Jenx - Enuma Elish

Chronique CD album (47:56)

chronique Jenx - Enuma Elish

Le groupe a beau avoir déjà quasiment 10 ans dans les bottes, ce n'est que relativement récemment que Jenx a croisé ma route: c’est en effet à l’occasion de l'apparition de Xav, son chanteur, sur A Perfect Absolution (le dernier Gorod en date), que l’on a fait connaissance tous les deux. Avouez qu’il y a pire circonstances, même s’il est vrai qu'initialement, l’intrusion de ces vocaux éraillés à la mode « modern core » sur le grand cru bordelais n’était pas pour moi une source de franche béatitude… Avant cela par contre, à l’exception d’une pub avec Alice Sapritch (je sens que je vais faire un four avec cette pôv’ blague), le nom de Jenx m’était parfaitement inconnu, malgré un EP et un premier album intitulé Fuseless – pourtant chroniqué en ces lieux par ce cher Swarm. M'enfin vieux motard que j’aimais, comme disait la môme Piaf…

 

Un carnet d’adresses où figure Mat de Gorod, une sortie via la Klonosphere: tout ça s’annonçait donc sous les meilleurs auspices – pas ceux dans lesquels meurent nos ex-gloires, non: ceux sous lesquels naissent nos espoirs. Et en effet, avec Enuma Elish (putain d’anagramme: ’toujours pas réussi à le résoudre!), ces promesses sont bel et bien tenues, même si le bastion de nos girondins n’est ni le brutal death technico-prog, ni le pur modern djent-core. Non, le domaine d’excellence de nos amis, c’est le metal indus subtilement technoïde, entre un Fear Factory Meshugguisé et le dance floor cyber-apocalyptique de Sybreed... Plus des touches groove-cold-thrash, quelque-part entre Machine Head et Prong. Et plutôt que de nous proposer un mélange un peu maladroit et largement sous influence – travers que nous aurions considéré avec compréhension et clémence –, pensez-vous, le groupe ne joue pas les timorés et nous colle direct’ une grosse baffe, vlan!, à base d’une ‘zic aussi accrocheuse qu’inspirée. Tiens, constatez par vous-mêmes: des mélodies qui se greffent à votre carte-mère cérébrale? Check! Des rythmiques tranchantes qui lacèrent une brume vrombissante de bzoïng bzoïng électro? Check! La froideur cybernétique alliée à un groove chaleureusement croustillant? Check!

 

Loin des classiques albums-plutôt-bien-gaulés-avec-en-plus-un-titre-carrément-sympa – qui tombent régulièrement dans nos platines, nous procurent un peu de plaisir mais se retrouvent vite au fond d’un tiroir –, Enuma Elish a clairement ce petit truc en plus qui propulse le groupe dans la catégorie de ceux qui ont tout compris. Comment expliquer sinon le rythme soutenu auquel défile cette longue succession de friandises métalliques faite de refrains salement efficaces (« Chains of Laaaa-bor, Bring the Saaaa-vior, of Haaaaaa-te! », « … And they control your life, Just-between 6-and-8 Hertz! »), de soulèvements héroïques d’envergure (Aaargh, sur « Nibriu », à 1:53!!), de transe indus irrésistible (Mmmmh, le début de « The Loss ») et de mosh part épiquement caoutchouteuse (en plein milieu de « The Flood »)… Et histoire d’avoir du matos de folie pour finir d’électriser l’assistance lors de rappels d’anthologie, Jenx s’est de plus fendu de deux bons gros tubes qui réussissent l’exploit de surnager au milieu de ce matériel pourtant déjà drôlement juteux. Les deux hymnes en question s’appellent « Chains of Labor » – brillante alliance d'une dynamique mécanico-fonceuse à la Prong et de saccades à la découpe façon Fear Factory – et « Blood Obsession » – entre punk futuriste, indus dansant et rage metallique grandiose, à la Sybreed meets Killing Joke meets Klone. « Just re-a-liiiiiiiiize, we can puuuuull theeeem doo-oooooowwn! »… Aaargh, putain que c’est bon!

 

Bon certes, certes: « Rfid » a le souffle un peu court en comparaison (ce qui ne signifie pas qu’il est mauvais… D'autant qu'il dure moins de 2 minutes). Et puis on finit par se rendre compte que le groupe a manifestement quelques gènes hardcore au bout de sa chaîne ADN (cf. « Enuma Elish »): il vaudra donc mieux ne pas être totalement hostile à ce genre de chromosomes musicaux afin de bien profiter du voyage. Ok Ok… Eh bien vous tenez là les raisons du plafonnement relatif de la note attribuée à cet album. Avouez qu’il n’y a franchement pas de quoi fouetter un chat (de toutes façons on sait bien que vous n’avez pas besoin de nos encouragements pour vous adonner à des pratiques que le « Bulletin Annuel du Scoutisme Européen » réprouve, mmmmh, bande de petits canaillous va! ).

 

Vous êtes des déçus du Fear Factorysme? Bienvenu chez Jenx les copains: vous allez kiffer la déco! D’autant que le groupe est tout sauf un clone, son univers et ses influences s'étendant bien au-delà de cet horizon. Maintenant le rêve ce serait qu’à l’occasion de la sortie de son dernier album, Sybreed entreprenne une tournée européenne sur laquelle il embarquerait les bordelais pour assurer leur première partie… Ah ça oui, ça aurait de la gueule! (Flash info: c'est mal parti semblerait-il...)

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: en prenant le meilleur de Fear Factory et de Sybreed, dans une veine un poil plus modern/thrash/core, Jenx risque fort de réconcilier les fans de cyber metal avec leur platine laser…

photo de Cglaume
le 02/10/2012

7 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 05/10/2012 à 22:42:54

Sympa la tablette cul-nez-y-forme ( pardon j'ai pas résisté), normal en fait vu le titre de l'album.
Le clip est sympatosh et ça bastonne plus que Sybreed je trouve.
En plus Lapinou qui nous branche pas sur du Nawak Metal...

cglaume

cglaume le 06/10/2012 à 08:51:25

Le nawak quoi ? :)

Ukhan

Ukhan le 06/10/2012 à 09:11:20

Merci pour la découverte, Love Rabbit

cglaume

cglaume le 06/10/2012 à 11:30:25

Yapad'kwa, comme on dit en sanskrit :)

Tookie

Tookie le 06/10/2012 à 13:19:55

J'aime surtout ton sanskrit-ik ! Jenx est vraiment un excellent groupe, depuis ses débuts...Dommage qu'ils ne percent pas plus dans le paysage métal français (en tout cas dans le grand public) parce que chaque titre offre une jolie claque !

cglaume

cglaume le 06/10/2012 à 17:21:46

:)
J'avais hésité entre sanskrit et tamoul ... Je n'ose imaginer ce que tu aurais écrit dans ce cas...

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 06/10/2012 à 19:33:29

Ben le tamoul si c'est pas frais, on peut vite tomber malade.
(J'aurais pu faire pire !!)

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