Kampfar - Djevelmakt

Chronique CD album (47:31)

chronique Kampfar - Djevelmakt

Depuis sa formation il y a tout juste vingt ans, la carrière de Kampfar (un cri de guerre signifiant Odin ou Wotan en vieux Norrois) a eu des haut et des bas.

Acclamée (pour Fra Underverdenen ou Kvass) ou vilipendée (pour Heimgang et Mare), la chose de Dolk (chant) a toujours été à part dans la scène Pagan. Le timbre de voix de l'inquiétant blondinet est d'ailleurs reconnaissable entre tous et constitue une des marques de fabrique de la horde.

Se faisant les spécialistes des ambiance glaçantes, les membres de Kampfar ont souvent apporté beaucoup de soin aux atmosphères de leurs albums.

En effet, la violence de Kampfar ne s'exprime pas par une brutalité terrassante et lobotomisée mais plutôt par une menace lancinante, larvée.

 

Mare, le précédent album était un peu décevant pour un groupe de cette trempe. Il avait été réalisé sans Thomas, maître d'équipage et co-fondateur du combo, parti voguer sur d'autres flots, et avait plongé les fans dans le doute ou le sarcasme. Mare n'était pas mauvais mais semblait un peu tourner en roue libre sans moment mémorable. Trop mélodique, trop bien produit peut-être aussi, Mare avait perdu le souffle du blizzard qui caractérisait les sanguinaires Norvégiens au profit d'une bise tout juste rafraîchissante.

Djevelmakt (puissance du diable) était donc attendu de pied ferme par les Beumeux de tout poil, prompts à enterrer les idoles d'antan sans égard pour leur héritage.

 

Après une courte et lugubre intro au piano, "Mylder" devrait rapidement rassurer la masse prompt à hurler avec les loups. Lourde et martiale, la rythmique écrase tout, dominée par le chant de possédé de Dolk. Les blasts ne se font pas attendre, montrant un visage particulièrement vindicatif du groupe, à l'ancienne. La mélodie n'a pas disparu mais elle est devenue intimidante en perdant toute niaiserie. Le break au clavier, imitant une sorte de flûte inquiétante, ne fait que relancer la machine à broyer des casques. La construction du morceau est on ne peut plus classique mais imparable.

Nous voilà donc fort aise mais il reste à savoir si Kampfar va nous surprendre par la suite ou simplement capitaliser cette première bonne impression.

Toutefois attendre une surprise d'un album de Pagan, c'est comme espérer une balade sur un album de NYHC : un espoir voué à l'échec donc.

Je vais alors livrer mon impression générale sur la plaque plutôt qu'un fastidieux track by track qui conduira cette chronique à des longueurs rédhibitoires.

 

L'aspect qui domine sur Djevelmakt est la puissance des riffs majoritairement mid-tempos. Un tourbillon inexorable pas loin parfois d'un Primordial. Kampfar a composé une musique très cinématographique emprunte d'une fougue épique. En écoutant "De Dødes Fane", on voit ainsi avec effroi les géants du Jötunheim déferler sur Midgard, le monde des hommes. Une interprétation toute personnelle puisque je ne capte que de rares mots des idiomes nordiques.

En cela Kampfar se rapproche d'un Manegarm sans l'utilisation d' instruments traditionnels. Certains y verront peut-être une perte de personnalité. Je les détrompe fortement.

En effet, Kampfar évolue toujours dans une dimension bien plus sinistre que les Suédois. Nul trace ici d'espoir ni de lumière. De plus, Kampfar n’abuse pas des artifices propres à certains groupes de sa scène. Pour exemple, "Blod, Eder og Galle" possède bien de discrètes touches folk mais le morceau développe une férocité éclipsant ses autres aspects. L'intro de "Fortalespe" ou de "Our Hounds, Our Legion" évite aussi le pompeux, ne gardant que le ténébreux.

Avant de finir, un mot sur la belle pochette de la galette. C'est à l’origine un tableau peint par le Polonais Zdzisław Beksiński (1929-2005) et qui reflète parfaitement le contenu mythique de la plaque.

 

Avec Djevelmakt, les Norvégiens continuent leur périple parmi les figures les plus mornes et sauvages des légendes nordiques en ayant accouché d'un album redoutable par bien des aspects.

Gratulasjonen.

photo de Crom-Cruach
le 27/01/2014

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