Kylesa - Static Tensions

Chronique CD album (40:26)

chronique Kylesa - Static Tensions

Le metal et le punk, c’est une véritable histoire d’amour avec ses déclarations, ses ruptures, ses infidélités et ses crises familiales. Mais malgré tout, les punks et les metalleux sont souvent amenés à se parer des mêmes couleurs, à arborer les mêmes têtes de mort, voire les même amours d’enfance. Après il y aura toujours des metalleux purs et durs, ne jurant que par la très sainte double pédale. De même, il y aura toujours des punks, ivres de vins et de sing along. Je caricature à peine… si ? Bon, de toute manière les faits sont là.

 

Après je parlais avant tout d’histoires d’amour, de gens sensible, incapables de choisir leur camp parce que c’est bien cool d’avoir du gros son, des gros riffs, des cheveux longs et un grosse double pédale (voire deux), mais c’est pas trop mal non plus de beugler des gros refrains hardcore devant un parterre de patchs Neurosis, His Hero Is Gone ou encore Discharge. Oui, Kylesa, par exemple, en apparence, possède toute la panoplie du Crust moderne mais ne se limite musicalement pas un millième de seconde à cette scène. Parce qu’il faut être clair dès le début : Kylesa joue du gros metal qui tache.

Et même si les choix esthétiques du groupe l’ont mené dans les contrées du doom, du sludge, du hardcore et du punk, les ricains ont toujours privilégié une certaine approche frontale, directe et massive de leur musique. Eux même le disent y paraît. Alors, si les derniers albums se rapprochaient de plus en plus de l’énergie punk/hardcore primitive avec des compos simplifiées, des accélérations à peine contrôlées et trois chants de plus en plus rageurs c’était finalement peut-être pour noyer le poisson.

 

Parce que Static Tension, le petit dernier, s’il prolonge en effet ce mouvement, n’en demeure pas moins un formidable hommage au metal. Certes on retrouve toutes les caractéristiques du groupe avec ses chants possédés, ses accélérations, ces ralentissements extrêmes, ses riffs monumentaux et son abiance crust, mais le son ne trompe personne. Dès le premier riff s’accompagne l’impression bizarre d’écouter le dernier Ministry, et l’impression, si elle se dilue au fil de l’album, n’en demeure pas moins. Autre élément important et qui va dans ce sens, on entend enfin les deux batteurs : un qui tape les grosses rythmiques de front, et un petit second qui tapisse le tout de breaks et de blasts typiquement metal, plus en recul mais carrément audible cette fois (on pense ici à l’album précédent ou cette première utilisation de deux batteurs était somme toute assez discrète). De même pour les riffs, qui s’ils sont toujours reconnaissables de par leur simplicité et leur énergie, deviennent parfois plus tordus, plus complexes, s’accouplant à de véritables solos ou à des arrangements plus réfléchis, plus travaillés.

 

C’est finalement ça qui ressort de ce nouvel opus de Kylesa : le soin porté aux compos, à l’enregistrement, à la dynamique des morceaux, bref à toute cette science complexe qui régit l’enregistrement d’un bon album et qui échappe au punk moyen, plus pressé d’aligner les dates que d’enregistrer une œuvre durable. Et c’est finalement ce pas qui fera de Kylesa un groupe digne d’être attendu au tournant plein d’espoir.

Parce que ne nous y trompons pas, Static Tension est un album magistral en tout point : d’un coté on retrouve la recette de Kylesa, toujours aussi sexy (surpuissance, colère, effets psychédéliques assumés, etc.), mais d’un autre coté, on a enfin droit à un véritable album, mieux joué, mieux produit, mieux structuré, avec des compos qui se différencient bien les unes des autres. Le groupe va plus loin dans toutes les directions qu’il a prises par le passé : plus trippant, plus puisant, plus violent, plus mélodique.

 

Impératif absolu du disque une fois digéré : le réécouter ! Si l’on ajoute à ça l’excellentissime artwork de John Dyer (Baroness), impossible de ne pas tomber amoureux de ce disque et avec lui, de tous les punks, coreux, metalleux, lecteurs de Noise, fans de films d’horreur, anarchistes, vendeurs de bière, fabricants de double pédale de la Terre.

photo de Swarm
le 16/03/2009

8 COMMENTAIRES

Pidji

Pidji le 16/03/2009 à 10:45:43

Enorme album, tout simplement. Une des premières grosses claques de 2009 ! Vivement le Hellfest

mat(taw)

mat(taw) le 17/03/2009 à 14:08:24

j'ai hâte de l'écouter ce truc.

Tookie

Tookie le 18/03/2009 à 13:22:31

Enorme les percus! Je ne connaissais pas mais c'est un bon album qui sans être musicalement rock'n'roll en a l'état d'esprit !

Sixtus

Sixtus le 18/03/2009 à 22:01:48

Superbe chronique qui résume parfaitement mon sentiment vis à vis de ce disque !
Bien meilleur que le précedent, avec de vrais chansons, des riffs marquants, des ambiances, etc...
Très bonne surprise !

sepulturastaman

sepulturastaman le 10/07/2009 à 17:08:24

Sans doute l'un des cds de l'année pour ma part.

Jull

Jull le 02/04/2010 à 06:25:44

vivement juillet avec Converge!

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 19/11/2011 à 22:58:27

Meilleur que le dernier. Puissant et complexe même si Black cobra, à deux, les pulvérise au niveau puissance de feu

Vincent Bouvier

Vincent Bouvier le 03/09/2020 à 12:08:27

Ouais, ben il s'écoute toujours aussi bien, dix ans après...

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