Illdisposed - Sense the Darkness

Chronique CD album (45:31)

chronique Illdisposed - Sense the Darkness

Et un album de plus pour Illdisposed! Et un clou de plus enfoncé dans une solide réputation de groupe abonné depuis quelques années déjà aux premières places de la 2nde division! Alors certes, la magie et l’accroche des Submit, There’s Something Rotten… et 1-800 Vindication sont dorénavant un peu émoussées. Certes, beaucoup d’oreilles trouveront que le processus créatif est devenu quelque peu routinier (Jakob Batten restant le seul et unique membre à chevaucher la muse du groupe – si vous me passez l'expression). Certes, le supertanker danois n’a pas connu beaucoup de révisions techniques ces derniers temps (exception faite de l’arrivée de Smukke Ken à la 2nde guitare), et il continue sa route sans changer de cap, inamovible, insubmersible et insensible aux modes. D’où – outre l'étiquette « culte » depuis longtemps imprimée sur le dossard de nos amis – le côté « 2nde division » ci-dessus évoqué. Mais s’il ne brille plus par son originalité et le lustre d’albums référentiels, cela n’empêche pas le cuirassé Illdisposed de brasser hardiment tous les ingrédients qui font que l'on raffole de ce type de bon vieux death.

 

En même temps, soyons clair: celui qui tient les propos ci-dessus apprécie mille fois plus les marécages brumeux de Suède et l’opulence mélodique d’un Septicflesh que la tornade technique d’un Origin ou les vapeurs sulfureuses d’un Incantation. Vous ne serez donc pas étonnés d’apprendre – des fois que vous ne connaitriez pas encore les gaillards – que ce qui séduit dans la musique du groupe, c’est avant tout ce mélange parfait de tirs d’artillerie mid-tempo de très gros calibre, de mélodies directes, d’un groove viscéralement sismique et d’un growl caverneux servi dans sa graisse d’ours. Bref, avec Sense The Darkness (boudiou, 11e album déjà!), même topo qu’avec la plupart des opus précédents: à son écoute on visionne de puissantes divisions blindées à la Bolt Thrower lancées dans un assaut formidable… sur fond de musique disco. OK, là j’exagère un brin, mais ‘de dieu que ce death gras-du-bide donne envie de taper du pied! Et ces accès occasionnellement plus rock’n’roll (tiens, à 1:55 sur « She’s Undressed »  on pense au « Nepenthe » de Sentenced) ne font rien pour aller à l’encontre de cette tendance. Et cette fois pas besoin d’avoir recours aux néons flashy de l’électro pour nous donner envie de nous lancer dans une chorégraphie Saturday-Night-Mosher de gorille enthousiaste !

 

Mais passons plutôt à une revue détaillée des troupes en présence…

 

Le lever de rideau s’effectue sur « Sense The Darkness », morceau Illdisposedien pur jus, imposant, maîtrisé et mélodique: du pur metal scandinave, mais affublé de cuissots d’auroch. Profitant de ce que nos cavités auditives se trouvent alors moites et brûlantes, les danois y enfournent un impérieux « Eyes Popping Out » tout en groove et en puissance massive. Bon, les 2 titres qui suivent sont moins précis et n’atteignent pas forcément le cœur de la cible, mais on se repositionne rapidement derrière les commandes de la D.C.A. pour arroser tout ce qui bouge sur un « Stop Running » colossal, puis sur un « I Am Possessed » à large encolure qui fait mosher les hippopotames plus sûrement que les croco de « Fantasia ». « Too Blind To See » enchaîne sans perte d’énergie ni de qualité, puis passe le relais à un « The Poison » gras, revigorant et jouissif comme un shot  de Baileys à la liqueur de Nutella. « Another Kingdom Dead » (dont le riff, en effet, semble renvoyer à « Die Kingdom ») est un peu plus lourdement lesté – quoique son mouvement de balancier mammouthesque séduise –, mais « She’s Undressed » nous colle à nouveau un réacteur dans le train arrière. On regrettera simplement que « We Do This Alone » ne soit pas plus ébouriffant, m’enfin mieux vaut un digeo moyen après un bon repas que l’inverse hein!

 

Rien de neuf sur le front danois donc, c’est vrai. Toujours cette démarche imperturbable de tsunami cyclopéen s’apprêtant à ne faire qu'une bouchée de la grouillante fourmilière humaine offerte à lui. Les amateurs de gras en couches épaisses, de tuning à base de tourelles et de chenilles, et de « leads clairons » sonnant l’appel au combat béniront ces 11 nouvelles cartouches, même si les plus ambitieux rentreront la queue basse – la victoire finale n’étant toujours pas prévue au programme. M’enfin si le soldat Illdisposed n’a pas réalisé de faits d’armes d'anthologie depuis bien longtemps, ça ne l’empêche pas de se livrer cette fois encore à un bombardement systématique qui comble de joie la vieille carne que je suis. Vivement le 12e album!

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Sense The Darkness n’annonce ni révolution en marche, ni nouvel exploit militaire d’exception. Mais Illdisposed s’y montre toujours aussi imposant, toujours aussi habile pour manier d’une main le lance-roquettes, de l’autre la moissonneuse-batteuse-mosheuse, et de la dernière (Shiva lui, sa mère la pieuvre!) la mélodie qui tue. 

photo de Cglaume
le 11/11/2013

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