Insense - De:Evolution

Chronique CD album (41:09)

chronique Insense - De:Evolution

A priori la chronique de De:Evolution nécessite que l'on commence par une présentation en bonne et due forme des norvégiens d’Insense. Primo parce que je n’ai pas trouvé de calembour vaseux (Insense de l’humour? Insense interdit? Insense de Guerlain?) me permettant de démarrer par le genre d’intro décalée que vous trouvez lourdingue mais qui m’éclate (… et pis d’abord je fais c’que j’veux!). Et secundo parce que c’est pas comme si le groupe faisait la couv’ des Inrock’ ou d’Astrapi. Tu connaissais toi? Bon, il se trouve que moi, oui... Mais par pur hasard, parce que lors d'une vie antérieure le promo de leur 3e album, The Silent Epidemic – pas mal du tout au passage –, avait atterri dans mon lecteur. M’enfin malgré une nomination à l’équivalent norvégien des Grammy Awards (en 2012. Même que Shining leur a soufflé le trophée dans la catégorie Metal), je pense qu’on peut dire qu’en France, nos gaillards ont fait autant de bruit que mon petit dernier quand il pète dans son bain.

 

Insense donc. La notice technique incluse dans le carton nous apprend que le groupe a déjà 15 ans de gros son dans les bottes, 5 albums (en comptant le petit dernier), 2 membres s’agitant également chez Beaten To Death, et pas mal de concerts en très bonne compagnie – In Flames, Ghost, sans compter une tournée scandinave en 1ere partie de Devin Townsend pas plus tard qu’il n’y a pas longtemps. Et comme tout groupe norvégien qui se respecte, Insense joue un black metal mâtiné de… Comment? Non? Pas le moindre début de corpse paint au niveau du nombril? Insense pratique donc un proto-heavy-thrash cracra à la Venom dont Fenriz lui-même dit que… Pardon? Non plus? Pas un bout de bullet belt ou de ceinture à clous? Vous rigolez ou bien? Les mecs d’Insense seraient donc des demandeurs d'asile kirghizes réfugiés à Oslo? Comment expliquer sinon qu'ils soient aussi peu dans les clous de la production métallique nationale?

 

Bon, j’abuse un peu: les Norvégiens eux aussi savent s’illustrer dans les chemins de traverse musicaux. Non c'est vrai: Moron Police, Animal Alpha ou encore Frantic Bleep, c’est du poulet peut-être? Mais avec Insense on ne s’aventure tout de même pas aussi loin dans la singularité, hein. C’est juste que globalement, le groupe s’avère quand même moins dâââârk que ses compatriotes, et peut-être également plus « moderne ». Et de fait, De:Evolution est un savant mélange des guitares lourdement sismiques de Gojira (ha!), de la cyber-râpe à fromage de Meshuggah (yeah!), des vénèreries corement mélodiques estampillées « Jeunesse US » (oh?), ainsi que d’autres éléments – thrash/death mélodique, aérations Texturiennes, détours radio-friendly (« Some Holy Thing ») et autres plongées dans les profondeurs She Said Destroyennes. Pour être honnête, la perspective d'un micro principalement accaparé par un jeune tatoué dont les éructations sentent encore parfois le Choco BN, ça ne m’emballait pas plus que ça. Mais en vérité Tommy Hjelm a plus d’une corde à son arc vocal (en dehors de sa capacité à growlouiller, il réussit à singer D. Mustaine de manière tout à fait convaincante au début de « Sick Is The Will »), et le bougre sait y faire pour poser de belles lignes accrocheuses sur ce réseau dense de lourdes guitares, de basse sourdement barbelée, et – surtout – de batterie proactive et extrêmement dynamique qui évite habilement le créneau un peu facile du marteau-piqueur métronomique.

 

Le groupe a de plus l’intelligence de varier raisonnablement son propos, les 14 titres de courte durée permettant de pas mal se balader à travers le spectre des possibles métalliques. Ainsi, après un « Part I – Conception » au rythme hypnotique et lancinant, « Meandering » et ses accents metalcoro-gojiriens se veulent plus modérés. Après l’émo-ballade à piano « I Tried To Be », « Part II – Undoers Arise » nous emmène dans les grands fonds miniers d’un death moderne abyssal. Pour faire suite au trampoline djent revêche de « Lack of Progress », la belle mélodie épique de « Sick Is The Will » panse agréablement les plaies. Et puis la fraîcheur Townsendienne de « Part III – An Endless Series » repose les membres endoloris avant l’urgence de l’attaque quasi punk de « Procreational Ill ». C’est juste un peu dommage que tout cela finisse sur un « Part IV – Adoption » un peu trop roudoudou à mon goût – malgré l’arrivée finale de chœurs éthérés sympathiques.

 

En un mot comme Insense (ça y est, je le tiens mon jeu de mot bidon!), De:Evolution permet donc de passer un agréable moment à naviguer entre les genres les plus récents de la grande famille Metal, en grapillant au passage quelques bonnes mélodies de ci de là. Pas non plus de quoi chanter La Madelon en norvégien, à poil sur une table de la Fête de la Saucisse à Mézières en Gâtinais, mais on ne peut pas non plus exiger un From Mars To Sirius ou un Koloss tous les 4 matins!

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: De:Evolution c’est Gojira et Textures qui s’adonnent à un metalcore faisant preuve d'une certaine bienséance toute nordique. De bonnes mélodies, de bonnes idées, un bon moment... Et c’est déjà pas mal!

photo de Cglaume
le 10/07/2014

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