Mad Movies saurait nous lister les qualités objectives avec autant de gourmandise que de malice.

 

Je « hors-sujette » dites-vous? Eh bien pas tant que ça, car figurez-vous que Fugu Dal Bronx – qui sort avec Ti Nedo To Xtro son tout premier EP – fait dans la musique instrumentale d’inspiration B.O.esque, et qu’il compte en ses rangs, au poste de guitariste, M. Rurik Sallé, plume autrefois active dans la presse metal, et dont la verve sert désormais la critique du cinéma de genre au sein du Mad Movies ci-avant évoqué.

 

Le nom aurait pu s’y prêter, le CV de Rurik également, mais non: Fugu Dal Bronx n’a pas opté pour le goregrind truffé de samples de films de Joe d’Amato et Brian Yuzna. Certes, on entend vrombir une guitare aux attributs indubitablement métalliques sur une grande partie de ce gros quart d’heure de musique, mais c’est au service d’un mélange de rock celtique à violon, de fusion à basse dodue et de [pop] rock gentiment métallisé[e]. Tout cela en mode instrumental donc (suivez: c'est écrit plus haut!), et dans un esprit « musique de film » – enfin c'est l'impression qu'il en ressort. Il ne s'agit pas ici de Hollywood Metal façon Rhapsody Of Fire, non, on est à 1000 lieues du peplum alignant des bataillons de figurants armés jusqu'aux dents. Le créneau de Fugu Dal Bronx, c'est plutôt la B.O. de film d’auteur, le genre qui illustrerait à merveille cette scène où Gwenaëlle, emmitouflée dans son grand pull irlandais, regarde tristement l’horizon du haut d’une falaise ouverte sur une épaisse et inquiétante voute nuageuse (sautera, sautera pas? Ecoutez « Dead March »). Ou du genre à accompagner Loïc, qui, plongé dans l’écrin vert-orangé d’une forêt automnale, suit un frêle cours d’eau courant sur un lit de pierre moussues (cf. « Musoo »).

 

Eh oui, il y a de la mélancolie sur Ti Nedo To Xtro, et pas qu’un peu.

 

...Mais pas que. C’est que « Twist The Knife » est beaucoup plus rock, plus sur la brèche, et qu’il offre un final pouvant évoquer les échanges basse-gratte d’un Infectious Grooves. Et puis attention, sur « No Limit! », le groupe dégaine carrément les grosses lames, le violon s’intégrant au morceau dans une approche un peu plus metal, plus Skyclad… ‘Voyez ce que je veux dire? « Insistation » joue également la carte de la tension métallique, la fusion juteuse refaisant son apparition en fin de morceau, pour un rendu cette fois plus proche de Living Colour. Bref, on est finalement assez loin du Depressive black-doom folkisant.

 

J’avoue quand même ne pas avoir trouvé en Ti Nedo To Xtro le nouveau skeud qui me verra, ivre d'enthousiasme, faire des sauts périlleux sur le canapé de mon salon. La faute à la part importante que le groupe accorde aux couleurs les plus sombres de la palette émotionnelle, à une espèce de vague à l’âme romantique, ainsi qu'à ces douceurs trop ouvertement non metal. La faute également à une certaine jeunesse, qui transparait dans le son – pur, clair, mais pas très volumineux (ce qui après tout n’est pas choquant au vu du style pratiqué) – et dans la simplicité de certaines parties (de batterie notamment).

 

Là, rien de bien méchant au fond. Les amateurs de rock / metal celtique et ambiancé devraient apprécier sans problème.

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courteTi Nedo To Xtro, c’est un quart d’heure de fraîcheur ambiancée, entre violon celtique, rock métallisé, fusion à basse rebondie et visions cinématographiques.

photo de Cglaume
le 01/11/2012

2 COMMENTAIRES

Donatien

Donatien le 01/11/2012 à 19:36:07

Une petite correction : si le violon est bien présent sur le disque, rien de particulièrement celtique par contre ! Juste du violon, aux couleurs variées.

cglaume

cglaume le 01/11/2012 à 20:52:39

C'est vrai: nulle trace de biniou, de korrigan ou de Tri-Yann ici. Mais cette mélancolie et ce violon, quand je ferme les yeux, ça me fait penser à la Bretagne...

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