Kultur Shock - Ministry of Kultur

Chronique CD album (49:45)

chronique Kultur Shock - Ministry of Kultur

Quand un groupe vous balance une grosse torgnole tout en vous ouvrant de nouvelles perspectives musicales, vous faites quoi vous? Eh bien après avoir farfouillé dans le passé discographique de ces vénérables prophètes, vous cherchez si des fois d’autres zigotos ne prêcheraient pas le même type de bonne parole. Logique. Enfin moi c'est ce que je fais perso. Parce qu’on ne sait jamais: on n’est jamais à l’abri d’une bonne surprise. C’est ainsi qu’après l’excellent Energia! des truculents Russkaja, votre très dévoué scribouillard a eu comme des envies de Balalaïka Metal cosmopolite et de Ska Slave couillu. Et dans ce genre de situations indémerdables – bah ouais quoi, essayez donc de taper « ska slave couillu » dans Google pour voir tiens – on est bien content d’avoir tout plein d’amis – virtuels là, du coup – qui en connaissent un rayon. Car c’est assez rapidement que ceux-ci me brandirent Ministry of Kultur et sa pochette très Borat-esque sous le nez. Et pour un bon conseil, c’était un nom de d'là de bon conseil!

 

Bon alors non, Kultur Shock n’est pas spécialement un groupe de ska, ni même un groupe foncièrement metal. Et puis non, ils ne sont pas austro-russes. Il n’est donc pas franchement question ici de frère-jumeau de Russkaja. En fait c’est beaucoup plus compliqué que ça. Jugez donc du joyeux bazar: le Choc Kulturel est constitué de Srđan Gino (Bosnie-Herzégovine) au chant, à la trompette et à la darbouka, de Val (Bulgarie) à la guitare et au chant, de Chris (USA) à la batterie, de Paris (USA) au violon et au chant, de Guy (Indonésie) à la basse et d'Amy (USA) à la clarinette, au saxo et au chant. Ce n’est d'ailleurs que du fait de cette légère prédominance américaine au sein du line-up que l’on trouve un Stars and Stripes sur la page du groupe, mais la vérité c’est qu’il aurait mieux valu y afficher un drapeau babylonien, ou une affiche de l'« Auberge Espagnole ». Côté musique, ça brasse tout aussi large, les éléments prédominants étant balkaniques, punk, orientaux, metal ainsi que celtico-folk. Oui oui, c'est bien ça: on nage ici en pleine partouze multiculturelle – et légèrement nawak, ce qui n’est pas pour me déplaire. Bref: c’est le panard!

 

Et nos gaillards (… et gaillardes) savent comment s'y prendre pour nous faire adhérer à vitesse grand V à leur trip. Ils démarrent par exemple l’album sur un « Choko ko ko » euphorisant empruntant à Acyl ses percus et ses chœurs alertes, à Georgij (Russkaja) son chant rocailleux plein de trémolos est-méditerranéens, et aux Barons of Tang cette aptitude à fusionner de multiples influences et instruments en une coulée musicale irrésistible. Sans parler du vernis joyeusement nawak qui colle aussi bien avec les univers des 2 derniers groupes cités qu’avec une lointaine parenté SystemOfADownienne. Sur « Mujo Kuje » et « Don’t Shoot Me ! » on reste dans le registre « Russkaja part en vacances en Anatolie », puis nos pérégrinations nous mènent jusqu’à « Tamni Vilajet » – que je proclame officiellement 2e gros tube de l’album:

 

« Che-yeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeenne !! »

 

Sauf que non, le cri poussé en début de morceau c’est « Dje jeeeeeeeeeee » – ce qui n’a rien à voir avec une tribu amérindienne, vous en conviendrez, mais qui veut sans doute dire quelque chose d’hyper intéressant en slovène. Dégageant un feeling beaucoup plus « celtique » (on croirait presque entendre une cornemuse derrière le violon) sur une base quand même bien metal, le morceau est incroyablement catchy. Ce qui permet de faire passer plus facilement les pilules « House of Labor » et – surtout – « Sheitan », beaucoup plus axées sur les trémolos et les sombres propos – sans non plus faire dans le moisi hein, je n’ai pas dit ça! D’autant que le 2e de ces titres a un petit je ne sais quoi de Skyclad par moments. Et comme le groupe nous lubrifie de plus l’œsophage avec le « Digidigi high digidigi low » complètement nawak de « High-Low », on ne risque clairement pas de s’étouffer sur ces 2 petits coups de mou.

 

Avant de nous quitter, Kultur Shock sort encore 2 cartes majeures de sa manche, en commençant par un « She Works In A Coal Mine » porté par une rythmique qui ratatame implacablement, de belles mélopées « ethniques » féminines et des chœurs généreux s'épanouissant en mâles La-La-Laï. Arrivent ensuite « Revolutionary Song » et son intro qui nous gravent dans le crâne une complainte mélancoliquement optimiste qui ne nous lâchera plus pendant de looooongs jours.

 

Bon, là ça y est: vous avez compris que ce Ministry of Kultur c’est de la bombe cosmopo-métallique à ne louper sous aucun prétexte. Allez donc vous laver fissa les oreilles à l'aide du player mis à votre disposition à la gauche de cette chro, pendant que de mon côté je m’en vais acquérir de ce pas les Kultura Diktatura et autres We Came To Take Your Jobs Away qui me font de l’œil depuis le fond de la généreuse discographie de ces drôles d'asticots. Ah et tiens, bonne nouvelle: le groupe – DIY par conviction – vient de réussir à financer son 9e opus via une fructueuse campagne de crowdfunding. On va donc bientôt avoir à vous recauser de ces joyeux lurons…

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: plus punk et méridional que Russkaja, Kultur Shock propose un rêve de brassage musico-culturel fructueux à cheval entre Balkans, grosses guitares, mélopées méditerranéennes et  risettes nawak. Je ne saurais vous dire si Ministry of Kultur est le meilleur de leurs albums, mais si ce n’est pas le cas – Nindidju! –, ça promet!

photo de Cglaume
le 16/06/2014

3 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 16/06/2014 à 12:30:02

Bon album en effet, varié et riche. Mais au niveau purement formelle, quid des jambes de la violoniste ?

Le Kobaïen

Le Kobaïen le 16/06/2014 à 12:45:21

Une belle chronique! Ca resume bien le melting pote (des potes qui se meltinguent?) Du bon son, plein de surprises.
Quand au jambes de la demoiselle, c'est ptetre sexy pour elle... Prochaine étape, un interview. C'est l'occasion de poser la question à la violoniste ;)

cglaume

cglaume le 16/06/2014 à 12:50:28

On attendra la sortie du petit prochain pour l'itw (... et les gambettes) ;)

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