Jesu - Jesu

Chronique CD album (01:14:29)

chronique Jesu - Jesu

Un an et demi après avoir mis un terme à Godflesh, dont il était le frontman, Justin Broadrick remet le couvert. Déjà dévoilé par un EP intitulé Heartache composé de 2 chansons de 20 minutes chacune, Jesu (Justin Broadrick donc) nous livre ici par l'intermédiaire d'Hydrahead Records son premier véritable album, au titre éponyme. Pas de revirement de style soudain - Justin ne s'est pas mis à la polka, rassurez-vous - j'en veux pour preuve les musiciens qui l'accompagnent sur cette galette: qui ne sont autres que ses anciens acolytes de Godflesh.

 

C'est un rouleau-compresseur sonore qui débute cet album: un mur de basse sur-saturée. Justin déroule ensuite ce qu'il sait faire, à savoir répéter des cycles indéfiniment en ajoutant un larsen par-ci, en posant sa voix par-là (oui j'ai bien dit « voix » et non pas hurlement bestial ou cri douloureux ou je sais pas quoi... il chante réellement le Justin), en ajoutant un petit riff de gratte ou un orgue comme « liant » à tout cet enchevêtrement instrumental. Avec « Friends Of Evil » on retourne aux sources godfleshiennes et à ce côté indus plutôt agressif et glauque qui ne transparaît pas vraiment sur « Your path to Divinity ». Mais, comme pour nous démontrer que la page est belle et bien tournée, Justin se remet à chanter le bougre et les riffs se font tout de suite plus mélodiques et colorés. Et « tired of me » ne contredit en rien cela: riff bien atmo malgré une basse bien lourde et une voix toujours aérienne; en pleine osmose avec un clavier et une gratte aux forts effets delay, tout comme la voix d'ailleurs- un peu comme savent très bien le faire les mecs d'Isis.

 

Encore et toujours cette basse gavée de gain (ah on n'efface pas son passé trop facilement non plus...) suivie de la voix (ou plutôt des voix) pour ce « We all faulter » qui est peut-être la chanson qui reste la plus facilement en tête (la plus courte aussi, 6:56 tout de même) de tout l'album; avec toujours cette pincée d'Isis dans les grattes étirées au « delay » - Mr Broadrick avouant d'ailleurs facilement qu'il est fan de la nouvelle génération portée par Hydrahead, dont ces derniers ainsi que Pelican font partie. Léger changement d'humeur pour « Walk on water », les mélodies sont plus sombres, la basse ainsi que la gratte au son plus gras sont plus présentes et la voix a perdu de son intonation optimiste. Le fantôme indus-glauque n'a donc pas fini de ronger Justin, qui risque de l'exsuder encore un moment par toutes ses pores, par le biais de ce genre de morceaux - en l'occurrence très réussis . En tout cas ces paroles entêtantes n'en finissent pas de squatter le cerveau de l'auditeur même le titre finit... « Sun Day » en deux mots, un titre aux allures de ballade enjouée pour un titre à la rythmique pachydermique (bah ouais on est chez hydrahead quoi) et à la contenance au goût de déjà vu par rapport aux titres précédents... Dommage.

 

« Man/Woman », le seul morceau où Broadrick daigne lacher des vocalises violentes et inquiétantes appuyées par un riff assez dur (toujours cette basse au son apocalyptique) et des sons moins harmonieux tirant plus vers le larsen opressant style aphex twin, et à la 6e minute nous voilà dans un passage bien indus et groovy avec ce même riff qui prend alors une autre dimension et Justin nous emmène par sa voix dans les tréfonds nébuleux de son âme. On termine avec « Guardian Angel » sur une note un peu plus atmosphérique avec le retour d'un chant posé et un riff (même si le son est aussi lourd qu'auparavant) plus mélodique, et même si la 2e moitié du morceau se compose de sons très bizarres, on est rassuré quant à la santé mentale du leader de Jesu.

photo de Mat(taw)
le 11/02/2005

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